Shakespeare
Age minimum: 13
Nombre de joueurs: de 1 à 4 joueurs
Nombre de joueurs conseillé: de 1 à 4 joueurs
Récompense(s): Vin d'jeu d'coups d'coeur
Extensions: |
SwatSh: 8 /10
Il y a bien longtemps que je n’ai plus joué à un jeu pur Ystari. Je pense que les 2 derniers étaient les excellents Spyrium et Prosperity. Et qu’est-ce que ça fait du bien de retrouver notre ami Ystari 🙂 !
Oublions le thème qui est plus présent sur la boite que dans le jeu et concentrons-nous sur les mécanismes.
Enchères et jetons d’action
Un peu comme dans Five Tribes, la première phase de Shakespeare est une phase d’enchère à l’envers qui va déterminer l’ordre du tour. A l’envers car c’est le joueur qui aura misé le moins de jetons d’action qui sera premier joueur. En contrepartie, il ne pourra jouer qu’avec le nombre de jeton d’action misé. Les joueurs disposent de 5 jetons d’action et vont donc en réaliser maximum 5 s’ils misent tous leurs jetons.
Mais ce n’est pas tout car Shakespeare propose une mécanique très originale qui empêche les joueurs d’exécuter 2 fois la même action. On va donc placer une jeton « croix » sur les cases d’action réalisées ce tour-ci afin d’empêcher le joueur de réaliser la même action 2 tours en suivant. Mais à l’exception d’une!!! Chaque joueur va pouvoir enlever 1 jeton « croix » pour lui permettre de réaliser cette action au tour d’après! Bonjour les choix cornéliens!
Tout ceci pour dire que votre nombre d’action est limité aux cartes que vous possédez. Chaque carte vous permet d’exécuter une action. A cause de cette restriction de ne pouvoir réaliser la même action durant 2 tours consécutifs, vous n’allez pas toujours avoir la possibilité de réaliser 5 actions et miserez donc moins de jetons d’action.
Cette phase d’enchère va donc être quelques fois automatique: « je ne peux réaliser que 4 actions ce tour-ci, je mise 4″…
Même si cette phase est extrêmement bien pensée, les choix sont rarement cornéliens car perdre une action coûte cher et on préférera souvent ne miser que ce que l’on sait jouer.
Les Actions possibles sont:
–Acquérir une carte action: Ces cartes ne coûtent rien à l’achat mais il faudra les payer à la fin du jeu. Il faudra donc prévoir suffisamment d’argent… Une bonne planification est le maître mot dans Shakespeare!
–Acquérir des ressources: soit des carrés, soit des ronds, soit de l’argent. Certaines cartes actions permettent d’en acquérir plus que d’autres mais coûtent plus cher. Ces cartes sont méga puissantes et un peu trop d’ailleurs car elles offrent un sacré avantage au(x) joueur(s) ayant pu en acquérir. C’est pour moi le seul gros défaut du jeu. Les cartes qui permettent de récolter pour une valeur de 8 carrés ou ronds sont souvent, trop souvent, acquises par les futurs vainqueurs. Si vous les ratez, vous aurez peu de chance de l’emporter…
Ces ressources sont méga importantes car elles donnent des PVs et certains bonus tels que de l’argent ou l’avancement sur une des 3 pistes « plume »
–Faire avancer ses plumes sur une des 3 pistes. Deux de ces pistes donnent des PVs en fin de partie à ceux qui sont le plus avancés et la troisième donne de l’argent.
–Acquérir une carte objectif apportant des PVs si on atteint ses conditions en fin de partie.
On va donc d’abord miser pour être tôt dans l’ordre du tour pour pouvoir choisir la meilleure carte action disponible à l’achat ainsi que les pions ressources qui nous intéressent. Puis on va réaliser les différentes actions de nos cartes afin d’acquérir des ressources pour gagner des PVs et augmenter son curseur sur les 3 pistes plume. La stratégie et les choix consisteront principalement à choisir les bonnes cartes actions à l’achat et de réaliser les meilleures actions parmi les choix d’action de nos cartes. Sous ses airs de Drum Roll, Shakespeare est un peu bipolaire: s’orienter vers les ressources carrées ou rondes mais une stratégie mixte est également viable, voire même souhaitable. Malgré l’aspect que certaines cartes action soient quasi obligatoires pour la victoire, Shakespeare, sous ses aspects très froids et éloignés de leur thème, offre des choix tactiques difficiles aux joueurs ainsi qu’une variabilité importante grâce à ses nombreuses cartes action. La planification est le maître mot du jeu car vous devrez tout prévoir: que faire quand, gagner suffisamment d’argent pour payer ses cartes plus tard, libérer telle case action pour le tour suivant,… Shakespeare nous a séduit comme Romeo a séduit Juliette 🙂
Dernière partie:
Shakespeare est clairement un jeu froid et bien équilibré. On retrouve la patte géniale d’Ystari qui nous avait manquée depuis … Prosperity ! On est surpris par les choix toujours cornéliens que nous devons faire : prendre une carte ou réaliser une action d’un artisan ? Et si on prend une carte personnage, laquelle ? Acquérir des décors ou des costumes ? Activer tel artisan ou faire répéter un acteur pour avoir plus de chance d’être premier joueur,… Tant de choix ! Tant de renoncements ! Tant de dilemmes difficiles ! Quel bonheur ! Le revers de la médaille est que le jeu peut être très long avec des joueurs qui ne savent pas se décider…
Pascal: 8,5/10
Règles claires et pas trop longues, matériel sans reproche, les impressions avant de jouer sont très bonnes ! Viennent ensuite les premiers tours de jeux et la découverte des mécanismes qui constituent le jeu.
