DEUS (+ vidéo)
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SwatSh: 8,5 /10
DEUS est le dernier jeu d’un de nos auteurs/éditeurs favoris: Pearl Games et Sébastien Dujardin dont Troyes et Bruxelles 1893 en sont, pour moi, les fleurons.
DEUS est inspiré par Ginkgopolis avec ses colonnes de cartes à combos. En effet, dans ce jeu de civilisation, on peut réaliser un des 2 types d’action à son tour:
1) Construire un « bâtiment »
Chaque joueur dispose d’un mini-plateau personnel indiquant les 6 types de bâtiment possibles. Lorsque vous construisez un bâtiment, vous payez les ressources bien sûr et vous devez placer la carte du bâtiment devant vous sur la colonne de son type. Puis vous placez la figurine en bois de ce bâtiment sur le plateau à côté ou sur la même case qu’une de vos autres figurines. Ensuite, et c’est là que ça devient intéressant, vous allez exécuter toutes les actions décrites sur les cartes bâtiment de la colonne où vous venez de construire le bâtiment dont l’action va également être réalisée après celles des cartes situées sous elle.
Je ne sais pas si je suis bien clair mais en gros, au plus vous allez construire des bâtiments du même type, au plus de fois vous allez pouvoir profiter des effets des bâtiments de ce type. Vous avez donc intérêt à vous spécialiser dans l’un ou l’autre type de bâtiment.
Oui et non car ce serait sans compter sur les bâtiments mauves qui sont une grande source de PVs et dont le premier peut être construit sans contrainte alors que les suivants nécessitent chacun une couche de 1 bâtiment de chacun des 5 autres types. Ce système est assez sympa car il contrebalance la tendance qu’on a à vouloir se spécialiser dans l’un ou l’autre type de bâtiments. D’un autre côté, vos choix seront vite faits car les PVs sont le nerf de la guerre et mieux vaut en gagner un max, et donc se diversifier, que se spécialiser en en gagnant moins 😉 A noter néanmoins que certains bâtiments apportent aussi des PVs qui peuvent être significatifs nécessitant alors de se spécialiser dans ce type de bâtiment là pour en profiter un maximum. Combo combo 🙂
Les pouvoirs des bâtiments sont assez variés et peuvent vous faire gagner des ressources nécessaires à la construction des bâtiments, de l’argent qui sert à acheter des ressources, des cartes piochées au hasard dans le paquet, des PVs ou des militaires qui pourront gagner quelques points sur le plateau.
2) Prier
Prier est l’action la moins intéressante des 2 mais est nécessaire. Vous allez la réaliser quand vous êtes bloqués:
– Si vous n’avez plus de bâtiments intéressants à construire en main
En priant, vous piochez des cartes dans la pioche commune pour refaire votre main à 5 cartes. Ce qui est vraiment original avec cette action, c’est que lorsque vous priez, vous allez défausser des cartes dont la dernière sera face visible et en fonction de son type de bâtiment, outre refaire votre main à 5 cartes, vous allez pouvoir gagner quelques bonus supplémentaires:
– Si vous n’avez plus assez de ressources pour construire d’autres bâtiments
En défaussant un bâtiment vert, vous allez gagner des ressources
– Si vous recherchez un type de carte bien précis
En défaussant un bâtiment jaune, vous allez pouvoir piocher plus de 5 cartes et avoir alors un choix plus important de cartes, diminuant, par là même, le hasard de la pioche.
– Si vous n’avez plus de figurines
Là encore une belle idée: vos figurines bâtiment sont en nombre limité et prier vous permet d’en gagner des supplémentaires.
DEUS a pour moi 2 défauts:
1) Le hasard de la pioche et le déséquilibre entre les combos qu’on peut avoir. Quand c’est un adversaire qui a la chance d’avoir une super combo, DEUS peut être assez frustrant. De plus, vous êtes à la merci des cartes que vous piochez. Le choix ne se situe pas dans l’acquisition de celles-ci mais dans leur utilisation: « quelles cartes dans ma main sont les plus intéressantes pour moi et comment m’organiser pour pouvoir les jouer et en profiter un maximum » A noter que certaines variantes permettent de réduire ce hasard.
