Pharaon
Auteur(s): Henri Pym, Sylas
Illustrateur(s): Christine Alcouffe
Editeur(s): Catch Up Games
Distributeur(s): Blackrock Editions
Mécanisme(s): Asymétrie, Collection, Déplacement d'ouvriers, Gestion de ressources
Extensions: |
Tapimoket : 9/10
Un beau jeu
Enfant de pharaon que vous êtes, vous avez pour mission de préparer, tout au long de votre vie, votre passage vers l’au delà. Bien entendu, il y aura la construction de votre future chambre funéraire, mais également tout le prestige que vous aurez pu accumuler durant votre existence ! Le plus prestigieux d’entre vous pourra alors se reposer tranquillement, car il sait qu’il aura attiré à lui la faveur des dieux.
Pharaon se présente dans une superbe boite à la fois si sobre mais tellement intrigante mise en valeur par quelques liserés d’or.
A l’intérieur un immense plateau à monter avec un centre rotatif, un système qui apportera des variantes entre chaque partie et même durant la partie. Ne tergiversons pas deux heures, il faut avouer que Pharaon est un beau jeu !
Bien entendu, avec ce foisonnement de matériel, on comprend tout de suite, qu’on est plutôt dans le jeu pour joueurs habitués, sans toutefois atteindre le niveau expert. Comptez quand même 10 à 15 minutes d’explications, bien que tout cela soit très bien iconographié sur le jeu. Comme on le dit ici sur Vin d’jeu, on est donc, malgré tout, dans la catégorie « intermédiaire »
Billet d’entrée
Pharaon se déroule en cinq manches. Durant celles-ci les joueurs pourront effectuer des actions différentes parmi les 5, plusieurs fois la même s’ils le veulent ou le peuvent. En effet, pour avoir accès à une action, il faut non seulement payer un coût en ressource, mais s’assurer qu’il reste des emplacements libres pour le faire. Là où Pharaon a sa première originalité, c’est qu’il faut payer cette ressource d’accès sur une roue qui va tourner entre chaque manche et
le type de coût va donc changé d’une manche à l’autre.
Il sera stratégique d’en tenir compte ! En effet, vous pourrez, par avance, savoir que la roue va tourner et prévoir la réduction de vos actions en dépense de ressources. En effet, chaque action aura également un coût en ressource, mais vous pourrez inclure la ressource qui vous a donné accès à l’action. Par exemple, si l’action de construction de votre chambre funéraire demande une ressource bleue de commerce et une verte, il est plus intéressant d’attendre que ce soit justement un accès en ressource bleue ou verte qui soit demandé au moment où vous allez faire cette action, puisque vous n’aurez plus qu’à ajouter celle manquante. Tout cela demande donc de bien surveiller ses ressources pour en dépenser le moins possible !
5 Actions pour la vie éternelle
Sur le plateau, Il existe donc 5 actions possibles :
- Construire sa chambre funéraire qui peut rapporter jusqu’à 60 points de prestige, ce qui représente quasiment la moitié d’un score moyen. Toutefois, il faudra la réaliser 7 fois quand même ! Ce qui veut dire plus d’une fois sur certaine manche, sachant que le coût monte de plus en plus en nombre de ressources à investir.
- Recruter un artisan pour 3 ressources identiques. Les artisans sont un excellent moyen de gagner des points de prestiges (de 2 à 10!) et des ressources. Bien entendu, plus vous prenez de points, moins vous avez de ressources sur la même carte.
- Faire des offrandes. On y gagne peu de prestige, mais c’est un moyen peu coûteux d’avoir des ressources !
- Faire du commerce sur le Nil avec un mixe de deux ressources (+ éventuellement celle de l’accès à l’action). Cette action donne aussi des ressources, mais permet de grimper sur des échelles qui donneront aussi du prestige.
- Et enfin, s’entourer de nobles qui sont des cartes qui apportent des bonus non négligeables pour, le plus souvent, toute la partie (soit une fois / manche, soit en permanence). On pourra avoir par exemple, la faculté de se déduire de payer l’accès à une action, très pratique si tous les emplacements sont pris ! Toutefois, s’il sont puissants, ils sont très chers (5 ressources différentes)
Quand je passe, je gagne encore
Les joueurs jonglent ainsi entre les places et les coûts des actions afin d’accumuler des ressources pour continuer sur le tour en cours ou se préparer au suivant, mais aussi, bien sûr, pour engranger des points de prestiges pour le décompte de fin de partie. Chacun joue ainsi jusqu’à ce que tous les joueurs aient passé pour la manche suivante, soit par volonté, soit faute de pouvoir réaliser une action de plus.
Et là aussi Pharaon apporte une touche originale !
