Sankoré: La Fierté de Mansa Moussa

Note moyenne
9.5
(2 notes)
Mise en place: 45' - Règles: 50' - Partie: 180' - Meilleur score: 124
Année:
Auteur(s): ,
Illustrateur(s):
Editeur(s): ,
Mécanisme(s): ,
Catégorie: Expert
Age minimum: 14
Nombre de joueurs: de 1 à 4 joueurs
Nombre de joueurs conseillé: de , joueurs
Fabriqué en: Chine
Langue: Français
Note moyenne des lecteurs : pas encore de note !
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SwatSh: 9,5/10

Fabio Lupiano, l’auteur de Sankoré illustré magnifiquement par Ian O’Tool, est en grande forme ces derniers temps car, après avoir réalisé le génial Merv, il a aussi fait les récents et très bons Shakleton Base, Autobahn et 3 Ring Circus. Nous sommes très heureux de découvrir ce jeu en Français grâce à Super Meeple.

Dans Sankoré, on oublie vite le thème des études à l’université pour se concentrer sur ses mécaniques habilement imbriquées. Sankoré est un jeu de choix d’action. A son tour, on réalise 2 actions différentes et autant d’actions gratuites qu’on veut (Larcerda, sors de ce corps 😉 ). On tourne comme ça indéfiniment jusque quand la fin du jeu est annoncée.

Ce qui est un peu dommage dans Sankoré c’est que les actions ne sont pas équivalentes. Une action est clairement au-dessus du lot tandis que les autres sont beaucoup moins passionnantes et consistent essentiellement à prendre des ressources. A son tour, on doit réaliser deux actions différentes. On va généralement réaliser une action importante et on se retrouvera bien souvent un peu pataud avec la seconde action, ne sachant que faire. Ca donne un petit goût de frustration dont on se serait bien passé.

Mais l’action consistant à réaliser l’action d’une des tuiles de son tableau personnel est l’action centrale de Sankoré. Encore faut-il avoir choisi les bonnes tuiles action, ce qui est également une autre action intéressante du jeu car elle est immensément stratégique. C’est en choisissant les tuiles qui vont constituer votre tableau personnel que vous allez vous construire votre stratégie. L’action consistant à exécuter l’action d’une de ces tuiles est finalement que l’exécution de sa stratégie. Mais pas « que » tout de même car elle va comporter pas mal de choix de d’anticipation.

Cependant, même si ces actions vont demander pas mal d’anticipation et de stratégie, elles consisteront essentiellement, et simplement, à dépenser des ressources pour en gagner d’autres et à se positionner pour gagner des majorités et des bonus d’action. Ces majorités seront une source essentielle de ressource et de PVs.

Ce qui peut surprendre, voire déplaire, c’est la manière originale de gagner des PVs dans Sankoré. Vous allez gagner pas mal d’étoiles durant la partie et ce sont celles-ci qui vont vous faire gagner des PVs. Mais attention: des PVs conditionnels!!! En effet, il y a 4 couleurs d’étoiles dans le jeu et chacune correspond à une couleur de livre (une des ressources du jeu). Quand on dépense un livre, on le place sur une des 3 échelles étagères. A la fin du jeu, on regarde, pour chaque étagère, les deux couleurs de livre majoritaires. La plus grande rapportera 2 PVs par étoile et la seconde 1. Ainsi, chaque étoile pourrait, théoriquement, valoir jusque 6 PVs si sa couleur est la couleur majoritaire sur les 3 échelles. Ca va donner une dynamique assez unique au jeu où les joueurs voudront non seulement récolter le plus d’étoiles possible mais également dépenser le plus de livres des couleurs de leurs étoiles pour permettre à ces couleurs de valoir plus de PVs. Ca va apporter pas mal de tension et de compétition dans le jeu et vous ne serez jamais à l’abri de perdre une majorité et de voir pas mal de vos efforts réduits à peau de chagrin à cause d’un simple jeu de majorité. Les dents vont grincer!

