Viticulture
SwatSh: 9/10
Après Vinhos (Notre Vin d’jeu d’l’année 2011), nous, à Vin d’jeu, passionnés de vin et un peu de jeux mais juste pour aller avec 😉 ne pouvions pas passer à côté de Viticulture. Surtout que son éditeur et auteur ne sont autre que ceux qui nous ont fait Euphoria qui nous plaît bien ici à Vin d’jeu.
Dans Viticulture, on va donc cultiver … du vin ! Pour cela, on a un système central de placement d’ouvriers assez classique. Mais tout d’abord, on a une phase de détermination de l’ordre du tour proche de Steam. A partir du premier joueur (le premier joueur tourne de façon horaire entre les joueurs), chacun va choisir sa position dans l’ordre du jeu et au plus on choisit une position éloignée du 1er joueur, au plus le bonus est important. Mais, contrairement à Steam, ces bonus ne compensent malheureusement pas l’avantage d’être tôt dans l’ordre du tour si bien que c’est une phase bien souvent automatique : le premier prend la première place, le second la deuxième,… à de quelques rares exceptions près…
Le système central est donc un placement d’ouvriers. Les places pour chaque action sont limitées et bien entendu moins nombreuses que le nombre de joueur. Pour chaque action, il y a une case donnant un petit bonus (+1 pièce, +1 carte,…), c’est d’ailleurs ce bonus, en plus des choix plus nombreux, qui rend la position de premier joueur si intéressante. Les différentes actions permettent de :
1) Gagner de l’argent
2) Engager de nouveaux ouvriers
3) Piocher 1 carte vigne
4) Planter des vignes
5) Récolter les grappes de raisins
6) Vendre des grappes de raisins
7) Transformer ses grappes en vin
8) Piocher 1 carte client
9) Vendre son vin aux clients
10) Piocher une carte action été/hiver
11) Jouer 1 carte action été/hiver
12) Construire un bâtiment qui donne certains bonus. Il existe 8 types de bâtiment différents, et chacun plus intéressants que les autres. Autant vous dire que les choix sont cornéliens.
A la fin d’un tour, un peu comme dans Vinhos (et aussi dans la réalité 😉 ), le vin vieillit et toujours pour un mieux. Au plus un vin est vieux, au plus il vous rapportera.
Viticulture est donc assez classique mais quelques éléments lui donnent une certaine originalité :
– Le jeu des saisons : Tout comme dans le magnifique Terres d’Arle, le jeu suit les saisons et certaines actions ne sont possibles qu’en été alors que d’autres qu’en hiver. Les 2 idées sont tellement proches qu’on se demande s’il n’y en a pas un qui a copié sur l’autre. Terres d’Arle va néanmoins légèrement plus loin en permettant d’exécuter une action de la saison opposée.
– Le matériel : Tout comme Euphoria, Viticulture est issu d’une campagne Kickstarter ce qui lui permet de proposer un matériel somptueux en bois qui apporte vraiment quelque chose au jeu et va nous donner encore plus l’envie d’y revenir !
– Le jeu de la carte : Viticulture est un jeu dirigé par les cartes. En effet, vous pouvez voir ça dans les actions mises en gras : 3-4-8-9-10-11. Le cœur du jeu est bien cette gestion des cartes. Le hic c’est que ces cartes sont piochées à l’aveugle dans la pioche sans aucun choix, on va donc devoir faire au mieux avec les cartes piochées et orienter son jeu en fonction.
> L’action 3) permet de recevoir des cartes vignes sur lesquelles sont inscrits la couleur du vin produit (blanc ou rouge) ainsi que sa valeur (entre 1 et 3). Au plus sa valeur est importante, au mieux c’est, mais au plus de contraintes vous aurez pour pouvoir réaliser l’action de planter la vigne dans un champ (action 4)). En effet, les vignes les plus lucratives vont exiger la construction de certains bâtiments pour pouvoir être plantées dans un champs. Evidemment, au plus vous tirerez des cartes vignes demandant les mêmes bâtiments, au plus vous serez avantagés… L’action 5), récolter les grappes est fort liée aux cartes vignes piochées et plantées puisque vous allez recevoir du vin de la couleur et de la valeur de vos cartes que vous pourrez soit transformer en vin (action 7)) pour un vin de même valeur, soit vendre (action 6)) pour gagner des sous en fonction de la valeur du vin.
