Broom Service
Auteur(s): Alexander Pfister, Andreas Pelikan
Illustrateur(s): Vincent Dutrait
Editeur(s): Alea, Ravensburger
Distributeur(s): Atalia, Iello
Age minimum: 11
Nombre de joueurs: de 2 à 5 joueurs
Nombre de joueurs conseillé: de 3 à 5 joueurs
Récompense(s): Kennerspiel des Jahres
SwatSh: 8/10
Je ne suis pas un grand fan des jeux ayant reçu le plus prestigieux des prix (après celui de Vin d’jeu bien entendu 😉 ): le fameux Spiel Des Jahres. Il est bien souvent beaucoup trop simple et hasardeux pour moi. Pour contenter les joueurs comme moi, ils ont décidé, depuis 5 ans, de nominer une jeu plus complexe. Ils ont donné ce prix à des jeux légèrement plus profonds mais pas moins excellents: 7 Wonders, Descendance (Vin d’jeu d’l’année 2012), Andor et Istanbul. Broom Service est le dernier heureux élu.
Broom Service est présenté comme une refonte de Malédiction, un jeu créé par d’autres auteurs. Je n’ai pas vraiment aimé Malédiction, voilà pourquoi je n’ai pas été tenté de prime abord par Broom Service. Pourtant, ses 2 auteurs, vu ce qu’ils ont déjà réalisé, auraient dû me mettre la puce à l’oreille sur la qualité de Broom Service. Jugez plutôt: Isle of Skye, Mombasa et Port Royal font partie de leurs œuvres. Rien que ça!
Et alors que je ne m’attendais à rien de spécial, j’ai été séduit par les sorcières de Broom Service 🙂
Pourtant, le jeu est d’un côté très classique. Il s’agit d’un pick-up & Delivery, ou plutôt un Delivery tout court! On va « recevoir » des ressources grâce aux actions « récoltes », les transporter et les déposer aux endroits qui les demandent. Tout simplement, sans même une transformation de ressource:
1)Prendre des ressources
2)Se déplacer vers les endroits « demandeurs » de ces ressources
3)Livrer les ressources et recevoir les PVs
Rien de bien folichon si ce n’est la méthode pour exécuter ces actions. Chaque joueur dispose des 10 mêmes cartes action. A chaque tour, tous les joueurs choisissent secrètement 4 de leurs 10 cartes action qu’ils veulent exécuter à ce tour. Puis, le premier joueur joue une de ses cartes action et annonce s’il désire exécuter l’action brave ou l’action lâche de sa carte. L’action brave est toujours beaucoup plus intéressante (récolter plus de ressources, gagner plus de PVs,…) mais aussi plus risquée. En effet, si on réalise l’action lâche, on peut la réaliser tout de suite tandis que si on réalise l’action brave, on doit attendre que chaque autre joueur ait joué pour voir si on peut la réaliser. Après avoir joué une carte action, tous les autres joueurs qui ont sélectionné la même carte action doivent la réaliser.
Déjà là, ça peut poser quelques soucis de timing et on peut se voir forcé de bouger alors qu’on n’avait l’intention de bouger qu’après avoir réalisé une autre action. Lorsque vous sélectionnerez vos cartes action en début de tour, vous devrez tenir compte de se facteur et veiller à ce que si le timing du jeu des cartes ne correspond pas à ce que vous aviez prévu, cela ne puisse pas vous gêner outre mesure.
Revenons au paragraphe précédent 😉 ! Donc, vous jouez une carte action, soit vous déclarez vouloir exécuter l’action brave et vous attendez, soit vous déclarez exécuter l’action lâche et vous la réaliser immédiatement. Ensuite, chaque autre joueur doit soit déclarer « Au suivant », indiquant par là qu’il n’a pas sélectionné cette carte action à ce tour, soit jouer la même carte action s’il l’a sélectionnée. Et il doit déclarer s’il désire réaliser l’action brave (alors il attend) ou l’action lâche et il l’exécute tout de suite. Après le tour de table, le dernier joueur à avoir déclaré vouloir exécuter l’action brave l’exécute. Les autres joueurs qui ont déclaré vouloir exécuter l’action brave, la perdent tout simplement et ne font rien (ouch, ça fait mal 🙂 ).
