The Pursuit of Happiness
Auteur(s): Adrian Abela, David Chircop, Vangelis Bagiartakis
Editeur(s): Artipia Games, Stronghold games
Age minimum: 12
Nombre de joueurs: de 1 à 4 joueurs
Nombre de joueurs conseillé: de 2 à 4 joueurs
Extensions: |
SwatSh: 7/10
The Pursuit of Happiness est une des sorties d’Essen 2015 d’Artipia Games qui nous avait déjà séduits avec les très plaisants Drum Roll & Archon.
Et pour une fois chez Vin d’jeu, le jeu nous a plu alors que ses mécanismes ne nous ont pas convaincus !
La mécanique
En effet, la mécanique de The Pursuit of Happiness est une mécanque de placement d’ouvriers très très très classique. Les joueurs placent chacun à leur tour un de leurs ouvriers (ici appelés « sabliers ») sur une des cases d’action et l’exécutent. Il n’y a même pas de blocage. On peut donc choisir la même action qu’un adversaire ! Il n’y a que vous qui vous vous bloquez vous-mêmes ! 🙂 Lorsque vous placez un de vos sabliers sur une case d’action qui en contient un des vôtres, vous augmentez votre stress ce qui peut vous être maléfique car à partir de certains niveaux de stress, vous allez perdre des sabliers. Vous allez donc devoir bien gérer votre stress et réaliser des actions pour le diminuer. De plus, en vieillissant, vous allez gagner du stress et quand vous en gagnerez de trop, vous passerez de vie à trépas…
Les actions sont elles aussi dans l’ordre du déjà vu puisqu’elles consistent principalement en 2 types d’actions :
1)Récolter des ressources
2)Acquérir une des cartes disponibles pour le tour. Il y a 5 types de cartes : les projets (créer un jeu de société (si si 😉 ), fonder un groupe de rock, se lancer dans la collection de timbres-poste,…), les choses (une voiture, des vêtements, une armoire,…), les activités (faire du parachute, partir en vacances, aller au resto,…), les jobs (dans l’art, la science, le soclial,…), et les partenaires. Chaque carte nécessite des ressources pour être acquises et donnent un bonus en ressources, en stress ou en point de victoire (les fameux points de bonheurs 🙂 ). De plus, certaines cartes nécessitent d’être entretenues chaque tour ce qui nécessitera des ressources spécifiques qu’on pourra décider de ne pas dépenser mais qui nous coûteront alors du stress…
Les choix sont simples mais bien là. The Pursuit of Happiness est plus tactique que stratégique et il vous faudra choisir les bonnes cartes et les meilleures actions. Le hasard est bien présent car dès qu’une carte est prise, elle est remplacée par la suivante de la pioche. Certaines cartes sont très avantageuses (surtout celles permettant de perdre un niveau de stress (les cœurs) et il arrive régulièrement qu’un joueur puisse en prendre une grâce à dame chance. C’est un peu dommage…
La thématique
C’est bien là que le jeu prend une dimension toute différente. The Pursuit of Happiness est le premier jeu qui propose de gérer une vie entière et qui est aussi proche de son thème.