2) Ses erreurs de couleurs. Il est tout de même dommage que les textes se référant aux bâtiments rouges se réfèrent en fait aux bâtiments roses ou que ceux qui parlent de ressources vertes se réfèrent aux brunes… Bon, on a vite compris et ca n’empêche pas d’y jouer mais ça apporte un peu de confusion inutile.
A l’exception de ces 2 petits défauts, DEUS est un jeu qui séduit grâce à de nombreux éléments:
– La gestion de ses cartes, les bons choix à réaliser parmi celles-ci et les bonnes combos à construire et à profiter
– La gestion des bâtiments
– La fin qui dépend du nombre de bâtiments mauves construits et qui peut être bien géré par les joueurs dont certains vous vouloir accélérer la fin de partie alors que d’autres essayeront de profiter plus longtemps de leurs bâtiments. Génial!
– La mécanique de défausse et pioche de cartes (l’action prier) sublime et intéressante.
DEUS est une belle réussite pour un jeu poids moyen, rapide à mettre en place et à expliquer et dont les parties vont rarement excéder l’heure.
Nouvelle partie
Ouf! On a joué à DEUS avec les bonnes règles 🙂
Mon ressenti de notre première partie reste le même après celle-ci. Evidemment, le fait qu’on ne peut pas construire chez son voisin ajoute un côté blocage au jeu mais qui reste léger. DEUS reste un jeu très solitaire avec un chouia de blocage et de course aux armes sur le plateau.
DEUS est pour moi un jeu d’optimalisation de main. Je veux dire par là qu’on va devoir tirer le meilleur profit des cartes qu’on aura tirées (au hasard je le rappelle 😉 ). Mais ce n’est pas pour ça que c’est automatiquement celui qui aura tiré les meilleurs cartes / meilleures combinaisons de cartes qui l’emportera. C’est possible bien entendu. Mais les cartes sont tellement bien équilibrées que ce sera plus souvent celui qui aura optimisé au mieux ses différentes mains de cartes qui l’emportera.
Au niveau du ressenti du jeu, je rapprocherais DEUS de 7 Wonders qui, bien que l’interactivité y soit plus présente, propose le même degré de difficulté, la même variété et le même fun grâce à ses nombreuses cartes aux pouvoirs différents.
Je reste subjugué par cette mécanique de défausse de cartes originale et qui tourne à merveille.
Dernière partie
Au plus on y joue, au plus on apprécie dEUS. Si on fait abstraction du hasard de la pioche qui peut gêner quelques fois, les grandes qualités de dEUS sont sa rejouabilité et la variabilité des parties. Il y a tellement de cartes aux pouvoirs variés et de combinaisons de cartes possibles qu’il est très chouette à jouer et à rejouer sans cesse tant une partie ne ressemble pas à la précédente et tant on a envie d’en découvrir une nouvelle facette. Allez hop, je monte ma cote à 8,5 😉
Deus est une belle découverte. Ce jeu de cartes et de placement sur un plateau possède des règles simples, une mécanique et une profondeur de jeu très intéressantes.
A son tour de jeu, le joueur a le choix entre 2 actions. Soit construire un bâtiment sur le plateau de jeu, soit défausser une ou plusieurs cartes. Le choix est rarement évident. Défausser les cartes est régulièrement nécessaire, alors que, à priori, cela ne rapporte pas (directement) de points de victoire. Certaines cartes se combinent très bien. Tout l’art est de les jouer dans le bon ordre, puisque les premières cartes posées pourront être activées jusqu’à 5 fois. Subtil et jouissif : quel bonheur d’enchaîner les effets des cartes en cascade.
Ajoutons une durée de partie très correcte, une interaction (tout juste) suffisante, plusieurs stratégies possibles, faisant de ce jeu un petit bijou ludique.
