Mombasa
SwatSh: 9,5 /10
Quelle bonne idée a eu Gigamic de traduire les derniers jeux sortis de Pegasus. Après les excellents Clochemerle et Porta Nigra, Pegasus et Gigamic, pour leurs versions francophones, nous présentent l’excellentissime Mombasa. Un grand merci à ces deux éditeurs de combler les besoins stratégiques de joueurs comme nous 😀 ! Et ce n’est pas une parole en l’air. Dieu sait comme les jeux « familiaux » ou « moyens » marchent mieux que les jeux plus complexes et il est encore trop rare de voir de bons jeux, complexes, sortir en Français. On a pu d’ailleurs le remarquer récemment avec What’s Your Game qui n’a pas réussi à trouver un éditeur francophone pour traduire et distribuer leurs jeux en francophonie et qui a dû s’en charger lui-même. Et ce n’est pas la qualité de leurs dernières sorties (Zhanguo, notre Vin d’jeu d’l’année 2015, Signorie et Nippon) qui est mise en cause mais plutôt un marché encore trop petit. Non vraiment, big thanks à Gigamic, continuez ! 🙂
Alexander Pfister, l’auteur de Mombasa, n’est pas un inconnu puisqu’il a déjà sorti d’autres jeux, plus légers, comme le très bon Isle of Skye et l’excellent Port Royal.
Le thème
Mombasa nous plonge dans le thème du colonialisme Africain, thème qui peut en rebuter certains mais qui, moi, me parle bien. Même si certaines mécaniques sont assez abstraites, le plateau Africain ainsi que les différentes ressources (bananes, café et diamants) nous permettent de vivre le thème un minimum.
Le choix des actions
Mombasa propose une mécanique de choix d’action très originale et qui tourne à merveille. C’est clairement la première claque de Mombasa.
Les joueurs disposent de 9 cartes action et en jouent 3 à chaque tour. Ces 3 cartes action vont permettre aux joueurs de réaliser entre une et 3 actions différentes. Les cartes peuvent en effet se combiner entre elles et proposer une seule action mais plus puissante. Les 3 cartes d’action jouées sont placées sur 3 colonnes différentes en dessous du plateau personnel des joueurs. L’aspect très original c’est qu’après avoir réalisé les actions de leurs cartes, les joueurs doivent placer leurs cartes au-dessus de leur plateau personnel exactement dans la même colonne où elles ont été jouées. Une fois par tour, les joueurs peuvent récupérer une des colonnes de cartes action dans leur main. Ce jeu de cartes disponibles, indisponibles et récupérées impose une programmation réfléchie des joueurs et donne une saveur particulière à Mombasa.
Cerise sur le gâteau, on peut acquérir de nouvelles cartes action en cours de jeu. Ces actions sont de plus en plus puissantes et vont faire évoluer votre paquet de cartes action à l’image d’un jeu de deckbuilding comme l’excellent Concordia, votre Vin d’jeu d’l’année 2014.
La gestion des actions des 4 compagnies
Le second élément original de Mombasa est, à l’image de l’excellent Imperial, sa gestion des actions des 4 compagnies. Imperial n’est bien entendu pas le seul jeu à proposer une gestion d’actions de compagnies dans un jeu de société. Chicago Express et d’autres jeux de trains l’ont déjà proposé. L’originalité dans Mombasa est que personne ne contrôle les compagnies, il n’y a pas de joueur majoritaire ou un système équivalent. Tout le monde peut étendre les comptoirs de n’importe quelle compagnie. Et ce n’est pas innocent car étendre les compagnies en Afrique fait gagner des bonus intéressants aux joueurs. De plus, il n’y a pas un système d’achat de parts et de progression de la valeur de chaque parts déjà vu et revu dans d’autres jeux. Dans Mombasa, on va progresser sur des échelles de parts qui nous donneront une part lorsqu’on dépasse une certaine valeur sur cette échelle. De plus, ces échelles vont apporter d’autres bonus comme des ressources ou des cases actions bonus supplémentaires. Ces échelles sont extrêmement bien foutues car on a envie de s’étendre sur chacune des échelles tant les différents bonus sont intéressants tout en voulant se concentrer sur une échelle tant les bonus vont crescendo le long de chaque échelle. Mombasa est une merveille d’ingéniosité et d’équilibre ! L’équilibre entre les choix est tout simplement énorme !
Le placement d’ouvriers
A cette mécanique de cartes action et de parts de société vient s’imbriquer une mécanique de placement d’ouvriers pour des actions bonus qui vont augmenter vos choix de manière significative tout en apportant tension et course entre les joueurs car il est toujours très intéressant de réaliser toutes ses actions avant les autres : pouvoir choisir les meilleurs actions bonus, pouvoir acheter les meilleurs cartes actions,…
Les 2 pistes personnelles
Outre la gestion de l’argent qui s’avère indispensable pour acquérir les meilleurs actions et les meilleurs bonus, vous allez devoir gérer les 2 pistes de votre plateau personnel : la piste compte et la piste diamant qui vous apportent toutes deux de nombreux PVs et la possibilité, non négligeable, de jouer une voire 2 cartes action supplémentaires à chaque tour.
