Harald
Auteur(s): Remi Gruber
Illustrateur(s): Emmanuel Civiello
Editeur(s): RUNES Editions
Distributeur(s): Paille Editions
Ren: 8,5 /10
Excellente pioche aujourd’hui avec Harald, un de ces jeux faussement minimalistes que j’affectionne beaucoup quand leur ramage vaut leur plumage, ce qui est tout à fait le cas ici. Minimaliste donc, car c’est une (assez) petite boîte, avec 66 cartes (6 X 11 cartes identiques, donc il n’y a que 6 cartes différentes dans le jeu) et un mécanisme de jeu simplissime. Mais faussement car le jeu offre de vraies sensations ludiques. Certes nous ne sommes pas en présence d’un kubenbois, mais on ne va pas jouer à bataille non plus…
Avant de décrire le jeu en lui-même il faut souligner que les cartes sont magnifiquement illustrées, et pourvues d’une iconographie qui n’est peut-être pas instrinctive à la première lecture, mais qui, avec l’efficace carte aide de jeu judicieusement fournie pour chaque joueur, devient claire après 2 ou 3 tours de jeu à peine. Bravo monsieur Civiello! (auteur de BD et illustrateur, auteur notamment de La graine de folie et Korrigans)
Le jeu en lui-même maintenant. Le thème est héroic fantasy viking animalier (si si). Le roi Harald a réunifié son royaume, et bien évidemment tout le monde va vouloir faire le malin et avoir le plus d’influence possible sur sa majesté. Le but du jeu est donc d’avoir le maximum de points d’influence (=victoire) à la fin de la partie. La base est hyper simple: chaque joueur commence avec 5 cartes en main, piochées au hasard. Il en place une devant lui. Ensuite à son tour un joueur place 2 cartes: une dans la zone du Conseil du Roi (zone centrale commune à tous les joueurs) et une dans son village. Ensuite il peut, si il le souhaite, ce n’est pas obligatoire, appliquer l’effet spécial de la carte placée dans son village. Il faut savoir que chacune des cartes, qui représentent une combinaison animal/métier, je ne résiste pas à vous les donner (il n’y en a que 6):
forgeron sanglier
guerrier ours
barde renard
navigateur bouc
commerçant lynx
éclaireur loup
chacune des cartes, disais-je donc, a un effet spécial, et c’est ça qui va apporter tout son sel au jeu:
le forgeron permet de retourner 2 cartes (intéressant pour marquer des points dans certains cas, ou en faire perdre aux adversaires).
le guerrier permet d’enlever une carte de n’importe quel village, et de la remplacer par la première carte de la pioche
le barde permet d’échanger une carte de sa main avec une carte de son village
le navigateur permet d’échanger une carte de sa main avec une carte du Conseil
le commerçant permet d’échanger une carte de son village avec une carte d’un village adverse
l’éclaireur permet d’utiliser le pouvoir de la carte qu’on vient de poser au Conseil (ce qu’on ne peut normalement pas faire)
Ces effets vont évidemment doper l’interaction, puisque vous pouvez changer, échanger, enlever des cartes tout le temps, y compris chez les adversaires. Après un nombre de tours déterminé en fonction du nombre de joueurs la partie se termine, et on gagne des points de deux manières:
1. pour chaque animal on multiplie le nombre de cartes dans son village par le nombre de cartes dans le Conseil.
2. chaque animal, en plus de son pouvoir spécial, a une condition de points de prestige bonus. E.g. l’ours donne 1 point par renard dans la village, le sanglier donne 4 points si il y a plus d’ours que de sangliers, le loup donne 2 points par carte face cachée dans votre village….
Ces deux manières donnent pas mal de possibilités différentes, et le fait que dans la deuxième manière il y ait beaucoup d’interaction entre les conditions rend évidemment les choses beaucoup plus intéressantes, avec très souvent des dilemmes au moment de poser des cartes.
