Dominant Species VF (+aide de jeu)
SwatSh: 8,5/10
Filosofia a eu l’excellente idée de franciser l’excellent Dominant Species et on les remercie pour ça. Je ne vais d’ailleurs pas revenir sur la description du jeu et mon ressenti de la version anglaise tant ils restent justes, mais vais plutôt m’attarder à cette version française ainsi qu’aux ressentis supplémentaires que j’ai eus après ces dernières parties.
Version Française
D’abord, Filosofia n’a pas eu beaucoup de boulot pour franciser le tout. Outre les règles bien entendus, ils ont juste dû traduire une vingtaine de cartes ainsi que quelques mots sur les tuiles et le plateau. Faut-il vraiment franciser ce type de jeu alors? Oui et re-oui! D’abord parce que les règles sont magnifiquement traduites et, contrairement malheureusement à d’autres traductions (Suburbia? 😉 ), ne laissent planer aucun doute. Et puis surtout, les actions sont plus claires, non pas grâce à leur nom qui reste mystérieux mais grâce à son aide de jeu qui permet de plus facilement s’y retrouver. J’ai beaucoup reproché à la version anglaise sa complexité inutile par l’aspect brumeux du plateau car les actions ne sont pas bien décrites dessus mais grâce à cette aide en français, ce reproche s’efface. Il reste néanmoins que le nom de certaines actions (Adaptation, Régression, Abondance, Déplétion, Spéciation) n’est pas clair en soi et qu’aucun élément sur le plateau ne rappelle ce que veut dire telle ou telle action. Pour un jeu de placement d’ouvriers où vous allez les placer en face du nom des actions, avouez que c’est un peu étrange. Heureusement, l’aide de jeu vous permettra de vous y retrouver, mais je reste persuadé que certaines icônes auraient pu permettre de s’y retrouver plus facilement.
Ressentis suite aux dernières parties
3 éléments m’ont le plus marqué lors de ces dernières parties:
1) L’originalité et la fraicheur de la mécanique
Enfin un jeu de placement d’ouvriers qui ne consiste pas à récolter des ressources pour les dépenser dans des outils qui permettront de les transformer en d’autres et à acheter d’autres trucs qui au final rapportent des PVs. Non, ici on va créer de nouvelles espèces, leur ajouter des gènes qui leur permettront de s’adapter aux différentes faunes et flores des terrains qu’ils occuperont, d’éviter qu’ils en perdent, ajouter de la faune et de la flore sur des tuiles permettant à vos espèces de survivre, éviter la désertification diminuant vos chances de survie, orienter l’étendue de la glace, tuer des espèces adverses,…
2) L’extrême maîtrise de tous les aspects du jeu.
En effet, très peu de choses vont se dérouler automatiquement et vous devrez agir sur tout les éléments du jeu: l’ordre des joueurs, quelles nouvelles tuiles, quelles nouvelles faunes ou flores vont arriver en jeu et où placer tout ça, quels gênes vos espèces vont-elles gagner ou perdre, quelle tuile va être couverte de glace, où et combien de nouvelles espèces vous allez placer sur le plateau ou quelles espèces adverses vous allez éliminer. Vous allez même décider vous mêmes si vous allez scorer des PVs et sur quelle tuile vous aller le faire. En effet, tous ces éléments sont sous votre maîtrise mais malheureusement pour vous, vous ne disposez pas d’assez de jetons action pour pouvoir tout faire, va falloir faire des choix cornéliens! 🙂
3) La toute grande puissance des cartes
Heureusement que ces cartes s’acquièrent sans hasard et que c’est le placement des jetons action qui détermine l’ordre des joueurs à se servir d’une carte mais ces cartes sont d’une puissance beaucoup trop forte à mon goût rendant cette action obligatoire et même un peu chaotique quand vous voyez un adversaire éliminer toutes vos espèces d’une tuile ou gagner 27 PVs alors que vous n’en avez gagné que 5 à ce tour-ci (5 PV, c’est déjà très bien!). La mécanique est pourtant très originale. Si vous placez un pion d’action sur une des cases domination, vous allez décider quelle tuile vous voulez scorer. Le nombre d’espèce (= de cubes) de chaque joueur sur cette tuile déterminera le nombre de PVs que vous gagnez par un jeu simple de majorité (celui qui en a le plus gagne autant,…). Vous aurez donc tendance à privilégier les tuiles où vous êtes majoritaire. Mais c’est sans compter la seconde mécanique, celle de la domination. La domination ne se détermine pas en nombre de cubes mais en concordance des gênes que possèdes chaque espèce avec la flore et la faune situés sur la tuile. Au plus vous aurez des éléments qui concordent, au plus vous serez dominant. Et le joueur dominant pourra choisir une des 5 cartes bonus posées face visible et l’exécuter immédiatement. Vous avez donc le choix entre choisir une tuile où vous êtes majoritaire pour gagner des PVs ou une tuile où vous êtes dominant pour gagner le bonus d’une carte. Le top étant bien entendu d’avoir les deux, ce qui est loin d’être évident. Mais ce choix est malheureusement faussé par la puissance de ces cartes qui obligent à choisir une tuile où on est dominant. Un petit « dommage » donc qui m’empêche de lui donner une cote supérieure.
