Petrichor
Auteur(s): David Chircop, David Turczi
Illustrateur(s): Daniela Attard, Sami Laakso
Editeur(s): APE Games
Distributeur(s): Asmodee UK
Extensions: |
Ren: 8,5/10
Thème super original aujourd’hui avec Petrichor, puisqu’on va faire déplacer des nuages, les faire fusionner et les faire éclater pour faire pleuvoir sur nos champs et ainsi faire pousser nos cultures. On ne peut pas dire qu’on soit dans du vu revu et déjà vu!
Outre le thème ce qui frappe également dans Petrichor c’est évidemment le matériel. Tout, à commencer par la boîte avec sa superbe goutte, est dans un style zen épuré (beaucoup de blanc, et des dessins très « doux ») qui donne une impression magnifique. Le matériel ne rendra jamais un mauvais jeu bon, mais si le jeu est bon à la base le matériel peut amplifier le plaisir, et c’est clairement le cas ici!
On va jouer avec des nuages donc, mais comment? Au début de chaque tour les joueuses reçoivent 7 cartes, au hasard. Il y a 4 types de cartes différentes, représentant chacune une météo : soleil, vent, pluie, gel. Chaque type permet de réaliser une action (en jouant simplement la carte). 4 actions possibles donc : créer un nuage, déplacer un nuage sur une tuile adjacente, ajouter 2 gouttes à un nuage où on a déjà au moins une goutte et enfin faire pleuvoir une goutte depuis 2 nuages différents (une goutte à soi ou une goutte à une autre joueuse). A noter qu’on peut jouer une action pour laquelle on n’a pas la carte adéquate en jouant 2 autres cartes. On peut passer à tout moment, et dès qu’une joueuse passe toutes les autres joueuses jouent encore une fois puis le tour s’arrête. Système astucieux puisqu’on peut orienter la durée du tour et potentiellement empêcher les autres joueuses de jouer de bonnes cartes (si soi-même on n’en a pas tiré de bonnes).
Nuage, nuage, et jamais ne reviens
Les nuages sont évidemment le cœur du jeu. Ils sont placés et déplacés sur le plateau central, composé de tuiles représentant différentes cultures. Chaque culture aura besoin de plus ou moins d’eau pour se développer convenablement. Et chaque culture rapportera plus ou moins de points au moment des décomptes. Oui, en plus de choix d’actions le jeu est en même temps un jeu de majorité: au moment des décomptes on regardera qui a des gouttes sur la tuile où on réalise le décompte. L’astuce étant que les points varient fortement en fonction des cultures. Certaines seront du genre « winner takes it all », i.e. la joueuse majoritaire gagne beaucoup de points, la deuxième un peu et les autres nada. Mais d’autres cultures offriront une distribution plus égalitaire. Voire donneront carrément plus de points à celle qui est seulement 2ème sur la tuile !!! (c’est le cas des pommes de terre). Cette variété dans les points donnés par les cultures ouvre beaucoup de choix et de dilemmes.
Toujours concernant les nuages il faut noter deux règles tout à fait goûtues, qui sont en plein dans le thème en plus: quand un nuage est déplacé sur une tuile où il y a déjà un nuage, les deux nuages fusionnent et deviennent un nuage d’orage. Et quand un nuage, pour n’importe quelle raison (fusion ou ajout de gouttes par un joueur), atteint 8 gouttes, bardaf, c’est l’embardée, l’orage éclate, il pleut et toutes les gouttes se déversent sur la tuile en dessous. Génial au niveau thématique! Et délicieux au niveau ludique, puisque la gestion des nuages (remplissage, fusion, déplacement) génèrera son lot de brûlage de neurones, mais aussi de retournement de situation, puisqu’un déplacement bien pensé peut modifier complètement la situation!
Le soleil brillera sur tout le pourtour méditerranéen
Une fois que tout le monde a passé, on réalise la phase météo. Lors de la phase précédente, chaque fois qu’une joueuse a joué une carte, elle a pu choisir de placer un jeton météo sur une des météos sur le deuxième plateau central (soit la météo de la carte jouée, soit la météo suivante sur la ronde des météos, au centre du plateau). Lors de la phase météo on regarde simplement les deux météos qui ont le plus de jetons. Et on les réalise, pour tous les joueurs. Les effets sont divers (faire pleuvoir…) mais similaires à ceux des cartes. Enfin la (ou les) joueuse(s) qui aura le plus de jetons sur les météos jouées pourra avancer son pion sur la piste de score des météos, qui donnera des points à la fin de la partie (selon une échelle logarithmique classique: 1, 3, 6, 10…).
