Antiquity
Auteur(s): Corné van Moorsel, Herman Haverkort, Jeroen Doumen, Joris Wiersinga
Editeur(s): Splotter Spellen
SwatSh: 9,5 /10
Cette année (2011) à Essen, la première chose que j’ai faite est d’aller voir le stand de Splotter afin de voir s’ils avaient réédité Antiquity. Et bien m’en a pris! Bon, le prix n’est pas donné (+/- 75 Eur) alors que le matériel est loin d’être sublîme et est assez vieillot (de nombreuses petites choses cartonnées, attendez-vous à plus de 2 heures de dépunchage). Malgré ces petits désagréments, le jeu a tenu toutes ses promesses.
Antiquity c’est tout d’abord autre chose que ces nombreux jeux actuels de pose d’ouvriers ou de deck building à la Dominion. Le jeu n’est pas si complexe que ça. 10 pages de règles expliquées en 1 heure. Antiquity se joue en 10 phases dont voici les plus importantes:
1) Construire des bâtiments dans ses villes
Une ville correspond à un carré de 7 cases sur 7 et il est impossible de placer tous les bâtiments possibles dans 1, 2 voire même 3 villes. Chaque bâtiment apporte des bonus très intéressants, il va donc falloir faire des choix, loin d’être évidents. De plus, pour pouvoir bénéficier de ces bonus, il va falloir y placer vos bonshommes. Et on n’en a jamais assez. Chaque tour, on va donc décider quels bâtiments vont donner leur bonus et de quels autres on va se passer ce tour-là.
2) Construire des bâtiments dans la campagne
Ces bâtiments vont permettre de récolter les nombreuses denrées disponibles grâce, encore une fois, à ses bonshommes (bois, pierre, or, olives, moutons, blé, vin, poisson, teinture et perle). Toutes ces denrées vont permettre de construire d’autres bâtiments ou villes ou de satisfaire à certaines conditions de victoire…
3) Eviter la famine et la pollution
C’est là la grande difficulté d’Antiquity. A chaque tour, on va voir si on pollue en fonction des bâtiments de sa ville. Si on pollue, on doit rendre certaines cases de sa campagne polluées ce qui revient à ne plus pouvoir récolter des denrées sur ces terres. De plus, à chaque denrée qu’on récolte, on va polluer la case où on l’a récoltée. Autrement dit, chaque case ne sait produire qu’une seule fois. On n’aura donc pas trop le choix: s’étendre au plus vite et construire d’autres cités afin de quitter toutes ces terres polluées sauf si on décide de tout nettoyer… Mais attention, tout ne se nettoie pas. Un arbre, lorsqu’il est coupé, ne repousse pas. Il va donc falloir chercher son bois ailleurs…
Mais ce n’est pas tout, le plus dur est de gérer la famine. A chaque tour, la famine augmente d’un cran et il va être de plus en plus difficile de gérer cette famine. Pour chaque point de famine qu’on ne sait pas contrer par un bâtiment ou une nourriture en stock, on va devoir placer une tombe dans sa cité. Les tombes prennent de la place et empêchent de construire des bâtiments. De plus, lorsqu’il n’y a plus de place dans vos cités, les tombes se placent sur vos bâtiments et les empêchent de produire leur bonus. Enfin, s’il n’y a plus de place sur vos bâtiments et villes pour placer les tombes, vous perdez le jeu. Cette gestion est très contraignante et il va falloir être très attentif à gérer au mieux cette famine afin de ne pas se faire couler par le jeu.
