Stupor Mundi
Auteur(s): Nestore Mangone
Illustrateur(s): Maciej Janik
Editeur(s): Quined Games
Mécanisme(s): Deckbuilding, Déplacement d'ouvriers, Echelles
Contient du plastique
Soumettre votre avis | |


SwatSh: 8,5/10
Après avoir sorti l’exceptionnel Carnegie (Vin d’jeu d’l’année 2022), on attendait la prochaine sortie de Quined Games avec une certaine impatience. Et bien voilà qu’ils décident de sortir Stupor Mundi de Nestore Mangone, rien de moins que le co-auteur de notre Vin d’jeu d’l’année 2023: Darwin’s Journey (mais pas que, co-auteur aussi de Newton et Autobahn). Alors? Stupor Mundi, une équipe gagnante? 😉
Frédéric II
Dans Stupor Mundi, nous sommes les vassaux de Frédéric II, l’empereur du Saint Empire. Nos PVs représentent l’influence qu’on aura eue en cours de partie sur le que Frédéric possède (ou pas). En effet, Frédéric II est un peu un joueur comme nous. Il possède, tout comme nous, son propre château et ses propres ressources. Nous allons donc construire et améliorer non seulement notre propre château mais également celui de Frédéric II.
Structure de l’étonnement du monde
Chacun joue à son tour dans Stupor Mundi (l’étonnement du monde) et son tour commence toujours par la possibilité de déplacer son navire sur le plateau pentagonal en payant une pièce par ville atteinte. Ce placement est important car il donne accès aux tuiles et cartes où on se situe lorsqu’on désire réaliser une action nous permettant d’en acquérir.

On doit ensuite jouer une carte en dessous de son plateau personnel sur un des 5 (ou 6 si on l’a libéré) emplacements libres prévus à cet effet. Quand on joue une carte action, on la joue soit face visible pour réaliser l’action indiquée par la carte (gagner des ressources et/ou réaliser une action standard avec un petit avantage), soit on la joue face cachée pour réaliser une des 2 actions standards de son plateau indiquées à côté de l’emplacement de la carte. Il y a donc un système de sacrifice où jouer une carte dans un sens vous empêche de bénéficier de son effet dans l’autre et vice versa. Chaque joueuse commence avec les 8 mêmes cartes actions + 2 uniques à chaque joueuse et pourra, en cours de partie, en acquérir d’autres plus puissantes et permettant de réaliser plus souvent certaines actions…

Quelles actions vont étonner le monde?
Stupor Mundi propose 5 actions différentes. On peut avancer le long de différentes échelles permettant de gagner des capacités permanentes, des actions immédiates et des PVs supplémentaires. Le truc particulier c’est que quand on avance, on gagne le bonus suivant (généralement plus puissant) mais on perd le précédent. Encore des sacrifices à faire! On va également pouvoir gérer nos ressources en en gagnant ou les échangeant. L’action construire est une des actions centrales du jeu. Elle nous permet d’agrandir son château, ses tours et ses remparts. De plus, lorsque vous construisez (mais également lorsque vous déclenchez certains bonus), vous allez pouvoir participer à la construction du château de Frédéric II. Les constructions personnelles vont nous apporter des revenus à chaque tour ainsi que des capacités permanentes comme augmenter la taille de sa main de cartes ou débloquer le dernier emplacement de carte action. Construire ces éléments va également débloquer des cases sur son plateau personnel qui vont permettre de stocker plus de ressources ou de débloquer des emplacements capables d’accueillir un allié.