Ce système, très ingénieux, a 2 effets majeurs:
1) Etre le premier joueur est très pénalisant car il y a de fortes chances qu’au moins un autre joueur ait la carte que vous voulez jouer. Il est donc beaucoup plus prudent pour le premier joueur de déclare l’action lâche. Mais le premier joueur est toujours le dernier joueur à avoir exécuté une action brave 🙂 ! Il va donc se jouer un jeu dans le jeu, à savoir: qui va prendre la main? Il peut être très intéressant, subtil, ingénieux, tordu et surtout vicieux ( 😉 ) de déclarer une action lâche même si on est le dernier joueur du tour et qu’on ne risque rien à déclarer l’action brave. Ca se voit assez régulièrement lors des parties entre bons joueurs. Si on veut absolument pouvoir réaliser l’action brave d’une de ses cartes action, il peut être intéressant de laisser la main au premier joueur quitte à sacrifier l’une ou l’autre action brave. Subtil, vicieux, génial! 🙂
2) Bluff et bonne lecture du jeu adverse sont les maîtres mots.
En effet, en regardant bien les ressources et les positions des sorcières adverses sur le plateau, on peut se douter des actions que vos adversaires comptent réaliser et donc risquer plus facilement une action brave ou non si on devine les cartes que chacun a sélectionné. D’un autre côté, un joueur peut sélectionner une carte action qui lui est peu utile juste parce qu’il a vu qu’elle vous était indispensable et qu’il veuille vous contrer. Magnifique et vicieux une nouvelle fois 😀 !
Broom Service est une très bonne surprise malgré son système de Delivery très voire trop classique. Ce système d’action braves et lâches apporte beaucoup de tension, nécessite du simple et double guessing, une bonne gestion du timing et est tout simplement magnifique, subtil, bluffant, intéressant, ingénieux, tordu et … vicieux 😀 !
Tapimoket: 8/10
Oui, je sais, encore une fois un spiel qui a fait couler de l’encre …
« Scandale ! Ce jeu n’est pas un jeu expert ! Que fait il dans cette catégorie ? »
« Quoi ! Il ne dure pas 4 heures et c’est pas de la gestion ! »
« Coupez la tête des jurés du Spiel, puis pendez les ! »
Enfin bref… Beaucoup ont râlé.
Mais pour cet avis, je vais faire abstraction de son « Spiel » et le voir au même niveau qu’un autre jeu. Peu importe qu’il ait remporté ou pas un « Kennerspiel », ce qui compte, pour moi, c’est son allure, son matériel et si, oui ou non, on y trouve du plaisir à y jouer.
Le matériel est assez sympathique car plutôt bien fourni avec le plateau, les cartes et les potions en kubenbois… Au niveau des illustrations, j’avoue avoir vu beaucoup mieux du talentueux Vincent Dutrait. Mais d’après ce que j’ai entendu dire, c’était un aspect volontaire… En tous cas, moi, je ne le trouve pas super beau… pas moche non plus, mais pas super beau. En plus, j’ai toujours trouvé les couv’ de Ravensburger un peu trop austère… Mais, c’est un avis personnel, bien entendu…
Au niveau du jeu lui même, en revanche, je l’ai trouvé très sympa avec son système de programmation et de prise de risque. En effet, dans « Broom service », il est indispensable de deviner ce que les autres vont faire et de choisir ses cartes personnages-actions en fonction des autres et des risques à prendre. C’est bête, mais c’est tellement drôle de se faire griller par un autre joueur…
Alors non ! Ce n’est pas un jeu de connaisseurs… mais oui, c’est plaisant d’y jouer. De là, à gagner un Spiel, je ne suis pas du tout étonné de la part de nos amis allemands, qui veulent avant tout un jeu où on s’amuse. En France ou en Belgique, il sera qualifié de jeu familial et c’est comme ça que je le vois d’ailleurs. Il est cool et j’aime le ressortir lors de la fête d’Halloween pour son thème.
Et pour en savoir encore plus avec plein de photos, un article sur le grimoire de l’alchimiste.
Dan: 8/10
Sans la catégorie des jeux pas trop complexes mais néanmoins intéressants avec un minimum de tactique et de stratégie, Broom Service est indubitablement une bonne pioche.
Simplicité des règles, énormément d’interaction, bonne rejouabilité, graphiques du plateau soignés, une heure de jeu à 3: beaucoup d’avantages pour ce jeu de la catégorie « amateur » où il faut « sentir » les intensions des autres joueurs.
Bref, une bonne surprise!