Malgré une mécanique un peu trop classique, on prend son pied dans The Pursuit of Happiness grâce à un thème unique, qu’on connaît tous très bien et magnifiquement rendu dans le jeu. On va naître bébé avec quelques acquis innés, puis gérer son adolescence en étudiant, réalisant quelques petits projets (aller voir un concert, suivre des cours de tennis,…) et achetant quelques petites babioles. Ensuite, on va s’épanouir à l’âge adulte où on va pouvoir obtenir un job qui nous rapportera beaucoup et de plus en plus si on pourra sauter sur les promotions, avoir un rendez-vous avec une dame ou un homme et plus si affinités 🙂 . Après le rendez-vous, on pourra approfondir la relation et même fonder une famille qui nous prendra beaucoup de temps mais qui pourra nous apporter pas mal de bonheur. On deviendra de plus en plus aisé et dépensera de plus en plus dans des choses de plus en plus chère. Le temps sera de plus en plus compté et une fois la pension arrivée, on va être plus vite fatigué et on ne pourra plus faire tout ce qu’on voudra. L’heure de la faucille arrivée, il sera temps de faire le bilan de sa vie passée en admirant tout ce qu’on aura réalisé, acheté, le poste élevé qu’on aura eu, la culture et l’argent qu’on aura accumulés et la femme/l’homme qu’on aura chéri. Tout ça bien entendu en comparaison avec les objectifs de vie communs à tous les joueurs et uniques à chaque partie. La vie est une quête incessante du bonheur et The Pursuit of Happiness y contribue 😀
Nouvelle partie
En fait, j’ai tout dit dans ma chronique ci dessus 🙂
2 éléments m’ont frappé lors de cette dernière partie et je les avais déjà mentionnés plus haut:
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Le thème
C’est fou ce qu’il est bien rendu dans les mécanismes du jeu. J’aime beaucoup la gestion du stress qui nous permettra de faire plus de choses au moins on est stressé et qui nous sera fatal si on dépasse les bornes 🙂
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Les cœurs
Par contre, je peste toujours autant contre le déséquilibre des cartes et principalement celles permettant de diminuer son stress. Il y en a très peu dans le jeu. En général, les cartes permettant de diminuer son stress (les cœurs) apparaissent une ou deux fois maximum par partie. Ca donne un trop grand avantage à la joueuse qui a la chance de la voir apparaître et qui s’en empare. C’est très simple, c’est à chaque fois cette joueuse qui l’emporte. Ca me fait diminuer ma note d’un demi point à 7/10.
Ca nous a mené à un débat Ren et moi. Peut-on vraiment tirer une telle conclusion après 3 parties? Les avis divergent…
Mon opinion est oui car gagner un cœur jusqu’au milieu de partie demande des pions actions et des ressources certes, mais apporte une action supplémentaire lors de chaque tour qui reste ainsi qu’un tour de vieillesse supplémentaire.
Alors oui, si on fait 20 parties, il y en aura toujours quelques unes où la joueuse qui a gagné un cœur ne l’emportera pas car une autre a très bien joué ou elle même a baclé sa fin de jeu, oui, bien sûr…
Mécanique d’ajout d’ouvrier
C’est d’ailleurs une mécanique très délicate. Initiée dans Agricola (on peut faire des enfants), elle a, depuis lors, été reprise dans de nombreux jeux de pose d’ouvriers. Elle est néanmoins rarement bien équilibrée. Gagner un nouvel ouvrier est bien souvent une obligation pour gagner. Même dans Agricola!!! Alors oui, dans Agricola, ce n’est pas nécessairement le premier joueur à faire des enfants qui l’emportera mais il y gagnera un grand avantage. Et aucune autre stratégie n’est gagnante: on doit agrandir sa famille.
A mon sens, seuls 2 jeux ont réussi à bien équilibrer cette mécanique: Tzolkin et Caverna. Dans ces 2 seuls jeux, on peut réussir à gagner la partie sans augmenter son nombre d’ouvriers ce qui élargit d’autant plus les stratégies et qui leur ont permis de remporter les Vin d’jeu d’l’année 2014 et Vin d’jeu d’l’année 2013.
L’équilibre de The Pursuit of Happiness n’égale certainement pas ces 2 sublimes références.