Dominant Species reste un tout bon jeu, original, profond et permettant une grande maîtrise. Sa version française est indispensable pour les francophones tant l’aide de jeu apporte un plus en clarté que le jeu anglais n’apportait pas.
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Philrey212: 6,5/10
Toute première partie de Dominant Species. Très bonne première impression par son matériel et la clareté du plateau de jeu. Et enfin une aide de jeu (personnalisée, s’il vous plaît) qui rempli son rôle, très utile car on s’y plonge tout le temps pour se rappeler la différence entre Désertification, Abondance, Adaptation, Régression, Déplétion, Spéciation.
La mécanique est super bien foutue. C’est en effet un jeu de pose d’ouvrier classique. Seulement, suite à certaines actions, il faut re-vérifier la dominance des territoires impactés. Et cette dominance, et bien ce n’est pas la majorité d’espèce présente mais l’espèce qui se sent « au mieux » sur ce terrain. Cela est traduit par les gènes développées par les espèces par rapport à celle disponibles sur le terrain. La majorité d’espèce est elle utilisée pour le décompte des PV. Il y a donc 2 éléments importants qui s’imbriquent parfaitement et fonctionnent à merveille. Même si au début, ce n’est pas évident du tout à gérer et/ou à lire (on vérifie constamment le plateau par rapport aux autres joueurs).
Toute la réflexion du choix des (nombreuses) actions et ses implications rend le jeu un peu lent. Cela n’est pas trop gênant en soi puisqu’on peut quand même réfléchir pendant le tour des autres joueurs. Il n’empêche qu’il faut tout de même attendre son tour pour voir les actions encore disponibles et jouer en conséquence. De plus, l’imbrication, ou plutôt les relations entre certaines actions complexifient encore le choix. Tout cela est normal vu le gabarit de Dominant Species: loin d’être familial, entendons-nous 😉
Que des qualités donc. Pourquoi une note un peu basse? Et bien, avec une mécanique comme celle-là, pourquoi ajouter du hasard inutile? De l’opportunisme? Exemple dans notre partie, un joueur prend une carte disponible en début de tour et marque d’un seul coup 36 PV. Bonne chance pour le rattraper. Y avait-il d’autres cartes de la sorte? Et bien non. Le joueur blanc est donc bien resté loin devant. Il suffisait de prendre la place de premier joueur? Sauf que cela n’est pas possible si vous êtes dernier ou 3ème dans l’ordre du tour (en début de tour) car l’action ne permet que de monter d’une place. J’en conclu ici, qu’il est impératif d’être au 2 premières places afin d’avoir une chance de piquer les bonnes cartes!
La deuxième remarque sur la chance: les gènes qui apparaissent en début de tour sont tirés aléatoirement. Si les circonstances ne vous sont pas favorables, vous devrez dépenser une action afin d’éviter de perdre une gêne. Dans notre partie, lors du premier tour, les deux seules gênes dans la case de régression appartenaient à une de mes espèces et rien à mon adversaire. Alors, c’est clair qu’on ne perd pas la partie là-dessus mais c’est une part de hasard supplémentaire qu’on ne peut contrôler.
Entendons-nous, je n’ai rien contre un peu de hasard dans un jeu. Mais lorsqu’on développe une mécanique complexe où la relation entre les actions est importante, où on introduit 2 types de « décompte » différents (tout deux important: dominance et PV), pourquoi avoir opté pour des cartes aux pouvoirs disproportionnés, pourquoi cette part de hasard inutile? C’est cela qui me gêne le plus dans Dominant Species: un jeu bien lourd et complexe avec le hasard des cartes.
Je reste bien évidemment disponible pour une nouvelle partie. Ne fut-ce que pour corriger ma cote à la hausse. Mais c’est clair que j’accorderai beaucoup plus d’importance à l’ordre du tour.
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Vin d’jeu d’aide: Dominant Species VF Vindjeu 2
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