El Dorado
SwatSh: 7/10
Personne n’avait jamais entendu parler d’El Dorado (si ce n’est les Conquistadores 😉 ) avant d’apprendre qu’il était un des nominés au plus prestigieux des prix ludiques (après le Vin d’jeu d’l’année évidemment), le Spiel des Jahres! Pourtant, un jeu de Reiner Knizia édité par Revensburger, ça ne passe pas inaperçu! Pour le moment, El Dorado n’est disponible qu’en Anglais ou Allemand mais Ravensburger réfléchit à en sortir une version Française…
Simple
Avec El Dorado, Reiner a décidé de se lancer dans une mécanique à la mode qu’il n’avait pas encore explorée: le deckbuilding! Mais, à l’image des derniers jeux utilisant cette mécanique (Vikings Gone Wild & Clank!), il a voulu en faire un jeu simple, familial même. Je dirais même qu’EL Dorado est le plus simple de tous.
Le système est on ne peut plus classique: on joue notre main de cartes, les exécute et les place dans notre défausse. On peut garder des cartes en main pour le tour suivant puis on pioche suffisamment de cartes pour arriver à une main de 4 cartes. S’il n’y a plus de cartes dans sa pioche, on mélange sa défausse. Hyper classique.
Course
El Dorado est une course et le premier à passer la ligne d’arrivée remporte la partie. Chaque joueuse est représentée par un petit meeple aventurier qui va démarrer sur les chiffres de la tuile de départ. Le but est d’arriver à l’autre bout du plateau.
Plateau modulaire
Le plateau est modulaire et est composé de 6 tuiles hexagonales de 40 zones chacune. Chaque zone est d’une des 6 couleurs possibles qui correspondent à un type de terrain (montagne, plaine, eau,..). Sur chaque zone est indiqué un chiffre. Pour avancer un meeple, il suffit de jouer une carte dont la couleur correspond à la couleur de la zone où on veut aller et dont la valeur est au moins égale au chiffre de la zone.
Deckbuilding
Au lieu de jouer une carte pour avancer son meeple, on peut jouer une carte pour sa valeur en or afin d’acheter une des 6 cartes du marché. Ces cartes vont vous donner des valeurs supérieures et même des jokers qui passent tous les types de terrain. Un choix sur 6 c’est assez simple.
Une petite mécanique qui m’a bien plu est celle de l’alimentation du marché de 6 cartes. Ce marché contient 6 cartes différentes mais non pas en un exemplaire chacune mais en 3 exemplaires. Dès qu’un emplacement est vide, la joueuse dont c’est le tour peut choisir une des 12 cartes en réserve pour placer tous les exemplaires de cette carte dans l’emplacement libéré. C’est assez comique comme mécanique. D’un côté ça va empêcher une joueuse de suivre une stratégie différente des autres vu que tout le monde aura l’occasion d’acheter les mêmes cartes. D’un autre ça va apporter pas mal de variété à vos parties car vous n’aurez jamais les mêmes cartes disponibles à l’achat au même moment d’une partie à une autre.
Les obstacles
Une seconde mécanique que j’ai trouvée sympa est celle des obstacles. Lors de la mise en place, on va placer une tuile obstacle au hasard entre chaque tuile du plateau. Ces obstacles indiquent un type de terrain à franchir. La première joueuse qui le franchit va retirer l’obstacle du plateau pour le mettre au dessus de son plateau personnel. Les autres joueuses n’auront donc plus à devoir passer l’obstacle. Si plusieurs joueuses passent en même temps la ligne d’arrivée, c’est celle qui possède le plus d’obstacles qui remporte la partie.
Ce qui est très chouette avec cette mécanique c’est qu’elle ralentit la joueuse en tête tout en lui donnant un petit avantage en cas d’égalité. C’est vraiment bien vu (on ne s’appelle pas Reiner pour rien) et ça permet à tout le monde de se sentir dans la course du début à la fin.
Conclusions
El Dorado est un jeu de deckbuilding très classique et très simple. Le hasard de la pioche personnelle joue pas mal car si on ne pioche pas les bonnes cartes au bon moment, on sera amené à devoir attendre un ou plusieurs tours afin d’attendre de piocher les bonnes ou à devoir faire de longs détours inutiles.
El Dorado innove très peu dans la mécanique si ce n’est avec les paquets de cartes les mêmes qu’on dispose sur le présentoir de 6 cartes. La variabilité des parties est assurée par un plateau modulable et un système de cartes disponibles qui seront toujours différentes d’une partie à l’autre. Là où il innove c’est dans sa simplicité. C’est le jeu de deckbuilding le plus simple auquel j’ai eu l’occasion de jouer. Ses choix sont très simples et il est à jouer dans un contexte familial. Il offre des variantes qui complexifient un peu le jeu en permettant le nettoyage du deck par la défausse définitive de cartes si votre aventurier se situe à certains endroits du plateau. Après les ébauches du genre avec Clank ou Trains, Reiner Knizia est le premier à transposer un jeu de deckbuilding en un jeu de course où le premier arrivé sera le vainqueur. Grâce à un système d’obstacles assez judicieux, les joueuses se sentiront toujours dans la course et seront toujours bien absorbées par le jeu et la tension qu’il apporte. Inutile de continuer à chercher votre El Dorado chers conquistadores, Reiner Knizia vous l’offre sur un plateau … modulable à merci!