Non seulement seulement le joueur qui passe pourra se choisir un vase canope parmi un plus grand choix (choix qui va se réduire au fur et à mesure que les joueurs passeront), mais lorsque revient son tour de jouer, il bénéficiera d’un bonus à chaque passage, comme le gain d’une ressource, le gain d’une ressource joker, la prise d’une offrande. Ce n’est pas un gain énorme, mais bien géré cela peut s’avérer stratégique.
Enfin, lors de la partie, il existe aussi des objectifs à réaliser pour les dieux. Cela ne demande pas de coût en ressources, mais de réaliser des conditions, comme accumuler un certain nombre d’artisans, ou encore avoir grimpé sur les échelles du Nil à certains niveaux, etc … Ce qui est également original sur Pharaon, c’est qu’il y aura de petites variations de combinaisons d’objectifs du fait de l’assemblage variable du plateau.
Un jeu d’antiquité plein d’idées innovantes
Si certes, on reste sur un socle classique de gestion d’actions, Pharaon contient de très bonnes idées qui lui apporteront une véritable identité pour se distinguer des autres. J’aime beaucoup la variabilité apportée par l’assemblage modulaire, la gestion du coût des ressources en fonction de la rotation centrale et surtout, le système de bonus lorsqu’on a passé !
Une partie en appelle une autre car on a compris qu’elle sera probablement différente et la profondeur est suffisante pour avoir envie d’exploiter toutes les possibilités et les différents axes de victoire. Les cartes nobles étant très chères, il est difficile de les utiliser toutes. Ainsi, là aussi, on aura envie de les découvrir sur d’autres parties et de les combiner différemment.
Pharaon est relativement abordable et n’est pas réservé aux joueurs experts, bien que ceux-ci y trouveront un réel intérêt et voudront sans doute améliorer sans cesse leur score.
Enfin sa durée le rend très agréable et plutôt facile à mettre en route.
C’est un de mes coups de cœur pour moi !
SwatSh: 8/10
Les jeux de Catch Up Games (CuBirds, Paper Tales,…) m’ont toujours séduits mais là, avec Pharaon, ils m’ont scotché ! Je ne m’attendais pas à une telle claque et oserais-je déjà annoncer que Pharaon est leur meilleur jeu ?
Pharaon est un jeu intermédiaire très intéressant et très original. J’ai adoré le système de plateau modulaire lié aux objectifs modulables 😉 Grâce à ce système, chaque partie est différente et va imposer des stratégies différentes. Ces stratégies peuvent d’ailleurs être très variées et se baser sur l’accomplissement de différents niveaux minimum à atteindre ou sur un approfondissement au choix du joueur. On peut donc tout aussi bien viser d’atteindre le maximum d’objectif des dieux ou se limiter à un ou deux dieux mais en allant au bout de l’objectif du dieu car, bien souvent, les points sont exponentiels pour chaque dieu.
Le système de placement d’ouvriers de ressources est lui aussi excellent. La roue de ressource qui tourne oblige un timing précis si on veut optimiser sa dépense de ressources. Evidemment, on ne sait pas toujours prévoir les actions futures de ses adversaires et une planification exacte n’est pas possible. Il vous faudra alors de temps en temps sacrifier votre optimisation au profit d’une action trop importante pour risquer de ne pas la réaliser.
J’ai bien aimé aussi les différents pouvoirs des cartes pharaon qui peuvent orienter votre stratégie et vos choix tactiques si vous voulez en profiter un maximum.
Enfin, le mode solo est extrêmement bien foutu et simule parfaitement le jeu d’un adversaire. Il va même plus loin puisque vous allez devoir prendre des choix d’action pour l’automa. Evidemment, vous viserez les choix les moins lucratifs pour lui mais, même ici, ces choix additionnels ne sont pas toujours évidents. Bref, un des rares modes solo avec lesquels j’ai plaisir à jouer.
Je regrette néanmoins deux aspects. Tout d’abord l’absence de planification. Même s’ils cadrent dans une certaines stratégie, vos choix seront essentiellement tactiques et rarement vous pourrez réaliser des planifications à court ou moyen terme en prévoyant des enchainements d’action (d’abord je vais faire ça, pour ensuite pouvoir faire ceci,…). Ce type de planification n’existe que très peu dans Pharaon tant on ne sait pas si la case action qu’on convoite ensuite ne sera pas prise par un adversaire d’ici-là. De plus, j’aurais aimé plus de profondeur et d’interaction entre les différentes actions. Les actions sont un peu trop simples et fort indépendantes les unes des autres. Chaque action, en gros, va permettre de gagner des ressources et/ou des PVs. J’aurais aimé des enchainement et combinaisons plus profondes entre les différentes actions. L’idée de l’objectif du masque du pharaon est pour cela géniale et apporte un peu de tension et de course entre les joueuses. Dommage qu’il n’y ai qu’un seul masque pour chaque partie et qu’il propose toujours le même objectif.