Conclusion
Ces différentes mécaniques originales nous apportent un jeu profond, équilibré, aux choix tendus et cornéliens. Mombasa réussit à marier un jeu assez simple dans ses règles et complexe dans ses choix. Sa variété est assurée par les actions des autres joueurs, les cartes action disponibles à l’achat, les pistes d’actions ainsi que d’autres éléments disposés au hasard en début de partie. L’interaction se situe au centre de la carte Africaine où on va se disputer les différents territoires à travers les actions des compagnies ainsi que dans le placement d’ouvriers pour les actions bonus et, ne l’oublions pas, la course aux parts des compagnies. Mombasa permet de nombreuses stratégies différentes axées, au choix, plutôt sur les diamants, les comptes, le nombre de cartes action, les parts dans différentes compagnies ou plus concentrées sur une compagnie ou l’autre.
Oh mom bassa ha ha ha, tou es le plus bôô des jeux de platôôôô 😀
Nouvelle partie
J’ai légèrement diminué ma note à 9,5 car 2 éléments m’ont moins plu lors de cette partie:
1) Certaines pistes d’actions peuvent être beaucoup plus intéressantes que d’autres et orientent trop vos choix. Par exemple, la piste qui donne la possibilité d’augmenter son marqueur action de 2 cases sur 2 ou 3 pistes. Par contre, le fait que tout le monde se rue dessus rend d’office la piste moins intéressante car tout le monde ne pourra pas autant profiter du pouvoir de la nouvelle case action libérée. Il n’empêche qu’il est dommage de ne pas avoir mieux équilibré les pouvoirs des différentes pistes pour rendre ces choix moins évidents.
2) C’est la seconde fois que le gagnant a eu une stratégie « diamants ». Est-ce que cette piste est indispensable à la victoire? Faut-il systématiquement contrer un joueur qui se lance dans cette stratégie? Je crains que oui et, qu’une nouvelle fois, les choix ne soient pas équilibrés à ce niveau là.
Il n’empêche qu’on a encore pris un plaisir énorme dans cette partie, à suivre ses mécaniques de planification originales et nombreuses et à prendre des choix qui, en général, sont difficiles.
Ce qui m’a particulièrement plu dans cette partie était de découvrir un déroulement de partie et un plateau complètement différents de mes autres parties. C’est la première fois qu’un joueur est arrivé au bout d’une des pistes d’action et il a manqué la victoire d’un cheveu (sans investir une Livre dans les diamants 😉 ). Il faut miser sur les bonnes compagnies et ne pas investir seul dans une compagnie au risque de voir le nombre de comptoirs de cette compagnie réduit à peau de chagrin. Et oui, dans Mombasa, vous allez devoir collaborer un minimum avec vos adversaires. Oh yeah 😉
Autre sortie d’Essen 2015, repérée mais sans plus. Et bien vraiment excellent! Mombasa est un jeu de programmation et de gestion. L’innovation vient dans la gestion des cartes. Voyez le plateau individuel (ici au-dessus). Les cartes en dessous du plateau sont les actions qui ont été programmées par le joueur. Celles au dessus sont les cartes jouées les tours précédents. A la fin de son tour, le joueur ne reprendra en main qu’une seule de ces piles. On a donc une programmation et une gestion de cartes en deux temps. En effet, avant de récupérer une carte, cela prendra deux tours. Vous comprendrez donc que l’erreur est fatale!
Un autre aspect bien apprécié: les actions des compagnies commerciales. Les valeurs fluctuent en fonction du nombre de comptoirs placés sur le plateau. De plus, chaque compagnie commerciale a une échelle sur laquelle les joueurs peuvent évoluer afin de glaner des avantages (par palier) et déterminer leur nombre d’actions (pas de carte ni de pions pour cela).
Encore une fois, comme dans beaucoup de jeu, l’ordre du tour est important ainsi qu’une bonne lecture des possibilités adverses. Ces deux éléments vous aideront à établir l’ordre dans lequel vous exécuterez vos actions.
Mombasa est donc une excellente surprise. et vu tous les commentaires sur la toile, il va devenir un « must have » pour tous les joueurs un peu plus confirmés!
Nouvelle partie
Toujours aussi bon. Attention quand même aux « grands penseurs » qui donneront une certaine lenteur au jeu. Mais il faut quand même réfléchir un peu pour ne pas se planter dans le choix des cartes et l’ordre des actions.
Pascal: 9,5/10
Après avoir entendu les commentaires sur le jeu, mon attente était grande. Il faut dire qu’au moins 2 éléments m’attirent dans Mombasa : le principe de gestion/programmation des cartes, et l’aspect colonisation/participation à des compagnies. Et je n’ai pas été déçu : le jeu est vraiment très bon !!
Tout s’enchaîne avec logique, et même si, de par son thème, on peut craindre la longueur et la complexité des règles, il est accessible et l’ensemble est assez intuitif. La rejouabilité est assurée par les 4 pistes sur les côtés su plateau de jeu recto-verso. Cela va clairement orienter vos choix et assurer une interaction forte entre les joueurs.