> L’action 8) permet de piocher des cartes clients qui fonctionnent comme des cartes objectif. Les clients exigent une couleur et une valeur de vin. Au plus les cartes vignes et les cartes clients sont compatibles, au plus vous aurez la chance de vous rapprocher de la victoire 🙂
> Les actions 11 et 12 permettent de piocher des cartes bonus qui orienteront votre jeu si vous voulez en profiter pleinement.
Viticulture est donc un très beau jeu et bon tant on peut l’accompagner de vin de garde 😉 , assez classique dans sa mécanique de base mais qui, pour un jeu de placement d’ouvriers, arrive à nous étonner tant le jeu de la carte est central. Je regrette juste que les pioches soient si aléatoires. La difficulté est bien sûr de tirer le meilleur profit des cartes à votre disposition et ça vous promet de belles réflexions et choix difficiles.
Nouvelles parties (I)
Waouw! En mini-trip avec des potes (dont Ren & Dan) pour la coupe du monde de Rugby, étant tous les 4 également amateurs de jeux ( 😉 ), on avait pris un stock de jeux avec nous : 7 Wonders, Tzolkin, Race For the Galaxy, jeu de cartes, Tichu,… Mais le grand vainqueur est sans conteste : Viticulture ! 5 parties d’affilée en 5 jours, waouw ! Je pense encore ne jamais avoir fait ça ! Un marathon de Viticulture ! Oui, le jeu est très bon bien sûr, mais il est également immersif, addictif et très plaisant.
Certes, Viticulture présente des défauts : -Le tirage des cartes se fait de manière totalement aléatoire -Les cartes sont déséquilibrées : certaines donnent des avantages plus importants que d’autres, certaines sont plus avantageuses si elles sont tirées plus tôt ou plus tard dans la partie,… -La mécanique d’enchère pour l’ordre du tour aurait pu être mieux calculée car les choix sont évidents : il faut se placer très tôt dans le tour de jeu -L’action permettant d’engager un nouvel ouvrier est obligatoire (si on veut prétendre à la victoire) à chaque tour et donne une orientation uniforme pour tous les joueurs en début de partie jusque quand on aura tous engagé les 3 ouvriers du stock. Ceci limite bien entendu les choix en début de partie et on aurait pu tout simplement débuter la partie avec tous ses ouvriers sans proposer cette action que tout le monde choisit. -L’ordre du tour est important et comme une partie ne se termine pas après que tout le monde ait pu être le même nombre de fois premier joueur, être premier ou deuxième en début de partie est un avantage indéniable.
Mis à part ça, Viticulture c’est que du bonheur. La variété des cartes et le grand nombre de possibilités d’action permet une grande variété de parties dont on ne se lasse pas. On ne fait jamais 2 fois la même partie et c’est jubilatoire. De plus, le jeu permet des approches gagnantes différentes surtout dans l’ordre des actions : Quelles constructions je bâtis en premier et lesquelles je me réserve pour plus tard, quelles cartes vais-je d’abord jouer, vais-je directement produire du vin ou attendre un peu,… Autant d’orientations de partie différentes apporte évidemment des choix différents, nombreux et nécessaires pour bien planifier ses actions à long terme. J’étais passé légèrement à côté de ma première partie mais ces dernières m’ont totalement réconcilié avec le jeu pour augmenter ma note à un bon 8/10 largement mérité !
Nouvelle partie (II)
Comme le bon vin, Viticulture s’améliore et se découvre de parties en parties. Je pensais en avoir fait le tour mais ces dernières parties ont confirmé toutes les richesses de ce jeu dont aucune partie ne se ressemble. Le jeu reste très tactique mais l’optimisation de vos coups reste primordial. Faire une action « au cas où » peut vous être fatal tant l’optimisation de vos actions est cruciale dans cette course effrénée.