Sankoré m’a fait aussi un peu penser à Feudum (de loin je l’admets mais un peu quand même) grâce à l’imbrication des différentes parties du plateau les unes dans les autres. Non seulement les ressources que l’on va gagner dans une partie serviront dans une autre mais également leurs éléments. En fonction des actions que feront les joueuses, elles pourront, en jouant dans une partie, influencer sur une autre. Même si tout ça revient essentiellement à gagner des majorités et à gérer des ressources, ces mécaniques sont extrêmement bien huilées. On peut néanmoins regretter que 2 des 4 parties sont assez essentielles par rapport aux 2 autres: la partie turquoise centrale apporte beaucoup trop de PVs pour oser ne pas s’y investir tandis que la partie orange à droite apporte tellement de bonus qu’il est très difficile de l’emporter sans y être passé un minimum. Les deux autres parties, les voyages bleus et la bibliothèque bordeaux, sont essentiellement des sources de ressources dont on se peut plus facilement se passer lorsqu’on réussit à trouver un moyen alternatif de les récolter.

Sankoré n’est pas parfait, il a des petits défauts qui en font finalement son charme. Mais outre ces petits défauts, on ne peut que saluer l’ingéniosité de ses mécaniques. L’imbrication de chaque partie dans les autres, le cercle vertueux des ressources, les multiples majorités qui apportent course et tension, les choix stratégiques fondamentaux, la constitution d’un arbre d’actions personnel et ses petites mécaniques originales en font un must qui serait dommage de rater tant il délecte les amateurs de belles mécaniques que nous sommes.

Nouvelles parties

En préparation au weekend de l’Expert Game Award, j’ai décidé de jouer plusieurs fois aux 4 finalistes afin de parfaire mon opinion sur les jeux sélectionnés.

Et après de nombreuses parties de Sankoré je ne puis que confirmer ma note de 9,5.  Ce jeu est d’une ingéniosité incroyable.  Tout se tient dans le jeu et tout est cohérent.  Les actions que je vais faire auront un impact ailleurs plus tard dans la partie.

Chaque partie est différente et on savoure chacune d’entre elles tant elles procurent du plaisir ludique.

Ce qui m’empêche de lui donner 10 est sa durée de vie limitée.  Après une dizaine de partie, on en a fait le tour.  Alors oui, une nouvelle partie apportera toujours quelque chose et principalement pas mal de plaisir mais, en soit, on enverra toujours nos étudiants suivre des cours de math, de droit, de théologie ou d’Astronomie.  Ce qui va changer c’est l’ordre et l’intensité de ces actions, mais ce sera toujours les mêmes.

L’envie d’y revenir est toujours là bien entendu (je ne lui ai pas mis 8,5 non plus 😉 faut pas exagérer 😃 ) mais moins que si sa variété aurait été plus importante. Après de nombreuses parties, Sankoré reste un tout grand cru de cette année ludique grâce à son ingéniosité et son originalité.  J’ai peu (voir pas) rencontré un jeu où les points de victoire (les étoiles) qu’on gagnait étaient variables.  Dans Sankoré, certains PVs valent plus que d’autres !!!  Autant bien jouer pour récolter les bons et si, par malheur, vous avez récolté les mauvais, ca fera mal au décompte final.  Ne négligez pas de les valoriser !  Et ça, c’est assez unique dans les jeux modernes.


Clem: 9,5/10

Dans Sankoré chaque joueur dirige une université matérialisée par un plateau de jeu personnel où on va proposer des cours de 4 spécialités différentes (représentés par 4 couleurs). On va ainsi recruter des étudiants qui vont présenter une appétence plus spécifique pour une des 4 spécialités. En effet, on trouve des étudiants des 4 mêmes couleurs que les spécialités.

Mes premières impressions concernant Sankoré sont excellentes. Peut-être est-ce parce qu’il me fait un peu penser à un « Lacerda ». Je trouve une petite ressemblance dans les mécaniques avec le caractère circulaire des actions imbriquées les unes aux autres et via les ressources dont un type est gagné pour une action et dépensé pour la suivante. Mais je ressens également un petit parfum de « Lacerda » dans le niveau de difficulté. En effet, Sankoré est un euro de bon niveau et en termes de mécaniques c’est du costaud avec une bonne profondeur de jeu. Il présente une belle  courbe de progression et il est difficile de le maîtriser dès la première partie. Beaucoup de paramètres sont à prendre en compte dans  la planification des actions et la construction de son plateau personnel de cours. D’ailleurs, mon avis n’aurait pas été le même si je l’avais écrit après ma première partie. En effet, je trouve qu’il n’est pas exempt de petits déséquilibres et face à des joueuses/joueurs qui le connaissent bien, les parties peuvent vite tourner à la boucherie… Rien de tel pour dégoûter des joueurs pas forcément dans le trip de gros euros bien compétitifs où il faut être au taquet du début à la fin ;-).