Et on se rend compte très vite que, malgré la simplicité des règles, on est face à un jeu de réflexion bien plus profond que ne laisse paraître les règles. Les choix sont nombreux et, comme la partie est assez courte, on n’a pas trop le droit à l’erreur.
Parmi les mécanismes intéressants, vous devez choisir en début de manche le nombre d’actions que vous allez jouer. Choix difficile, parce qu’il décidera aussi de l’ordre du tour ! Si vous planifiez peu d’actions, vous avez plus de chance d’être premier joueur. Et être le premier joueur peut être vachement intéressant.
Autre élément intéressant, les cartes (artisans ou acteurs) ne doivent être payées qu’en toute fin de partie. Cela permet de ne pas trop se tracasser de l’argent pendant (ou au début de) la partie. Mais par contre, si vous ne savez pas payer une carte à la fin du jeu, vous perdrez 2 points de victoire. Et au vu de la difficulté de les obtenir, cette pénalité est très lourde.
Les cartes « figurant » ont aussi un rôle important dans le jeu (dans tous les cas, ne les négligez pas). Ils peuvent vous rapporter des points et des bonus intéressants, sans que vous ayez à les payer en fin de partie. Ils permettent aussi de prendre une carte dont le recto intéresserait un autre joueur mais pas vous. Le figurant (le verso de la carte) vous sera toujours utile. Attention toutefois : il ne propose pas d’action à réaliser … Choix cornéliens une fois de plus.
Shakespeare n’est pas un jeu révolutionnaire, mais propose un ensemble de mécanismes déjà vus, combinés de manière intelligente pour un résultat très plaisant. Les quelques parties que j’ai faites ont toutes été intéressantes et tendues. Jeu très agréable et on en redemande 🙂 !
Dan: 9/10
3 parties et toujours le même plaisir!
Certes Shakespeare n’est pas le plus grand jeu de stratégie qui soit mais il est facile à assimiler et vraiment plaisant à jouer. Le choix des actions n’est pas basique, le thème sympa et l’interaction assez importante. Bref, un vrai bon jeu grand public.
Tapimoket: 8/10
Vous n’avez pas testé Shakespeare ? Dites-moi la vérité, entre nous. Êtes-vous vraiment fou ou faites-vous seulement semblant de l’être ?
C’est perdre la vie que de l’acheter par trop de soucis !
Si vous aimez les jeux de combinaisons avec plein de paramètres et une petite dose de frustration et de fourberie, partez vite rejoindre une pièce de Shakespeare !
Sur un thème original, Shakespeare est un jeu de gestion pour joueurs aguerris à l’image du fameux « Maîtres couturiers »
Sa mécanique vous fera chauffer les neurones comme la plupart des jeux d’Ysatri (l’éditeur).
Avec de superbes illustrations et un thème sortant des sentiers battus, reste à voir s’il sera ou pas dans votre ludothèque…
Oui,y être ou ne pas y être, là est la question 😉
Ren: 8,5 /10
Voilà un excellent jeu pour faire un commentaire presque philosophique sur le fait d’aimer ou ne pas aimer un jeu 🙂 . Je ne vais pas revenir sur le jeu en lui-même, déjà décrit plus haut. Mais bien sur les avis ou commentaires qu’il a générés, ici ou ailleurs. Beaucoup de personnes aiment le jeu. Mais un certain nombre en ont été déçus. Et c’est là que le philosophe (n’ayons pas peur des mots, on n’a que le bien qu’on se fait!) intervient.
En effet, pourquoi aime-t-on un jeu? Pour son look, pour son thème, pour ses mécanismes, pour ses règles, pour son genre, pour sa durée, pour le nombre de personnes auquel il permet de jouer, pour le fun qu’il génère, pour le grillage de neurones qu’il génère, pour les discussions qu’il génère après la partie… Bref on aime un jeu pour un milliard de raisons différentes. Mais, à mon sens, il arrive qu’on attende trop d’un jeu, et du coup on est « faussement » déçu. On voudrait qu’il soit parfait sous tous les aspects, qu’on ait un milliard de raisons de l’aimer. Mais point n’est besoin de ça pour qu’un jeu soit appréciable!
Et bien voilà selon moi un exemple typique de ces « fausses déceptions » avec Shakespeare. Bien sûr le thème peut sembler plaqué à certains (mais c’est le cas pour une multitude d’autres bons jeux, passés, présents et à venir). Bien sûr le jeu est « froid » (mais c’est le cas d’environ 99,78% des jeux de nos amis Teutons dont nous sommes tous si friands). Bien sûr on n’a pas le temps de tout faire, et même moins que ça, il faut choisir et gérer la rareté ou le fait que l’artisan qu’on convoitait vient de nous passer sous le nez (à nouveau d’immenses succès dans le passé en ont fait leur marque de fabrique, e.g. Agricola). Mais le jeu tourne parfaitement. Il propose certains mécanismes originaux et retors (surtout la gestion de son nombre d’actions, vraiment excellente!), les règles sont simples mais le jeu offre une multitude de choix cornéliens, surtout qu’on marque peu de points en tout.
Au final ça donne un très bon jeu. Pas le plus grand jeu du siècle auquel s’attendaient peut-être certains. Mais un très bon jeu qui a sa place dans la ludothèque de tout honnête homme, et qui, si on le prend pour ce qu’il est et pas pour ce qu’il n’est pas, donnera beaucoup de plaisir!