Sauf que personnellement, je perçois 2 défauts. Le premier est lié à la place importante au hasard. Comme tous les jeux de cartes, me direz-vous. Atténué par le fait qu’on peut défausser et reprendre des cartes facilement. Mais quand même, un joueur hyper appliqué, qui calcule tout, qui maîtrise le jeu sera quand même gêné par la carte qu’il attend, mais qui ne sort pas.
Et je n’arrive pas à comprendre que la ressource « bois » est représentée parfois par la couleur verte, parfois par la couleur brune. Quel dommage que pendant toute la partie, vous devez gérer cette inconsistance.
Mais ceci n’a pas d’impact sur la mécanique et la dynamique du jeu. C’est clairement du tout bon !
Nouvelle partie
Une nouvelle partie pour jouer avec les bonnes règles, cette fois-ci… (mea culpa, c’était mon erreur !). Et suite à cette correction, je relève un petit peu ma note. Le blocage sur le plateau apporte un petit peu plus d’intérêt dans les interactions, sans changer fondamentalement le ressenti pendant le jeu.
Et je confirme, ce jeu est vraiment très bon. Le développement d’une civilisation, en un temps relativement court pour des parties dynamiques, avec des règles simples (à lire quand même attentivement :)) et proposant suffisamment de variétés et d’interaction entre joueurs. Le hasard a clairement sa place, mais c’est tout a fait acceptable.
Pour les joueurs qui aiment l’optimisation (de ses cartes), les jeux rapides et dynamiques.
Deus m’a positivement surpris. En effet, l’avoir vu joué à plusieurs occasions, j’avais remarqué la similitude avec Gingkopolis. Alors, en effet, il reprend une mécanique par les colonnes de cartes activées lorsqu’on en rajoute une mais ajoute une limite et quelques astuces. En effet, la limite sera le nombre de pions correspondant à chaque colonne et l’astuce bien trouvée d’obliger les joueurs à se « diversifier » afin de pouvoir poser plus de cartes mauves, les cartes style objectif qui rapportent des PVs en fin de partie.
Vous l’aurez déjà lu ci-dessus, la mécanique est basée sur des cartes qu’il va falloir jouer finement. Refaire sa main est également orignal (cfr SwatSh).
Deus est un jeu de combos de cartes, mais pas que puisqu’il faudra aussi veiller à s’étendre sur le plateau central afin de ne pas se laisser enfermer.
Ren: 9/10
Comme vous ne le savez que trop bien chères lectrices et chers lecteurs, chez Vin d’Jeu nous adorons apporter un éclairage sur le processus créatif de nos auteurs favoris. Processus éminemment complexe et difficile à appréhender pour le commun des mortels. D’où l’intérêt d’un éclairage en bonne et due forme. Coup de bol, voilàtipas qu’on doit chroniquer un jeu d’un de nos auteurs favoris, Sébastien Dujardin. Et pas n’importe quel jeu, sans doute un de ses meilleurs, si pas son meilleur, son primus inter pares, le bien nommé Deus.
Donc allons-y pour l’éclairage:
SD (musant intérieurement, à la recherche d’une idée pour sa nouvelle création): «bon qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire comme nouveau jeu… Commençons par le titre, il me faut un nom de ville… Il me faut une idée… Chérie?! C’est quoi ta lettre préférée dans l’alphabet à part t et b?» (NDLR ben oui il a déjà utilisé t et b)
Chérie (levant les yeux au ciel intérieurement et soupirant, c’est dur d’avoir épousé un créateur de jeux de société): «j’aime beaucoup le d mon amour»
SD (dont le cerveau s’est mis à cogiter frénétiquement): «d, d, d… Damas, Donetsk, Dortmund, Dniepropetrovsk… purée je vais quand même pas appeler mon nouveau jeu Dnieproetrovsk! Bon plus proche j’ai Doncourt les Conflans, ou alors Daubeuf près Vatteville… en même temps pas sûr que çà le fasse non plus… Bon je suis dans la mouise, tant pis, ce sera pas une ville… Chérie, quel est ton nombre préféré entre 1 et 1500?»