Tapimoket: 8/10
Un Reiner Knizia nominé au Spiel, je ne demandais qu’à voir ça ! … Hein ? Non ce n’est pas un gros mot « Reiner Knizia », c’est le nom de l’auteur à qui l’on doit de nombreux jeux à succès tels que Schotten Totten, Les cités perdues, Tigris et Euphrate, Samouraï, etc …. Autant dire une bête ludique, un Bruno Cathala Allemand.
Ni une, ni deux, je devais le découvrir…! J’étais d’autant plus absorbé par cette idée que les images du jeu n’inspiraient pas un jeu de réflexion, comme l’auteur a l’habitude de faire, mais plus un jeu d’aventures. Et bien, je dois dire que je me plantais sur toute la ligne, car El Dorado est, avant tout, un jeu de course. Sauf erreur de ma part, c’est la première fois que l’auteur se lance dans ce genre. Et ma foi, c’est plutôt une réussite. En effet, il faudra que chaque joueur traverse un parcours où les terrains varient de la jungle, aux plaines désertiques, en passant par des cours d’eau, afin d’atteindre en premier l’El Dorado, le fameux pays des cités d’or.
Pour traverser toutes ces régions, nous allons devoir jouer des cartes permettant justement de franchir les terrains correspondants. Par exemple avec une carte avec des machettes, on franchit de la jungle, avec une carte de pagaies, on franchit l’eau. Certains terrains sont très coûteux, jusque 4 éléments identiques, mais permettent de franchir plus vite certains passages. C’est à ce niveau qu’intervient le « DeckBuilding » du jeu. En effet, en début de partie on n’a que 4 cartes en main, parmi un choix de 8. Elles ne sont pas terribles et ne possèdent qu’un seul élément, pour la plupart, c’est à dire une seule machette, ou une seule pagaie. Comme il est interdit de cumuler plusieurs cartes pour franchir un obstacle et qu’on ne peut en jouer que 4 par tour, il faut donc absolument améliorer sa pioche. Pour cela, on pourra, grâce à des cartes « pièces d’or », en acheter de nouvelles, disponibles sur un « marché ». Celles-ci iront alors rejoindre sa défausse et il faudra attendre qu’elles reviennent en pioche. Bref, c’est tout le principe du deckbuilding . On améliore alors son jeu au fur et à mesure…
Le marché propose des cartes plus puissantes pour traverser des terrains, allant jusque 6 machettes par exemple. Ainsi, avec une telle carte, on peut franchir 6 cases contenant 1 seule machette ou encore une case contenant 4 puis une de 2 machettes. Certaines de ces cartes sont vraiment puissantes, mais celles-ci seront à usage unique. Mais on aura également des cartes, que j’appelle « action », qui donnent certains pouvoirs intéressants comme piocher de nouvelles cartes dans sa main ou, encore, pour avancer sans contrainte de terrain. Un petit système permet également de limiter parfois le marché à 7 choix.
Tout cela peut paraître compliqué, mais c’est extrêmement simple. J’ai presque envie de dire que El Dorado est aussi, en plus d’un jeu de course, un jeu d’initiation au deckbuilding.
El Dorado est un jeu très fluide et simple, qui s’adresse à tous les types de joueurs. La course donne son petit effet d’interactions, si on y joue au moins à 4, ce que je conseille. On peut ainsi gêner certains passages, mais aussi rendre la course encore plus excitante. C’est aussi la bonne configuration pour limiter les choix des cartes du marché, car il n’y en aura pas assez de chaque type pour tout le monde.
Côté matériel, on est toujours dans le style du jeu à l’allemande sans que cela ne soit déplaisant. Les parcours sont des assemblages de tuiles, ce qui permet de créer des circuits plus ou moins complexes à franchir et de faire varier le jeu.
En option, on peut ajouter des tuiles « grottes » qui permettent d’apporter des bonus lorsqu’on passe près des terrains qui en contiennent. Si cela ajoute une petite règle, mais personnellement, je les ajoute systématiquement, car elles apportent un peu plus de piment au jeu, puisque les joueurs essaieront de se les approprier avant les autres. Certaines d’entre elles apportent d’ailleurs des bonus qu’on ne trouvent pas en carte. On aura, par exemple, la possibilité des traverser des cases occupées par des adversaires ou encore éviter de défausser une carte bonus puissantes à usage unique et ainsi la réutiliser une seconde fois.
El Dorado est très simple, mais j’aime bien y jouer. C’est assez rapide et très facile à expliquer. Je le préfère à partir de 4 joueurs, où il y aura plus d’interactions et de grognements entre les joueurs 😉 Il combine très bien le deckbuilding débutant et le jeu de course, et conviendra parfaitement aux familles (mais pas que…). Souvent les fins de partie sont assez serrées entre quelques joueurs pour l’arrivée, ce qui ajoute un bon côté « suspens » au jeu.
Vin d’jeu d’music