Et engager un allié est une autre action. Les alliés vont orienter votre stratégie en vous donnant des PVs conditionnels. Ils peuvent être de 2 couleurs. Les alliés jaunes récompensent votre soutien à Frédéric II tandis que les bleus vous encouragent à mieux vous développer que Frederic. Dans certaines parties, il va y avoir une sorte de compétition entre joueurs étant plutôt alliés de Frédéric II et les autres plus individualistes, mais dans la majorité des parties, chacun sera plutôt opportuniste en choisissant tantôt un allié pour et tantôt contre Frédéric II, dépendant de ce qu’ils rapportent à ce moment là. La dernière action possible consiste à acheter une carte. Mais attention, cela peut se faire au sacrifice d’une autre carte… Mais acheter une carte offre 2 grands avantages. Cela vous permet d’améliorer la puissance de vos cartes et, de plus, lors de l’action achat de carte, vous réalisez directement l’action de la carte! Ce n’est donc jamais une action perdue pour autant que l’effet de la carte soit intéressant pour vous à ce moment là…
La variabilité des parties est évidemment assurée grâce à de nombreux éléments modulables et au flux des cartes et alliés disponibles.

Stupor Mundi étonne-t-il le monde?
Stupor Mundi n’est pas révolutionnaire mais il tourne très bien. La mécanique du jeu de la carte action face visible ou face cachée est vraiment bien faite. La montée en puissance grâce aux différents effets déclenchés par nos différentes actions apporte une belle satisfaction. La dualité entre soutenir Frédéric II ou veiller à ses propres intérêts est très bien équilibrée dans le jeu et apporte des sensations ludiques inédites avec cet empereur qui se comporte un peu comme un autre joueur mais uniquement grâce à nos actions et non comme une sorte d’IA avec ses défauts de manipulations qu’on retrouve dans beaucoup de jeux solos ou collaboratifs. J’ai particulièrement bien aimé l’importance de ses choix. Tout est sacrifice dans le jeu. Jouer une carte action face cachée pour réaliser une action de base vous empêche de réaliser son effet face visible. Acquérir une nouvelle carte vous oblige souvent à vous débarrasser d’une ancienne. Avancer sur une échelle vous fait perdre les capacités acquises précédemment sur cette échelle. S’allier à Frédéric II va freiner votre développement et se développer va vous empêcher de bénéficier des libéralités de l’empereur. De plus, on ne pourra clairement pas tout faire dans Stupor Mundi et il faudra choisir! C’est clairement le maitre mot de Stupor Mundi et c’est ce qui fait son élégance.

Ce qui marque le plus dans Stupor Mundi c’est la complexité et la variété des choix qu’il propose. Rien que choisir où déplacer son bateau est déjà difficile. Mais pire, quelle action réaliser entre les actions sur ses cartes ou sur le plateau est très difficile. Et même quand on a décidé de l’action à réaliser, les choix ne sont pas terminés : ok va pour construire, mais construire quoi ? Va pour engager un noble, mais lequel ? Va pour prendre une carte, laquelle ? Va pour augmenter sur une piste, laquelle ? …
Il me manque néanmoins un axe stratégique plus poussé. On va pouvoir grapiller des points grâce à ses nobles et à ses avancées sur les échelles mais ce sont plus des points tactiques que stratégiques. Et, à la fin du jeu, ce n’est finalement que la construction de son château qui va rapporter des points. Mais ça reste peu par rapport au points engrangés durant la partie. La majorité des points qu’on accumulera proviendra essentiellement de ses nobles et de la façon dont ils réussiront à satisfaire leurs conditions en fonction des avoirs de Frederic et des vôtres. Et optimiser ces points n’est pas 100% maîtrisable vu que vos adversaires vont pouvoir bien influencer dessus en modifiant les avoirs de l’empereur constamment. Le jeu gagne bien entendu en interaction mais perd en maîtrise. La maitrise qu’on perd dans la gestion de ses PVs, on la gagne par contre dans le reste du jeu : la progression sur les échelles, les choix dans les actions et la construction de son château sont 100% maîtrisables. J’ai néanmoins un peu regretté cette construction de château qui va très peu varier de partie en partie, encourageant les joueurs à toujours construire leur château de la même manière.
Stupor Mundi est très plaisant et original grâce surtout à cette façon assez unique de gagner des PVs en comparant ses avoirs à ceux de l’empereur. Rien que pour cette façon unique et à ses choix cornéliens, il en vaut clairement le détour.

Vin d’jeu d’vidéo
La dégustation du proto par SwatSh
Submit your review | |

