Et aucune stratégie ne prévaut. Alors que je pensais les cartes saisonniers indispensables, le gagnant de notre dernière partie n’a pas construit le bâtiment permettant d’en piocher un à chaque tour et n’a pas investit dans l’argent ce qui lui a nécessité plusieurs visites de son domaine au détriment d’autres actions. Quelle richesse stratégique ce Viticulture!
Rien que du bonheur ludique qui ne peut que m’encourager à augmenter ma note à 9/10!
Ren: 9,5 /10
Viticulture… un titre pareil ne pouvait qu’attirer notre attention à Vin d’jeu ! Et Viticulture n’a pas fait qu’attirer mon attention, il m’a séduit, convaincu, conquis!
Au départ nous avons affaire à un jeu de placement d’ouvriers tout ce qu’il y a de plus classique. En résumé ultra rapide (suis pressé, j’ai une réunion qui commence dans 3 minutes) : on choisit l’ordre du tour (qui a son importance, vous allez comprendre plus bas) : le premier qui a passé au tour précédent choisit à quelle place il veut être ce tour-ci (et prend le bonus qui va avec), puis le deuxième et ainsi de suite. Puis on commence à placer ses chtis ouvriers, un par un, chacun son tour. Nous allons obtenir des cépages (via des cartes), planter de la vigne, construire des bâtiments (soit qu’ils soient nécessaires à d’autres actions, soit pour augmenter l’efficacité d’autres), récolter de la vigne, presser du raisin, recruter de nouveaux travailleurs, réaliser des assemblages (seul détail dénotant dans la thématique par ailleurs super bien rendue : pour obtenir un rosé il faut assembler du rouge et du blanc, oui les puristes vous pouvez vous étrangler! 😉 ), réaliser une commande pour un client ou encore prendre des cartes bonus. Jusque-là rien de bien surprenant me direz-vous, je place mes ouvriers sur les cases actions, il me semble que j’ai déjà vu ça 7843 fois dans d’autres jeux. Et vous aurez raison.
Mais il y a deux points à noter qui vont sûrement vous faire changer d’avis : de 1 il y a 2 saisons, été et hiver. Les différents actions disponibles se réalisent à une saison précise. Donc les ouvriers (en nombre limité) que vous utilisez en été ne seront plus disponibles en hiver, et vice-versa (l’été se jouant avant l’hiver). Si on sait que les actions pour produire son vin doivent évidemment se faire dans le bon ordre (obtenir des cépages avant de planter la vigne avant de la récolter avant de presser le raisin avant de réaliser des assemblages avant de réaliser une commande pour un client) on sent déjà poindre une délicieuse planification millimétrée tout à fait miam miam.
De 2 si on ajoute à ça que le nombre d’emplacements possibles pour chaque action est limité (et que le premier emplacement pour chaque action donne un bonus), ça donne une interaction (indirecte) énorme entre joueurs, puisque non seulement vous devez réfléchir à ce que vous voulez/devez faire, mais aussi à ce que les autres feront probablement. Le risque existe de ne pas pouvoir réaliser une action voulue, soit parce que vous avez mal planifié, soit parce que vous avez mal estimé ce que les autres allaient faire (quel boulet vous êtes!), soit parce qu’un des autres joueurs a décidé de vous emmerd**, parce que lui a bien compris ce que vous vouliez faire! (l’enfoiré, que sa famille soit maudite jusqu’à la 194ème génération!). Or interaction entre joueurs dans un jeu de société = ce pour quoi on est venu, donc méga miam miam.