Dans notre partie, j’ai fait 2 erreurs qui ont été fatales. D’abord je me suis lancé seul pour investir dans la compagnie orange, alors que mes adversaires se sont aidés les uns les autres en se partageant les parts dans d’autres compagnies. Seul, les coûts sont trop importants, comparés aux retours que vous pouvez espérer (retour sur investissement trop faible).
Seconde erreur : je me suis concentré uniquement sur la piste des livres comptables. La progression est difficile, contraignante et demande trop d’effort pour avancer efficacement. La seule avancée sur cette piste semble vouée à l’échec. Il semble donc indispensable de combiner avec d’autres moyens de marquer des points. A vérifier lors des prochaines parties !
En résumé : que du bonheur. Super jeu qui s’impose dans le top de ces derniers mois !
Ren: 8,5/10
Très curieuse sensation après la découverte de ce Mombasa dont on parle tellement. Je ne vais pas détailler les mécanismes du jeu, étant très en retard par rapport à mes petits camarades je ne ferais que répéter ce que vous avez déjà lu. Je vais plutôt partager avec vous mon sentiment.
D’un côté nous avons clairement un jeu très solide. Du kubenbois de compétition, avec des règles en béton, plein de mécanismes connus (pistes de score personnelles, investissement dans des actions de compagnies « à la Imperial », placement d’ouvriers…) ou plus originaux (génial mécanisme de gestion de ses cartes actions, sur plusieurs tours) qui s’emboîtent à merveille, des choix cornéliens, de l’interaction (indirecte), et un grillage de neurones en règle pour essayer de faire le meilleur choix entre les multiples possibilités à chaque tour de jeu. Bref sur papier le rêve de tout gamer sérieux!
De l’autre j’ai eu une impression de trop plein, de « too much ». J’ai eu l’impression que le jeu était un empilement de plein de mécanismes différents (qui certes s’emboîtent bien, je répète), dans le seul but de réussir un exercice intellectuel: « vous avez vu les gars, je peux vous pondre un jeu qui reprend les mécanismes 1,2,6,17 et 23 (numéro complémentaire le 14). Si vous voulez la prochaine fois je vous fais un 4,9,11,18,22 (numéro complémentaire le 7) ». Sur papier tout est présent pour générer à tout moment des hormones du bonheur ludique. Mais à nager dans le bonheur on en finit par oublier qu’on est heureux! Ok je pousse un peu mais j’ai un peu eu cette sensation, « à quel jeu est-ce que je joue exactement? Qu’est-ce qui me donne du plaisir ici? Où dois-je regarder? Que fais-je? Où vais-je? Dieu existe-t-il? » Et ce n’est pas la complexité du jeu qui me rebute (ça ne me pose aucun souci de jouer à un jeu lourd et complexe) mais bien cette sensation bizarre de trop plein.
Au final clairement un très bon, excellent peut-être fantastique jeu, mais je n’ai pas eu le « waouw feeling » (peut-être en attendais-je trop aussi).
Tapimoket: 9,5/10
Mombasa m’avait fait de l’œil à Essen et j’avais déjà craqué sur la version anglaise de Pégasus. C’est avec grand plaisir que j’ai appris, lors du festival de Ludix, qu’il serait distribué en France… Il me restait plus qu’à déballer le jeu aussitôt.
Commençons par un matériel de fou qui ravit le pousseur de kubenbois que je suis. Il y a tellement de pièces qu’il faudra d’ailleurs prévoir un peu de temps à l’installation.
C’est certain Mombasa est un gros jeu de gestion, mais là où il se distingue, c’est d’abord par sa mécanique de, j’ai envie de dire, « deckbuilding » qui viendra vous torturer le cerveau pour avoir une vision stratégique sur plusieurs tours.
Mombasa apporte également une très grande interactivité entre les joueurs mêlant à la fois, j’ai envie de dire, « la conquête de territoires », au classique système de placement, de majorité et de pouvoirs des compagnies.
Mais ce n’est pas tout, le plateau individuel va lui aussi présenter tout un système d’objectifs à atteindre qui viendra interagir sur le reste du jeu et, notamment, sur l’augmentation de vos actions et l’élargissement de votre « deckbuilding », tout en apportant des points…
Bref, Mombasa, pour les joueurs experts, c’est du bonheur !
Thierry: 10/10
Phénoménal, j’ai adoré ce jeu aux allures assez classiques mais qui recèle en fait une multitude de mécanismes subtils et très équilibrés. Jeu de planification par excellence, il est muni d’un plateau très lumineux et très « ergonomique ». Très interactif dans ses choix étant donné la rareté de certaines actions et/ou cartes, ce jeu a l’art de vous faire oublier le temps tant on s’y implique (oups, il est 3 h du mat’ 😉 ). Pour ma part, Mombasa est parfait dans son genre et je n’attends rien de plus d’un jeu de société. À ne rater sous aucun prétexte.
Mombasa ayant reçu le prix du Vin d’jeu d’l’année 2016, nous avons remis le trophée du Vin d’jeu d’l’année 2016 aux équipes de Gigamic et d’Eggertspiele. En voici les photos:
Grand amateur de Vacqueyras, celui-ci m’a déçu.