Kingdom Crossing
Auteur(s): Marco Canetta, Stefania Niccolini
Illustrateur(s): David Sitbon
Editeur(s): Sorry we are french
Mécanisme(s): Déplacement d'ouvriers, Objectifs communs, Objectifs privés, Revenus
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SwatSh: 8/10
Quel bonheur que de retrouver les 2 auteurs et l’éditeur de Zhanguo The First Empire, un de nos favoris de de l’année passée, derrière les manettes de Kingdom Crossing qui sera présenté au prochain salon d’Essen.
Le royaume de Clairesource
Kingdom Crossing est un jeu expert qui frôle avec l’initié. Son thème, très original et un peu olé olé 😉 se reflète parfaitement dans les mécaniques. Le plateau représente le royaume de Clairesource séparé en différentes îles chacune reliées par des ponts. La Reine Castorina, dans le but de maintenir la paix entre les différents villages du royaume, effectue régulièrement le tour du royaume. Dans le but de satisfaire tout le monde, sans créer de jalousie ni de frustration, elle se doit de passer par tous les ponts de son royaume, une fois sur chaque pont, ni plus ni moins. Hors, lorsqu’on observe bien comment sont disposés les ponts du royaume, il est impossible de passer sur chacun d’entre eux une seule fois. Au moins un des ponts est inaccessible sauf si on décide de passer 2 fois sur le même pont, ce qui créerait beaucoup de jalousie vous en conviendrez 😉 La reine chargea alors ses conseillers les plus fidèles (nous les joueurs bien évidemment) de construire un huitième pont qui résoudrait alors les affaires. Mais attention, nous aussi nous devrons respecter la sacro-sainte règle de ne pouvoir passer qu’une seule fois sur chaque pont 😀

Les Pas

Un thème tordu donc mais qui s’applique parfaitement aux mécaniques du jeu. C’est un des défis centraux de Kingdom Crossing: passer par un maximum de ponts tout en arrivant dans toutes les îles qu’on désire. Le jeu se joue en 4 manches et à chacune, les joueuses vont jouer 4 de leurs 6 plaquettes d’action. Sur la majorité d’entre elles est indiqué un nombre de pas allant de 1 à 3. Quand on réalise une action de 3 pas par exemple, on doit poser un de ses jetons « pas » sur chacun des 3 ponts qu’on emprunte à condition qu’aucun de ces ponts ne contienne déjà de jeton « pas » à sa couleur. Et sur l’ile d’arrivée, on va pouvoir acquérir une des 2 cartes disponibles en payant son coût.
Pourquoi dès lors utiliser la plaquette 3 Pas et pas plutôt celles à 1 Pas, surtout que si on fait trop de Pas, on risque plus vite d’être bloqué et de s’interdire d’aller sur certaines îles, s’empêchant d’y prendre des cartes pouvant être intéressantes? Et bien parce qu’alors on va s’empêcher de gagner de nombreux points de victoire à chaque manche. En effet, si on réussit à placer ses 7 pas lors de chaque manche, on gagnera 28 points soit un quart des points de la partie en ne faisant que ça. Autant vous dire qu’on va tenter le défi à chaque manche!

Fabriquer le huitième pont
Le but du jeu est donc de fabriquer ce satané huitième pont. Et pour ça, il va falloir récolter les 4 ressources nécessaires à sa fabrication: le bois, la pierre, la sève et la nourriture. Ce sera grâce à l’achat des différentes cartes à chaque tour qu’on va pouvoir gagner ces différentes ressources. Le truc comique c’est qu’on va les accumuler sans devoir les dépenser. On ne va donc pas devoir gérer des ressources dans Kingdom Crossing (à l’exception de l’argent) mais on va devoir les accumuler, un peu comme sur une échelle qu’on grimpe sans en redescendre! A quoi elles servent alors? A gagner des PVs pardi! On les gagne grâce à un effet multiplicateur qui tiendra compte du nombre de chaque ressource, des étoiles accumulées le long de la même piste et du nombre de cartes acquises de la même couleur.
La stratégie du pont
Outre les cartes vous faisant gagner des ressources, d’autres cartes vous font gagner un revenu une ou plusieurs fois par manche. Certains revenus sont des PVs en fonction de certains éléments comme les cartes de certaines couleurs.
Une bonne stratégie est de bien optimiser tout ce petit monde: grimper dans la bonne ressource qui se cumule bien avec des cartes d’une couleur et boucler le tout avec une carte revenu en PVs qui soutien cette orientation. Ce n’est pas toujours facile à mettre en place car il faut tomber sur les bonnes cartes qui n’apparaissent pas toujours, mais quand ça marche, ça fait mal 🙂

Matos
Les pièces en bois imprimées sont de toute beauté et le reste du matériel est sympa. Même si les plateaux sont double couche, on aurait préféré triple couche car il n’est pas facile de glisser les cartes sous son plateau et il n’est pas rare de voir les joueuses soulever leur plateau pour y arriver avec tous les risques, l’inconfort et les erreurs de manipulation liés.

Les ponts de Clairesource
Dans Kingdom Crossing, on va donc accumuler les ressources sans les dépenser pour optimiser les PVs qu’ils génèrent en association aux cartes que vous aurez acquises. Vous allez également améliorer vos tuiles action pour gagner de meilleurs bonus quand vous les utilisez et acquérir des cartes revenus qui, non seulement vous apporteront des revenus à chaque tour mais vous feront gagner des PVs. Vous devrez également viser d’atteindre, avant vos adversaires, quelques objectifs communs et acquérir des contrats privés qui vous feront gagner des PVs supplémentaires.
Un eurogame bien complet donc. Même si on peut construire une certaine asymétrie en améliorant certaines de ses actions ou en gagnant des revenus différents, il lui manque des capacités asymétriques plus marquées pour en faire un eurogame plus expert. Il y a peu de construction de moteur dans le jeu, et un léger sentiment de répétitivité peut apparaître même si le jeu tourne vite. Le hasard est présent dans l’apparition des cartes et il n’est pas rare de voir un joueur pester s’il ne trouve pas la couleur de carte qu’il recherche parmi celles disponibles (pas de refresh possible). Le thème loufoque des ponts à ne traverser qu’une fois est bien ancré dans les mécaniques et c’est clairement ce qui distingue Kingdom Crossing des autres eurogames poids moyen. Le jeu est un vrai casse-tête à chaque manche où les joueurs vont devoir optimiser leurs déplacements pour pouvoir se déplacer un maximum de fois tout en s’arrêtant dans les îles qui correspondent à leur stratégie et avant que les adversaires ne leur prennent les cartes qu’ils visent. Il y a en soi 4 grandes stratégies dans le jeu, chacune correspondant à une ressource à optimiser même si « un peu de tout » peut marcher également. Kingdom Crossing est un jeu « expert-leger » qui est très plaisant à jouer et dont on a envie de refaire plusieurs parties pour s’améliorer.

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