Altay : L’Aube de la Civilisation
Auteur(s): Ole Steiness, Paolo Mori
Illustrateur(s): Pauliina Hannuniemi
Editeur(s): Ares Games
Distributeur(s): Gigamic
Mécanisme(s): Asymétrie, Combat, Deckbuilding, Gestion de ressources
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Clem: 7,5/10
Avec Altay: L’Aube de la Civilisation, Paolo Mori, auteur déjà reconnu pour des titres comme Libertalia, et son comparse Ole Steiness, Champions of Midgard, nous proposent un jeu de civilisation avec pour thème un monde mythique dans lequel plusieurs peuples cohabitent : les Telluriens, les Elfes, les Peuples du Feu et les Petits Peuples. Malheureusement, l’arrivée d’étrangers porteurs de nouvelles connaissances et de techniques de guerre va tout bouleverser. À la tête de l’un de ces peuples, chaque joueur doit alors choisir comment tirer profit des savoirs et techniques nouvellement acquis : embrasser le progrès, renforcer son expansion, ou recourir aux armes pour imposer sa suprématie.
En termes de mécaniques de jeu, Altay mêle deck-building, développement technologique et contrôle de territoire. Comme il s’agit d’un jeu de civilisation principalement axé sur la conquête de territoires, on a une map au centre de la table divisée en régions. Chaque région correspond à un des 4 types de terrains. Cela fait de prime abord, fortement penser à Small World. En effet, chaque peuple joué par un joueur va se placer sur une région et les autres vont être occupé au début de la partie par des peuples autochtones qu’il va bien évidemment falloir chasser. Le comparatif s’arrête ensuite là car les actions sont gérées par les decks de chaque joueur qui sont asymétriques dès le début de la partie. Les cartes vont ainsi servir principalement à produire ou stocker des ressources, à construire des bâtiments (pour renforcer le contrôle de territoire) et également à lancer des attaques contre les territoires autochtones ou contre les autres joueurs.

Les ressources servent à acquérir d’autres cartes pour construire son deck et acquérir des cartes civilisations apportant des bonus instantanés ou permanents. On note un aspect de contrôle de deck assez intéressant car certaines cartes peuvent être posées sur la table afin de stocker des ressources ou de préparer des effets déclenchables plus tard, ajoutant ainsi une dimension de planification. Le développement technologique est un autre aspect marquant du jeu, puisqu’il offre la possibilité d’acquérir des effets permanents qui accentuent la sensation de progression. Enfin, comme chaque peuple dispose d’un deck de départ légèrement différent, cette asymétrie encourage les joueurs à explorer différentes stratégies pour la construction de leur deck.

Toutefois, malgré ces qualités, le jeu se révèle parfois déséquilibré dans sa dynamique. Ainsi, la conquête militaire occupe une place centrale, au point de devenir incontournable. Il est souvent nécessaire d’investir massivement dans le développement militaire pour espérer rester compétitif, ce qui peut peser sur la liberté stratégique. Cette prépondérance est encore accentuée par le système de scoring final, qui récompense fortement l’expansion et la domination militaire. Résultat : même les factions plus tournées vers le développement ou le progrès doivent se plier à la logique guerrière, au risque de subir la partie. Cette orientation tend à réduire à mon sens quelque peu à la rejouabilité.

Concernant le thème, bien que le cadre mythologique soit séduisant, il reste assez en retrait dans les sensations de jeu et n’offre pas vraiment une véritable immersion dans cet univers de l’aube de la civilisation. Les parties s’achèvent selon des conditions… La durée des parties peut donc être variable mais il me semble difficile de le réduire à moins d’1 heure. L’enchaînement des tours présente une bonne dynamique au début de la partie mais peut montrer une certaine répétitivité dans les actions, surtout lorsque la dynamique militaire domine.

Avec Altay, on se retrouve donc face à un jeu intermédiaire, relativement accessible dans ses mécaniques mais assez agressif dans le cadre de son interaction entre les joueurs, ce qui risque de ne pas convenir à tous les profils de joueurs.
Malgré tout, Altay conserve de réelles qualités : son système de deck-building enrichi, la montée en puissance liée aux technologies et l’asymétrie entre les peuples apportent du plaisir et une vraie dynamique de progression. Si l’on accepte son orientation résolument militaire et guerrière, il peut offrir des parties tendues et stratégiques. Mais pour les joueurs qui recherchent un développement plus pacifique ou une diversité de chemins vers la victoire, la place excessive donnée à la conquête risque d’être frustrante.

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