Ceci étant dit, je trouve que Sankoré est bourré de bonnes choses. J’ai particulièrement bien aimé la construction au fur et à mesure de la partie de son plateau personnel avec une offre de cours qui se réduit (4 au 1er niveau, 3 au 2ème niveau, puis 2 au 3ème niveau et enfin 1 seul au 4ème niveau) mais qui gagne en qualité et en puissance. En effet, il va falloir se spécialiser car chaque type de cours (4 au total je rappelle) correspond à un type d’action matérialisée par une zone sur le plateau central (voyages, théologie, justice et maths). Et comme toujours, on ne peut pas tout faire, on va donc se spécialiser sur 1 ou 2 actions, même s’il faut quand même faire un peu de tout au final ;-). La spécialisation des actions est intimement liée à la construction d’une bibliothèque au fur et à mesure de la partie. C’est à mon sens un des éléments fondamental du jeu. Des livres (4 types comme les cours) sont dépensés pour réaliser différentes actions et sont alors placés dans la bibliothèque qui contient 3 lignes. A la fin de la partie, pour chaque ligne, la couleur majoritaire de livres reçoit 2 pts et la seconde 1 pt. Il faut ainsi construire cette bibliothèque pour que les livres correspondant aux actions dans lesquelles on se spécialise et où on fera à priori le plus de points correspondent. Il y a donc pas mal d’opportunisme dans Sankoré et il faut tout au long de la partie être attentif à la bibliothèque et s’orienter vers la couleur qui rapportera le plus de points en fin de partie. Ainsi, chaque couleur de livres se verra attribuer un nombre de points entre 0 (la bonne grosse lose) et 6 (le top du top). En général, si les joueurs ont été vigilants on est entre 2 et 3 pts pour chaque couleur. Ces points sont ensuite multipliés par le nombre de pions prestiges glanés en cours et en fin de partie notamment liés aux actions menées avec une petite exception pour la zone des maths mais j’y reviendrai un peu plus loin.

Ce qui est également très intéressant dans Sankoré c’est qu’on possède de nombreux emplacements pour les pions prestiges au début de la partie mais ces derniers vont fondre comme neige au soleil lorsqu’on prend des bonus… Et on est souvent fortement tenté de prendre des bonus (cours, ressources, livres, etc.) surtout que les gains sont de plus en plus intéressants avec l’avancement d’une piste au fur et à mesure de la partie. Malheureusement en contrepartie de l’attribution d’un bonus on se voit sucrer 2 emplacements de  pions de prestige… Et ça ! Après avoir succombé à la tentation plusieurs fois ça fait mal. Heureusement, il y a moyen de renoncer à gagner des bonus pour récupérer 2 emplacements… Ouf !! On le sait pourtant que la gourmandise est un vilain défaut ;-). Heureusement, certains points de prestige gagnés n’ont pas besoin d’être stocké sur le plateau joueur (les bienheureux).

Nénamoins, comme je l’ai dit précédemment Sankoré n’est pas exempt de petits défauts. J’ai moins aimé les cartes objectifs qui n’apportent pas toujours  des effets très intéressants compte tenu de l’effort fourni pour les poser. D’autre part, le module maths est très puissant par rapport aux autres zones d’actions et malheur à celui qui le néglige pendant la partie car lors du décompte final, il permet de récupérer énormément de jetons de prestige.

Malgré ces petits défauts et déséquilibres, Sankoré offre une très bonne interaction entre les joueurs. La durée de jeu est raisonnable (2h à 3 joueurs). Le jeu est très coloré et je trouve le design très sympa. Je trouve également la thématique relativement bien rendue.
Bref, même s’il n’est pas parfait, Sankoré est un très bon euro bien costaud comme je les aime.

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