2019: The Arctic
SwatSh: 8,5 /10
Quand Philrey nous a proposé de jouer à 2019 The Arctic, je dois avouer que je n’étais pas très chaud. En effet, 2019 The Arctic est un des nombreux jeux à être passé inaperçu lors du dernier salon d’Essen. Pas un seul avis sur la fiche de Tric Trac et à peine 57 ratings sur la fiche de Boardgamegeek. Il doit bien y avoir une raison à ce que tout le monde soit passé à côté. Et il y a en a oui, mais pas les bonnes car 2019 The Arctic est loin d’être un mauvais jeu, que du contraire, il est très bien fait, très original, et nous avons passé une très bonne soirée autour de ce jeu.
Alors pourquoi 2019 The Arctic ne s’est pas distingué? D’abord, il faut regarder du côté de l’éditeur, Sinonis, un tout petit éditeur Polonais. Ils ne doivent pas encore avoir les bons « trucs » pour mettre en avant leurs jeux: concours, news, mise à disposition des règles,… Mais cet éditeur n’en est pourtant pas à son premier essai. Il a déjà publié Master of Economy qui est également un très bon jeu du même auteur et … passé inaperçu! La poisse quoi! Ensuite, le matériel est loin d’être attrayant: un plateau moche et plutôt abstrait, un plateau qui ondule légèrement, des couleurs de joueurs fort proches (je vous mets au défi de distinguer les plateformes brunes, brunes foncées et noires) ainsi que les couleurs des bateaux (rouge foncé, mauve foncé et orange foncé). Tout cela ne donne pas très envie et on aurait tort de s’arrêter là!
Les mécaniques originales de 2019 The Arctic
Dans 2019 The Arctic, 6 nations s’affrontent pour le contrôle de l’Artique aux nombreuses ressources insoupçonnées. Mais à la différence de nombreux jeux du genre, ici, les joueurs ne contrôlent pas les nations et représentent des lobbyistes qui vont devoir influencer les nations pour pouvoir construire les différents puits pour y extraire les fameuses ressources. Un peu comme dans de trop rares jeux tels que Imperial 2030, les nations vont s’affronter mais peu importe lesquelles prendront le dessus, le tout est d’en tirer ses épingles du jeu!!!
Les joueurs disposent de 4 pions d’action qu’ils vont placer sur les différentes nations pour pouvoir exécuter les différentes actions. Le placement de ces pions est super original et difficile à décrire. Sur chaque case nation, 3 places sont disponibles pour les pions des joueurs: de 1 à 3. Celui dont le pion est sur la case 1 pourra choisir une des 6 actions disponibles pour cette nation: construire un puits pour pouvoir extraire des ressources et en payer le prix, construire des navires de guerre de la nation et c’est la nation qui paye le prix cette fois, faire de la diplomatie permettant de rentrer en guerre contre d’autres nations ou de changer les lois internationales, mettre la nation en grève pour bloquer la production de ressources du pays, récolter des impôts pour la nation et déplacer les bateaux de la nation et éventuellement attaquer les bateaux adverses ou détruire les puits n’appartenant pas à la nation. Evidemment, l’action que le 1er choisira ne sera plus disponible pour le pion du joueur situé sur la case 2 et 3. L’aspect très original a lieu après la résolution des actions, lorsque les joueurs récupèrent leurs pions action. Les 6 actions disponibles pour chaque nation sont disposées en 2 rangées de 3 actions. La rangée du haut est située en face de la case n°1, tandis que celle du bas est située en face de la case numéro 3. Celui dont le pion action est situé le plus à droite sur la rangée du dessus se déplace automatiquement sur la case n°1 et pour la rangée du dessous, sur la case n°3. Les autres pions actions retournent dans les mains des joueurs qui devront payer au début du tour pour pouvoir replacer leurs pions actions sur des cases libres des nations. C’est un peu difficile à expliquer comme ça mais j’espère que vous avez compris … du moins en gros. Autrement dit, le choix des actions est double: on va non seulement choisir l’action la plus intéressante mais également celle qui nous permettra de mieux placer son pion action au prochain tour. Mécanique merveilleuse!
Mais l’originalité de 2019 The Arctic ne s’arrête pas là:
– Grâce à nos plateformes qui nous coûtent de l’argent (entre 1 et 4 $), on récolte 1 ressource par plateforme parmi 3 ressources différentes dont l’une est très difficile à avoir. Ces ressources sont la principale source de points de victoire: 1 ressource = 1 PV, 2 ressources différentes = 5 PVs et 3 ressources différentes = 10 PVs. Mais l’ont peut également échanger 1 ressource contre 1 $. A la fin de chaque tour, on ne peut stocker aucune ressource. On va donc être partagé entre gagner des PVs ou des $ nécessaires à la construction de nos plateformes.
– Une des actions disponibles est le changement des lois internationales. Il existe 3 lois différentes et à chaque lois correspond une manière différente d’attribuer les territoires aux nations. La propriété des territoires aux nations va donc régulièrement changer ce qui va rendre certaines plateformes illégales (celles n’appartenant plus à la nation d’origine). Une plateforme illégale est beaucoup plus difficile à protéger et risque d’être détruite rapidement. Ceci procure un certain chaos dans le jeu mais est applicable à tous les joueurs. Il va donc falloir prendre des risques mesurés…
– La Chine est la seule nation sans territoire et est donc plus difficile (comprenez plus coûteuse) à contrôler. Mais celui qui réussira à la contrôler arrivera à faire très mal à ses adversaires. De plus, l’avancée des Chinois pourra mettre un terme prématuré à la partie. Le joueur en tête aura donc tendance à vouloir les contrôler pour accélérer la fin de partie.