Au final ça donne un jeu très réussi, qui « en donne pour son argent » par rapport à sa taille et son aspect minimaliste. Le jeu est clairement très tactique, avec pas mal de chaos perçu (puisque les autres joueurs peuvent allègrement venir péter votre jolie stratégie amoureusement échafaudée en échangeant des cartes, en en retournant…). Donc si vous êtes allergique à cela n’essayez même pas le jeu, vous aurez des boutons. Mais il est plus fin qu’il n’y parait, car on peut affiner une stratégie au fur et à mesure de la partie, en fonction des cartes déjà jouées (« ha tiens il y a déjà eu beaucoup de forgerons, normalement on ne va plus me retourner de cartes »), en fonction de ses cartes, de la stratégie perçue des adversaires… Et puis le fait qu’on puisse impacter le jeu des autres amène évidemment beaucoup de plaisir jouissif! (« ho je retourne ton joli ours, ha ben c’est bête du coup tu as autant de sangliers que d’ours et tes 2 sangliers ne valent plus rien au lieu de valoir 8 points… ha ben c’est vraiment trop bête alors, je compatis »)
Durée super raisonnable, tactique mais pas que, rempli de pourrissement, magnifiquement illustré, un peu chaotique… un excellent petit jeu familial+, ou un excellent filler entre 2 gros jeux!
Tapimoket: 8/10
Je l’ai découvert au Brussels Games Festival 2015 chez Runes Editions qui m’avait déjà charmé avec King & Assassins, un jeu au concept vraiment original. Cette fois, c’est l’éditeur lui même qui en est l’auteur. Harald m’a, avant tout, attiré par ses superbes illustrations, même si certains trouveront la boite un peu « chargée ». Mais le jeu est très malin et chafouin à souhait. Les règles s’expliquent en quelques minutes et il ne faudra pas attendre longtemps pour démarrer la partie.
Dans Harald, le jeu se déroule dans un univers assez étrange mêlant des animaux et l’univers viking. Le but sera d’accumuler un maximum de points en posant des cartes devant soi, le village, et au centre de la table, le conseil du roi. En fin de partie, les cartes posées devant soi seront multipliées par les cartes au centre du même type de personnage pour donner des points de victoires. Par exemple, 3 ours devant soi et 4 au centre, donneront 12 points. Enfin, chaque type de personnage pourra donner des points supplémentaires selon certaines conditions. Par exemple si on a plus de guerriers que de forgerons, on aura 4 points supplémentaires, ou encore 1 point par navigateur présent au village.
Harald est un jeu plein de rebondissements puisque les majorités pourront changer, non seulement par les cartes posées au centre, mais aussi par les pouvoirs de certains personnages. En effet, au moment où l’on joue un personnage, chacun d’entre eux possède un pouvoir. Ceux-ci permettent, par exemple, de retourner des cartes faces cachées ou encore d’échanger des cartes avec le conseil du Roi au centre ou entre les villages… Il peut donc y avoir pas mal de bascules de majorités, et à tout moment vous pouvez vous trouver en danger si vous êtes le gagnant.
Harald est un petit jeu dans sa taille, il n’en demeure pas moins un jeu où il faut jouer avec prudence afin de ne pas dévoiler sa stratégie trop tôt et montrer trop vite que l’on gagne sous peine d’être la cible des adversaires. Il demande une bonne gymnastique de calcul et quelques astuces au fur et à mesure des parties pour bien comprendre les tactiques. Bien entendu, il faudra également tenir compte des cartes disponibles lorsqu’on complète sa main, avec à ce niveau une part de hasard du au tirage.
Les illustrations sont très jolies, un poil chargées pour la boite. J’aurais juste préféré de vrais vikings au lieu des animaux. Le jeu a une durée rapide de 8 tours et reste assez fluide. Le matériel est classique puisqu’il n’y a que des cartes, mais on apprécie le petit carnet de score fourni.
Dans une petite boite, c’est un bon jeu à emmener partout qui convient autant aux joueurs débutants qu’aux plus aguerris.