Il ne faut néanmoins pas bouder son plaisir. Pharaon est une bombe dans la catégorie des jeux intermédiaires. Il reste très simple tout en proposant des mécaniques originales, de la gestion de ressources et des choix tactiques et stratégiques ainsi que pas mal de cartes aux pouvoirs variés et intéressants.
Nouvelles parties
Après plusieurs parties, je descends légèrement ma note car, en fonction de la stratégie que vous allez choisir, le jeu sera plus ou moins amusant pour vous. En effet, ce qui est super plaisant dans Pharaon, c’est quand votre stratégie inclut les cartes nobles. Jouer avec les cartes nobles est super fun car, non seulement elles vont vous donner des avantages permanents dont vous pourrez profiter tout au long de votre partie mais également des objectifs de points de victoire qui vous donneront envie de les remplir. Si votre stratégie vous oriente vers des dieux éloignés de ces cartes, vous pourrez passer votre partie entière sans vraiment jouer avec ces cartes rendant le jeu beaucoup plus monotone et plat.
Ren: 8/10
Back to business! Enfin! Après une longue période de sevrage sanitaire j’ai retrouvé mes camarades de Vin d’Jeu pour reprendre où nous en étions. Purée que c’est bon de faire une soirée jeux!!! Et pour reprendre les bonnes habitudes je découvre ce Pharaon ma foi de bonne facture.
On a ici pas mal d’ingrédients qui font un bon jeu moderne: un plateau évolutif qui oblige à rester attentif tout au long de la partie et force à s’adapter, le plateau qui changera à chaque partie, du beau matériel (bien dans le thème), un mélange entre tactique (beaucoup) et stratégie, du placement d’ouvrier, de l’interaction indirecte (légère), plein de manières de gagner des points, une durée raisonnable…
Tout ça donne un bon jeu, qui présente 3 « défauts » (entre grands guillemets): premièrement, et malgré l’une ou l’autre idée un peu originale (le bonus qu’on reçoit à chaque tour quand on a passé et que d’autres joueuses continuent à jouer par exemple), la sensation générale est hyper classique. Vous établissez plus ou moins une stratégie, vous visualisez ce que vous allez faire pour aller dans cette direction, puis vous optimisez tactiquement pour aller dans cette direction. Vous récoltez vos ressources, les utilisez au mieux et scorez à donf à la fin de la partie (scoring classique pour ce genre de jeux par ailleurs, c’est-à-dire qu’il vaut mieux aller au bout d’une piste plutôt qu’à moitié sur deux, bref la bonne petite salade de points classique). Rien de mal fait, bien au contraire, c’est de la belle ouvrage, mais il n’y a pas beaucoup de surprise, d’inattendu.
De 2 le système de scoring va vous obliger à vous concentrer sur une ou deux manières de scorer, pour maximiser vos points. Du coup dans pas mal de cas vos parties vont être assez dirigées, à partir d’un moment vous devrez uniquement vous focaliser sur 2 ou 3 aspects max, et laisser complètement tomber le reste. A nouveau rien de mal fait (plein de jeux présentent cette caractéristique) mais ça va rendre pas mal de vos parties plus linéaires, prévisibles.
Et de 3 vous n’avez pas d’effet waouw. Chacune optimise ses coups, sa récolte de ressources, on essaye gentiment de bloquer des emplacements intéressants pour les autres joueuses… mais il n’y a pas d’excitation, vous êtes rarement complètement bloquée, il n’y a pas vraiment de montée en puissance… bref il n’y a pas le ou les 2/3 éléments qui feraient passer le jeu dans une autre dimension.
Au final on a un bon jeu, agréable, un poids intermédiaire certes un peu aride mais qui tient la route. Il y a 15 ou 20 ans on aurait peut-être même crié au génie. Aujourd’hui, vu l’incroyable qualité et l’abondance de la production ludique, Pharaon est « juste » un bon jeu (mais c’est déjà pas mal!)
Dan: 8/10
Au premier coup d’œil, le plateau du jeu est très tentant. Roue circulaire centrale (à pivoter à chaque tour) et un plateau circulaire plus large composé de 5 parties avec des dieux aux intersections de ces parties.
Les règles ne sont pas trop complexes pour un jeu expert/intermédiaire et le jeu est assez fluide. Malheureusement, Pharaon manque un peu d’originalité avec des principes de collecte et d’échange de ressources très classiques.
Je l’ai personnellement trouvé très linéaire (sans l’être de trop), peut être à cause de la stratégie que j’avais choisie suite à la carte noble héritée en début de jeu et qui me poussait clairement à privilégier la chambre funéraire.
Une stratégie basée sur les cartes nobles permet sans doute de rendre son jeu plus évolutif mais le plaisir à jouer un jeu ne devrait pas dépendre de la stratégie suivie. Bref, un sentiment un peu mitigé même si Pharaon n’est pas un mauvais jeu.