Chérie (levant les yeux au ciel intérieurement et soupirant, résignée): «j’aime beaucoup le 231 mon amour»
SD (tournant frénétiquement les pages d’un dictionnaire): «page 231, page 231… je l’ai ! Premier mot : dieu… ok mettons une touche latino-internationale, ça sera plus vendeur, va pour Deus! Chérie, ça y est, j’ai mon nouveau jeu, ce sera un jeu où les joueurs seront à la tête d’une civilisation du monde antique et exploreront des terres inconnues pour développer leur empire sans oublier d’entretenir de bonnes relations avec les Dieux (dixit)»
Chérie: «bravo mon amour, c’est toi le plus beau»
SD (avec un air fat et satisfait): «et voilà le travail, je vous l’avais bien dit que pour se faire de le meuf il valait mieux être auteur de jeu génial plutôt que rock star ou milliardaire!» (NDLR en effet c’est pas en étant auteur de jeu de société que tu vas devenir milliardaire… ;))
Et nous voilà plus malins, maintenant que nous avons levé un petit coin de voile sur les leviers de motivation dans le cerveau prodige de Sébastien! 🙂
Dans Deus les joueurs seront donc à la tête d’une civilisation du monde antique et exploreront… non recommençons. Dans Deus les joueurs auront à chaque tour le choix entre construire un bâtiment ou faire une offrande aux Dieux. Et c’est tout! C’est évidemment une des grandes forces du jeu, tout en offrant des choix réels (il y a 5 types de bâtiments différents, plus les temples), il est expliqué en peu de temps, et après un tour de jeu tout le monde a compris pour le restant de sa vie!
Je ne vais pas expliquer plus en détail les mécanismes, c’est déjà fait plus haut. Je vais juste mentionner 4 autres éléments qui m’ont frappé.
Positivement d’abord: le système de pose des cartes, où on va bénéficier des avantages cumulés dans chaque type de bâtiment (i.e. si on pose un 4ème bâtiment scientifique, on a l’action de ce 4ème mais aussi des 3 autres), contrebalancé par l’obligation d’avoir un bâtiment de chaque type pour construire un temple, gros pourvoyeur de points de victoire, est génial. J’adore cette contradiction continue entre l’envie de se spécialiser pour augmenter l’impact de chaque bâtiment supplémentaire dans un type, et l’obligation quasi impérieuse de rester généraliste pour pouvoir construire les temples.
Positivement encore: le système permettant de gérer au mieux sa main et les pions nécessaires à la construction ou pose des bâtiments et unités (les offrandes aux Dieux) est également super bien foutu. Alors oui il peut y avoir un peu de chance (on tire quand même des cartes) mais ce système permet justement de la limiter à a portion la plus congrue, c’est-à-dire juste le petit plus qui met un peu de sel dans le jeu, pour que ce ne soit pas bêtement calculatoire.
Négativement ensuite : sans faire preuve de beaucoup d’originalité vu que ça a été dit ailleurs déjà, les couleurs et le design sont très moyens. Rien de grave, et je dis toujours que les goûts et les couleurs ça se discute mais bof quand même. Le plateau est décent (pas ma tasse thé mais ok). Les couleurs des cartes sont, comment dirais-je… vraiment bof.
Et neutrement enfin: l’interaction entre joueurs est extrêmement limitée. Il y a bien une petit course pour zigouiller les villages barbares mais ça reste mineur (et pas indispensable pour gagner à mon sens). Ce n’est ni bien ni mal, ça dépend de ce que vous aimez. Il faut juste le savoir.
Au final un très très très bon jeu. Et si il est un jour redesigné je pense qu’il pourrait devenir une des références absolues dans la catégorie «crossover entre amateurs occasionnels qui veulent jouer très vite sans se palucher 3h de règles et joueurs chevronnés qui veulent quand même en avoir pour leur argent avec un jeu qui a de la profondeur et offre des choix (et qui permettent ainsi aux joueurs aguerris d’éviter de devoir jouer à Time’s Up ou Pikomino pour faire plaisir à Mamy ou au petit dernier)». Très belle réussite!
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