Vous ajoutez un très beau matériel, un thème très bien rendu, vous secouez le tout et qu’obtenez-vous ? Du plaisir. Un jeu label rouge/fairtrade/AOP/AOC/IGP/bio/Oxfam (biffez les mentions inutiles). Vous appelez ça comme vous voulez moi j’appelle ça du plaisir. Bien sûr le jeu n’est pas exempt de défauts (c’est d’ailleurs pour ça que je ne lui donne pas 10). J’en vois 3 principalement: les cartes bonus ne semblent pas parfaitement équilibrées, certaines paraissant (beaucoup) plus fortes que d’autres, alors que d’autres ne servent qu’au début ou à la fin de la partie (et donc si vous piochez une carte début à la fin ou vice-versa, ben c’est dommage). Deuxième défaut, il est clair après une partie qu’il faut absolument recruter le maximum d’ouvriers le plus vite possible, sans quoi vous serez largués. Donc pas possible de gagner sans être au maximum d’ouvriers (ce qui est tout à fait le cas à Agricola par exemple). Donc tout le monde va prendre cette action d’office, tout le temps, le plus possible. Et troisième défaut les bonus pour le choix d’ordre de tour ne sont pas suffisamment attractifs / différentiants pour que vous déviez de l’ordre: je suis premier à choisir je prends premier joueur, je suis deuxième à choisir je prends deuxième joueur… (en tout cas pour les 2 premiers c’est sûr). Ce dernier défaut peut être facilement atténué puisqu’il vous suffit de changer vous-même les bonus si vous le souhaitez.
Mais ces menus défauts ne diminuent en rien le plaisir que vous ressentirez. Je comparerais ces défauts au sucre dans la bouche et à la boule dans l’estomac que vous ressentez quand vous faites une soirée « jeux + orgie de marshmallows et/ou de melocakes ». Vous savez que c’est composé uniquement de sucre et de produit chimiques (vu qu’il y a autant de chocolat dans un melocake que de cheveux sur la boule à zéro de feu mon grand-père). Vous savez que vous aurez mal au ventre à la fin de la soirée, mal aux dents, que vous allez passer une mauvaise nuit. Mais si on vous propose une autre soirée la semaine prochaine, vous dites oui tout de suite ! Ben voilà avec Viticulture c’est pareil. Oui vous allez devoir faire l’action recruter un ouvrier le plus souvent possible jusqu’à avoir le maximum d’ouvriers. Et oui vous allez sûrement avoir de la malchance au tirage des cartes « passque les zotres ils font rien qu’avoir de la chance ». Mais si on vous propose une partie vous allez dire oui tout de suite!
Dan: 9,5/10
Qu’il est bon de revoir un ami que l’on n’avait plus croisé depuis tout un temps! 🙂
Nous avions joué plusieurs parties il y a 3 ans et j’ai immédiatement retrouvé le plaisir de ce qui m’avait déjà tant plu à l’époque. Complexe mais pas trop compliqué, très bien équilibré dans le choix des actions avec un mécanisme de saison subtil, extrêmement interactif au niveau du plateau de jeu. Bon à 3 mais aussi à 4, 5 ou 6 joueurs, Viticulture n’est pas trop long mais assez profond. Il a tout pour plaire aux experts et mêmes aux joueurs occasionnels.
Le thème est en outre bien rendu. On plante des vignes qui produisent des raisins que l’on transforme en vin.
Sans aucun doute, un de mes jeux préférés.
PhilRey: 8,5/10
Enfin, une première partie pour moi de Viticulture. Après tous ces échos positifs des autres membres de Vin d’Jeu, j’avais hâte. Et je ne fût pas déçu.
Je ne reviendrai pas sur les différentes mécaniques car elles sont déjà largement décrites ci-dessus. Par contre, voici ce que j’ai bien apprécié:
- Les saisons: nos ouvriers sont disponibles pour l’année. Si vous les utilisez tous vos ouvriers pendant l’été, vous ne pourrez plus en effectuer pendant l’hiver. Et les actions disponibles sont bien évidemment différentes et bien visibles sur le plateau de jeu. Une belle trouvaille, même si sans doute pas nouveau 😉
- Le thème: même si déjà cité, je ne pouvais pas passer outre. Dans les actions, on vendange pour obtenir du jus de raisin. Il faut ensuite faire le vin en mélangeant les différents jus récolter précédemment. Un petit aspect de programmation donc 😉
- La durée: Raisonnable. Le premier à 20 PVs provoque la fin du jeu. Et en 90 minutes, la partie est pliée. Cela nous laisse le temps de faire une deuxième partie ou de sortir un deuxième jeu sur la soirée ;o)
Bref, j’ai super bien apprécié Viticulture que je pourrai ressortir avec des joueurs un peu moins « geek » que nous 😉