Et comment ça tourne?
Lors des 3-4 premiers tours, les joueurs n’auront qu’un seul objectif: pouvoir construire un maximum de plateformes. Ensuite, progressivement, le jeu va tourner au baston car les territoires disponibles pour y construire des plateformes se feront beaucoup plus rares. Les autres actions seront de plus en plus prises pour pouvoir construire des bateaux et les envoyer à la guerre dans un seul et unique but: détruire les plateformes adverses et pouvoir y construire des plateformes à soi. Le choix des actions se fera plus vaste car nous seront balancés entre l’influence de différentes nations pour pouvoir construire de nouvelles plateformes, détruire les adverses et protéger les siennes. Le jeu est très dynamique et ça bouge beaucoup.
Conclusions
2019 The Arctic n’est pas pour autant exempt de défauts: le choix des actions lors de 3-4 premiers tours est évident et on a l’impression de tourner en rond, le jeu est assez chaotique et un peu trop long. Une stratégie est difficile de mettre en place et on va plus profiter des opportunités qu’autre chose. Enfin, les règles sont assez complexes et remplies de petits détails à ne pas oublier. Mais il présente des mécaniques très originales, un fun certain lors des batailles et coups bas et aucun hasard (pas de dés ni de cartes).
Philrey212: 8,5/10
2019, The Arctic. Jeu futuriste autour des ressources naturelles de … l’arctique, bien vu 😉
La lecture des règles, avant le dernier Essen, m’avaient intrigué au point de revenir avec une boîte sous le bras. Les règles en elles-mêmes ne sont pas hyper compliquées, malgré les 9 phases. Après deux tours, on les a bien comprises. Même si la stratégie à suivre n’est pas évidente. En effet, il n’est facile de savoir quelle nation influencer pour gagner la partie. Pour ma part, je pensais bien maîtriser le sujet quand mes plateformes d’extraction de ressources se sont faîtes détruire en un tour. Et là, bonsoir pour revenir dans la partie. Car qui dit plus de plateforme dit plus de cash. Et sans cash, pas facile d’investir correctement dans de nouvelles plateformes.
Ce qui m’a le plus plu dans The Arctic:
+ la mécanique autour des « lobbyistes ». En effet, vos « lobbyistes » vous servent à influencer (càd faire des actions) une nation (parmi l’Union Européenne, les USA, le Canada, la Russie et la Norvège) afin de construire une nouvelle plateforme, construire de nouveaux navires, les déplacer (et attaquer s’il le faut), faire de la diplomatie, provoquer des troubles dans le pays, etc. Comme personne ne contrôle une et une seule nation en tout temps, il est important de bien identifier quelle nation peut vous aider à parvenir à vos fins.
+ L’échelle d’investissement est un style d’enchère. Ce qui est positif ici c’est qu’elle n’est pas utilisée tout le temps mais uniquement lorsque vous récupérer un « lobbyiste » d’une nation, volontairement (vous n’avez plus rien à faire là) ou pas.
+ Les plateformes produisent du pétrole, du gaz et des « concrétions ». J’aime le fait que ces ressources ne peuvent pas s’accumuler et doivent être échangées immédiatement soit contre du cash soit contre des points de victoire.
+ La dernière nation qu’on ne peut contrôler exactement comme les autres est la Chine. C’est elle qui a provoquée la fin de notre partie avant le neuvième et dernier tour.
Par contre, on pourra regretter:
– La qualité du matériel. En effet, plusieurs cubes ressources sont collés l’un à l’autre et impossible de les séparer (j’avoue que je n’ai pas sorti les pinces et autres tenailles)
– Le début de partie pour chacun d’entre nous est clair: on construit nos premières plateformes afin de s’assurer des ressources en fin de tour.
– Sur la longueur de la partie, on pourrait subir l’aspect un peu répétitif (ou peut-être est-ce parce que j’était loin derrière et que je ne parvenais pas à revenir dans le jeu)
– Contrôle-t-on vraiment notre stratégie? Je le pensais au début. J’hésite un peu plus à la fin. J’avoue que j’ai fait quelques erreurs en cours de partie (et notamment à la fin) que j’ai évidemment payées cash 😉
En bref, 2019, The Arctic est une excellente surprise du dernier Essen 2011. Encore quelques adaptation sur la qualité du matériel et sur le graphisme et je suis certain qu’on entendra encore parler de cette maison d’édition inconnue par chez nous.
Benoit: 8,9/10
Bon, je ne reviendrai pas sur la qualité médiocre du matériel (impossible de faire la différence entre le bleu et le vert!) – les qualités du jeu font que l’on oublie très vite cette critique!
Les règles sont nombreuses sans être complexes et créent un environnement très riche qui reste appréhendable… Ce qui fait de 2019, the Artic un jeu « presque » unique sont:
- on ne contrôle aucune nation dans la durée, mais malgré tout on ne pourra pas les influencer efficacement toutes… On doit donc faire des choix stratégiques sur le long terme…
- un environnement très changeant par les lois internationales qui varient en fonction de majorité obtenue par les lobbyistes
- l’absence totale de hasard
- la présence des chinois, un électron libre qui « coûte » assez cher mais qui apporte une dynamique super originale
En conclusion, 2019 the Artic, aurait fait partie de mon Top 3 en 2012 si le matériel avait été un peu soigné, mais n’hésitez pas si vous arrivez à le trouver…