Ren: 8,5/10
La recherche du bonheur. Qui n’a pas cet objectif dans la vie? Nous sommes toutes et tous occupés à rechercher le bonheur, à « maximiser » l’intérêt de nos journées, de nos semaines, de nos mois, de nos années en faisant le maximum d’activités, en découvrant de nouvelles choses, en apprenant, en jouant (surtout! :-D), en se trouvant un partenaire, en faisant des enfants… avant d’inéluctablement arriver au bout du chemin, là où tout s’arrête (pas besoin de verser une larme, c’est le même tarif pour tout le monde, la grande faucheuse nous fauchera tous un jour ou l’autre)
Et bien voilà exactement ce qui vous attend dans Pursuit of Happiness! Vous allez vivre toute une vie, faite de joie et de tristesse, de relaxation et de stress, avant d’inévitablement passer l’arme à gauche… Le thème est clairement le gros point fort du jeu. Pursuit of Happiness est à ma connaissance le premier jeu qui réussit vraiment à vous faire « sentir » que vous vivez une vie. Et surtout le premier qui réussit si bien à nous relier à la « vraie » vie. Quand vous choisissez d’acheter un nouvel objet, qui ne va pas faire le lien avec ce que chacune et chacun d’entre nous vivent presque tous les jours? Quand vous choisissez de faire des heures supplémentaires pour gagner un peu de sous mais que du coup ça augmente votre stress qui peut dire qu’il n’a jamais vécu cela? Quand vous vous engagez dans une deuxième relation secrète mais que du coup ça augmente méchamment votre stress qui n’a jamais vécu cela? (bon ok vous marquez un point, la majorité n’a probablement jamais vécu cela 😉 )
A part le thème le jeu en lui-même est un très classique placement d’ouvrier avec différentes actions à réaliser. On peut en gros soit récolter des ressources (3 types différents), soit acheter une carte (qui permet d’acheter un objet, d’entamer un projet personnel, de faire une activité, de trouver un job ou d’entamer une relation). Chaque carte aura un coût en ressources, et donnera des avantages, bonus et/ou aura un impact sur votre niveau de stress ou de bonheur immédiat.
Ces deux dernières notions sont importantes à moyen terme (stress) et à court terme (bonheur immédiat). L’échelle de stress vous indique en effet le nombre de sabliers (=ouvriers) dont vous disposerez pour réaliser toutes vos actions. Cela rentre très bien dans le thème à nouveau! Pour entamer une relation vous devrez consacrer du temps. Mais si vous êtes stressés ça va moins bien se passer et vous serez « moins » efficaces. Donc si vous êtes trop stressés vous pourrez éventuellement avoir un ou plusieurs sabliers en moins. Et vice-versa des sabliers en plus si vous êtes over super relax (ben oui si vous êtes parfaitement épanouis vous serez grave séduisants, et ça ira tout seul! 😉 ). Même idée pour l’échelle de bonheur à court terme, qui vous donnera des bonus ou malus pour acheter vos cartes. En effet le jour où vous êtes contents vous jouerez mieux de la guitare que le jour où vous êtes furieux parce que vous vous êtes disputés avec votre femme, après avoir vu passer une augmentation sous votre nez, tandis que le petit dernier ramenait un bulletin catastrophique.
Enfin dernier élément parfaitement dans le thème, vous êtes adolescent lors du premier tour, puis adulte lors des 5 suivants. A partir du 7ème tour vous entrez dans le troisième âge, ce qui fait augmenter votre niveau de stress de 3 à chaque tour. Et quand vous dépassez la ligne rouge (ce qui arrive souvent au début du 8ème tour, et quasi à tous les coups au début du 9ème), ben vous êtes morts! Donc il faut bien gérer son niveau de stress pour essayer de gagner du temps de vie… comme dans la vraie vie!
Du côté des choses à redire, à part le côté très classique des mécaniques, un des points qui fait débat est le fait qu’il y a très peu de cartes qui permettent de diminuer son niveau de stress (et donc potentiellement gagner un ou plusieurs tours de jeu par rapport à ses adversaires). Ces cartes ont bien un coût assez élevé, mais nous n’avons pas joué assez de parties pour déterminer avec certitude si elles sont bien équilibrées (lire: pas trop puissantes). A vérifier sur plus de parties.
Malgré ce côté ultra classique et la question soulevée juste ci-dessus le jeu m’a vraiment séduit uniquement par son thème, on se prend totalement au jeu de la vie, on s’y croirait! « Tiens je suis un peu stressé, je vais aller me faire une petite partie de jeux vidéo »… « ha ben j’ai envie de gagner plus de sous je vais prendre un job plus prenant avec plus d’heures »… « ha c’est cool depuis que je sais jouer Stairway to Heaven à la guitare je me sens heureux comme tout »… la vrai vie quoi!