Enfin, le dernier trait de génie d’Antiquity que je n’ai jamais vu dans un autre jeu, c’est que ce sont les joueurs eux-mêmes qui décident de leurs propres conditions de victoire! Un des bâtiments à construire dans sa ville est la cathédrale. Dès qu’on construit sa cathédrale, on doit décider du Saint qu’on va adorer entre 5 Saints possibles. Chaque Saint va déterminer les conditions de victoire du joueur: construire tous ses bâtiments, avoir chaque denrée en 3 exemplaires, atteindre tous les espaces gérés par un autre joueur, avoir 20 hommes disponibles. De plus, chaque cathédrale apporte un bonus qui vous aidera à atteindre son objectif. Autrement dit, il vaut mieux ne pas trop tarder pour construire sa cathédrale afin de bénéficier de son bonus au plus vite mais inversement, vos compagnons connaîtront alors rapidement vos conditions de victoire et essayeront de vous mettre des bâtons dans les roues. Fabuleuse mécanique même si certaines conditions semblent plus faciles à atteindre que d’autres.
Ce qui est fantastique dans Antiquity c’est que clairement, il existe différentes stratégies gagnantes. Dans notre partie, Philrey a construit d’autres bâtiments que moi dans sa ville de départ et d’autres bâtiments ruraux dans la campagne et malgré cela, nous avons réussi à avoir les denrées nécessaires à la construction d’une seconde ville en même temps et quelques heures plus tard, avec des stratégies totalement différentes et des conditions de victoire différentes nous avons atteint notre objectif au même tour. Incroyable!
Malgré le fait qu’on est très souvent plongé dans la complexité de la construction de nos bâtiments et des contraintes de famines et de pollution, l’interaction est assez présente car on va vite se marcher sur les pieds sur cette carte devenue vite trop petite. Les 4 heures de jeu passent très vite et on se surprend à repenser à sa partie de nombreux jours après cette dernière. Antiquity mérite sa réputation de légende des jeux de plateau!
Philrey212: 9/10
Je rejoins SwatSh pour le style de jeux différent même s’il y a quand même du placement dans notre ville. Même avis concernant la qualité des composantes et vu son prix, on aurait pu en attendre plus. D’un autre côté, avec plus de 900 pièces, pas facile de fare autrement que le carton. Néanmoins, certaines pièces de carton (comme celles formant le tableau de jeu) auraient pu être plus épaisses.
Mais Antiquity offre de belles heures ludiques. En effet, chacun dispose d’une cité de départ dans laquelle il construira des bâtiments. Et ici, bonjour Tetris. Il s’agit de bien placer les bâtiments, de formes variées, afin de ne pas être bloqué. Et quand votre cité est complète (ou presque) et bien il vous suffit d’en développer une deuxième, dans laquelle on construit d’autres bâtiments. Evidemment, chaque construction exige des ressources. Ressources que l’on récupère en dehors des villes. Il faut donc aussi veiller à avoir une zone d’influence assez large pour pouvoir récolter les ressources nécessaires à sa propre expansion.
Vient alors la pollution. Et oui, récolter ou produire des ressources a un effet néfaste sur l’environnement. Et une prairie polluée ne peut plus être cultivée. Pas avant d’en avoir fait le nettoyage. Et la boucle est bouclée. La tension est présente dès le deuxième tour. Le premier obstacle est la construction de sa deuxième cité car on arrive vite à saturer sa première. Et notre ressource du début, le bois, est largement insuffisante.
La tension monte encore de quelques crans lorsqu’il faut gérer la famine en plus de la pollution. La pollution, comme déjà expliqué, touche les terres en dehors de nos cité. La famine va nous obliger à construire (gratuitement, je vous rassure) des tombes dans vos cités, ce qui va occuper des espaces précieux. Dans notre partie, un joueur a tout de suite limité sa pollution tandis que l’autre a contré la famine plus rapidement.
J’ai quand même omis un élément: les bâtiments que l’on construit dans nos cités ont évidemment des fonctions bien précises. Il faudra donc faire un choix ici aussi car on ne pourra pas tout construire tout de suite.
Bon, je vais arrêter avec les mécanismes présents dans Antiquity. SwatSh en a déjà repris les plus importants. Mon but est plus d’essayer de faire passer la mécanique générale, la difficulté des choix, les contraintes auxquelles sont confrontés les joueurs, etc. Bref, toute la richesse qu’offre Antiquity.