Unconscious Mind

SwatSh : 10/10

La première chose qui saute aux yeux quand on joue à Unconscious Mind, c’est son élégance et sa qualité.  Il n’y a aucun doute, ses auteurs doivent être des personnes expérimentées.  Et c’est là la première grande surprise du jeu, à l’exception de Jonny Pac, 3 de ses 4 auteurs n’ont pas fait beaucoup de jeux et aucun parmi eux n’a vraiment fait parler de lui.  Jonny Pac a, quant à lui, un « pédigrée » plus qu’honorable avec, entre autre, La Baie des Marchands, Coloma, Sierra West,,…  Et une chose est sûre, son éditeur, Fantasia Games, a prouvé, avec Endless Winter, qu’il sait faire de bons jeux !

Unconscious Mind désarçonne dès le thème proposé :  nous sommes des psychanalystes, comparses de Freud, qui allons soigner des patients pas très bien dans leur peau grâce à l’interprétation de leurs rêves et à un test de Rorschach, apprendre de leur thérapie, en discuter autour d’un bon café pour avoir des idées lumineuses afin d’encore mieux soigner les patients suivants.  Voilà un thème qui sort des sentiers battus et qui nous a titillé dès le début même si certains éléments du jeu sont fort mécaniques.

Les mécanismes

Le jeu est quant à lui un jeu de gestion de ressources assez classique mais hyper bien construit autour de mécaniques, certes connues, mais également rarement imbriquées comme ici et saupoudrées d’idées novatrices.  La première chose qui plait dans Uncounscious Mind est sa fluidité.  Chacun joue à son tour jusque quand la fin du jeu a sonné.  Pas de manche, de phase et touti quanti, non, ici, je fais mon action (placer un ouvrier ou récupérer tous mes ouvriers) et c’est au suivant.  Enfin,… pas tout à fait.  Je fais mon action, qui me permet de faire 1 à 4 sous actions et chaque action ou sous-action me place devant des choix cornéliens !  Oui, le tour d’un joueur peut durer très longtemps surtout quand il ne prend pas le temps d’anticiper…

Le choix d’action se fait par une mécanique de placement d’ouvrières qui, en soi, est déjà un petit régal.  Le plateau de jeu propose 9 actions à réaliser et, pour en réaliser une, on doit poser un de ses 3 marqueurs (6 marqueurs quand on a réussi à tous les débloquer) sur une des cases adjacentes libres.  Ca fait un peu penser à un jeu de majorité sauf que, ouf, il n’en est rien 😃  Non, vous avez juste 2 contraintes à respecter : la case adjacente à l’action désirée doit être vide et vous ne pouvez pas avoir réalisé l’action dans un tour précédent (aucun autre de vos jetons parole ne peut pointer vers la même case action).  De plus, en fonction de l’endroit où vous placerez votre marqueur parole, vous allez gagner un nombre variable de tasses de café qui vont déplacer votre marqueur café en face d’une ou plusieurs sous-actions de votre plateau personnel.  Vous commencez la partie avec une seule sous-action et vous allez pouvoir, au fur et à mesure de l’avancée du jeu, vous construire jusqu’à 9 sous-actions spécifiques à vous seul.  Vous imaginez l’asymétrie que vous allez pouvoir construire ?  Les combos que vous allez pouvoir réaliser ?  La machine qui va monter en puissance ?  Franchement, j’ai rarement vu ça, peut-être dans quelques Lacerda, et encore…  Surtout que l’asymétrie ne s’arrête pas là, chaque patient soigné va vous apporter un pouvoir permanent qui accentuera cette asymétrie construite.

La gestion des ressources

Unconscious Mind étonne également dans sa gestion originale des ressources.  Chaque joueur dispose d’un cercle présentant 3 types de ressources.  Quand on en gagne une des 3, on place un jeton (en nombre limité, ça aussi il va falloir gérer) sur son quartier correspondant au centre du cercle.  Chacune de ces 3 ressources peut évoluer en une ressource plus raffinée.  Pour cela, on doit la faire monter sur le cercle d’étage en étage.  On a donc 9 ressources à disposition séparées en 3 catégories plus ou moins évoluées.  Cela fait un peu beaucoup de ressources mais finalement on s’y fait vite et une ressource évoluée peut toujours servir comme ressource de base.  On va donc s’amuser à gagner de nouvelles ressources et à les faire évoluer le long des différents arcs de cercle de son plateau personnel.  Encore une mécanique originale et qui tourne bien.

Toute cette gestion de ressource a un objectif principal : soigner les patients.  Chaque patient est accompagné de cartes rêve et d’une carte de test de Rorschach.  Chacune va avoir une exigence en ressources qui, une fois complétée, participera au soin du patient.  Et si ça ne suffit pas, les joueurs auront l’occasion de gagner des pilules qui termineront le travail 😊

Des objectifs communs (toujours les mêmes à chaque partie, on aurait aimé un peu plus de variété ici mais c’est surtout à l’avantage de son équilibre) ainsi que des contrats à remplir complètent le tout.

Unconscious Mind est notre claque ludique de cette fin d’année.  Et même si son iconographie n’est pas toujours top top (certains détails de règle sont vite oubliés) et s’il est enclin à l’analysis Paralysis (allez vous faire soigner 😊), c’est somme toute le prix à payer pour tout jeu proposant une réflexion intense et des choix multiples et cornéliens.  Le reste du jeu est en effet un pur bonheur ludique pour toute amatrice de jeux experts, avec des mécaniques novatrices de placement d’ouvrières et une construction asymétrique gigantesque offrant rien qu’à elle une pléthore de possibilités tactiques et stratégiques et de combos jubilatoires.  Le jeu permet aux joueuses de construire leurs propres chainages de sous-action ainsi que de pouvoir acquérir et bénéficier de capacités permanentes malgré leur nombre fort limité.  On sort d’une partie d’Unconscious Mind complètement conquis par son envergure et ses multiples possibilités stratégiques qui donnent envie de poursuivre la thérapie 😊