Dolores
Auteur(s): Bruno Faidutti, Eric M. Lang
Illustrateur(s): Vincent Dutrait
Editeur(s): Lui-même
Distributeur(s): Asmodee
SwatSh: 7/10
J’ai eu l’occasion de jouer à Dolores au BGF (Brussels Games Festival). Il s’agit d’une collaboration improbable entre Bruno Faidutti (Citadelles) et Eric M. Lang (Blood Rage, Arcadia Quest, Chaos dans le vieux monde). Enfin, quand je dis improbable, ce n’est pas si improbable que ça puisque Bruno Faidutti a déjà collaboré avec une autre légende Américaine (Corey Konieczka) sur Warrior Knights.
Alors que d’autres auteurs revoient d’autres classiques du jeu tels que l’Awale (Five Tribes, Trajan), la trouvaille géniale dans Dolores est la reprise du système « Pierre, Papier, Ciseau » en un jeu moins hasardeux, avec plus de bluff et de négociation. J’avoue d’ailleurs que quand on m’a annoncé qu’il s’agissait d’une adaptation de « Pierre, Feuille, Ciseau » 😉 , j’ai pris peur et me suis dit « courage, fuyons ». Bien m’en a pris d’être resté flegme sur ma chaise 😀
Les tours de jeu se ressemblent tous : on répartit 4 cartes entre 2 joueurs. Ces joueurs vont alors négocier entre eux sur ce qu’ils vont faire (ou pas) puis, comme dans pierre, papier, ciseau, vont déclamer « DO-LO-RES » et montrer :
– 1 main ouverte = on fait la paix.
– 1 poing = je fais la guerre
– 1 pouce = je m’esquive
- 2 mains ouvertes = les joueurs se partagent les 4 cartes : chacun prend les 2 cartes en face de lui
- 1 poing + 1 main ouverte = le poing prend toutes les cartes et la main ouverte ne prend rien
- 2 poings : les joueurs ne prennent aucune carte
- 1 pouce + 1 poing = le pouce prend 1 carte et le poing le reste
- 1 pouce + 1 main ouverte = le pouce prend 1 carte et la main prend les 2 cartes devant lui
- 1 pouce + 1 pouce = les 2 joueurs doivent défausser une de leurs séries de cartes
Avec les cartes acquises, les joueurs vont créer des séries de carte qui vont leur procurer des PVs. Un petit système subtil et calculatoire fait que les joueurs n’ont pas nécessairement intérêt à gagner trop de cartes et jouer trop de poings risque de les désavantager.
Malgré un système un peu répétitif et calculatoire, Dolores plait. Avant de crier DO-LO-RES, les joueurs vont donc se mettre d’accord de ce qu’ils vont faire puis vont décider secrètement s’ils respectent ou non leurs engagements. Même si tout cela se passe assez vite et nécessite peu de discussion, la négociation a sa place. On a néanmoins tendance à se concentrer sur ses objectifs personnels sans regarder les cartes adverses. Ensuite, c’est le bluff qui peut jouer des tours. En ne respectant pas ses engagements on peut mettre un adversaire dans l’embarras. Mais peut-être va-t-il se venger et ça se retournera contre vous. Dans la réalité, ça se passera rarement. Tout cela fait qu’on va arriver à un pierre, papier, ciseau sans hasard et ça, c’est une trouvaille de taille 🙂 ! Peut-être qu’un jour plus personne ne connaîtra « pierre, papier, ciseau » et que tout le monde ne parlera plus que de DO-LO-RES 😉
En prenant la feuille pour écrire, on pourrait être tenter de lui jeter la pierre car il reprend le classique principe du Chifoumi (pas le guillaume). Pourtant, j’avoue avoir bien aimé ce petit jeu de fourbe. En effet, ce n’est pas parce qu’on vous dit ceci, qu’on fera cela… Certes, ces honteux mensonges pourront rebuter certains joueurs, mais moi, ça m’amuse. Les illustrations de Vincent Dutrait donnent également la dimension qu’il fallait.