Bing, it’s harvest time!
Dernier point à mentionner, il y a 3 dés récoltes, qui sont lancés au début de la partie. Ces dés ont des faces récoltes et des faces grains (avec de 1 à 4 grains). Les grains sont « diminués » pendant les tours, jusqu’à la face récolte. Dès que les 3 dés sont sur la face récolte, on effectue les récoltes. Et si on ne fait pas de récolte, on relance tous les dés grains. En clair il y aura peu de récoltes au début, mais de plus en plus au fur et à mesure de la partie (qui se joue en 4 ou 6 tours selon que vous voulez une partie courte ou longue). Et dès que les 3 dés seront sur la face récolte, vous savez qu’il y aura un décompte (/récolte) à chaque tour.
Water, water, everywhere, and not a drop to drink
Tout ça donne un bon petit jeu bien comme il faut. Plutôt tactique (puisque le plateau va pas mal bouger à chaque tour), il serait néanmoins erroné de ne faire que de l’optimisation bête et méchante. Il faut garder une direction globale à moyen terme, en tout cas essayer. Le jeu offre des choix, sans que ce soit lourd. Le jeu est beau (ça c’est très subjectif). Et, surtout, le jeu est remarquablement thématique, avec des règles qui collent super bien au thème. Rien que pour çà j’ai augmenté ma côte d’un demi-point! Moi je dis, belle petite réussite ce Petrichor!
PS pour votre culture, le Petrichor est l’odeur qui se dégage du sol très sec après de fortes pluies (bon ok je ne le savais pas, j’avoue, mais comme ça maintenant vous le savez aussi 🙂 )
Nouvelles parties
L’opportunité de rejouer à Petrichor me donne l’occasion d’expliquer ce que j’entends par « un bon jeu de fonds de ludothèque ». Est-ce le jeu ultime? Non. Est-ce le jeu parfait dans sa catégorie, qui coche toutes les cases et n’a aucun défaut? Non. Mais est-ce le jeu qui vous donne beaucoup de plaisir ludique, même des années après sa sortie, quand vous le ressortez au détour d’un dimanche pluvieux (c’est de circonstance)? Sans aucun doute.
Et Petrichor est exactement cela. Un très bon jeu, avec une thématique ultra forte et très bien respectée dans tous les éléments du jeu, et qui donne plein de plaisir. C’est typiquement le genre de jeux qu’il faut garder, pour le ressortir au bon moment avec le bon public, gage de plaisir ludique durable.
SwatSh: 8/10
Les deux auteurs de Petrichor ne sont pas des inconnus puisqu’ils ont déjà réalisé séparément The Pursuit of Happiness ainsi que l’excellent Anachrony.
Pluvieuse
Et cette expérience se voit au premier coup d’œil dès qu’on en jette un au magnifique matériel très épuré. L’originalité du thème et sa retranscription saute également aux yeux 😉 Les joueurs vont contrôler des nuages de plus en plus chargés en gouttes d’eau pour les faire pleuvoir sur des terrains propices à différentes cultures faisant pousser des plantes diverses exigeant plus ou moins d’eau. Vraiment magnifique même si des gouttes de pluie aux couleurs des joueuses et des déplacements de nuages aux grés de ces dernières semblent étranges…
Cartes action
La mécanique centrale de Petrichor est un choix d’action par des cartes. A chaque manche, chaque joueuse reçoit 7 cartes actions piochées au hasard. Ces cartes représentent chacune une des 4 actions différentes possibles. Chacun joue à son tour et, à son tour, une joueuse joue une de ses cartes et réalise l’action correspondante. Un peu à l’image d’un excellent Brass ou d’un China, si on n’a pas de carte action représentant l’action qu’on désire réaliser, on peut en jouer 2 quelconques pour réaliser celle de notre choix.
L’astuce ici est qu’on s’arrête quand on veut. Dès qu’une joueuse passe, les autres ne peuvent plus que réaliser une seule action puis la manche se termine. Arrêter plus tôt peut prendre de court certaines joueuses qui planifiaient des actions sur plusieurs tours encore.
Les actions possibles sont :
- Créer un nuage, y déposer une de ses gouttes et le placer sur une tuile sans aucun nuage
- Ajouter 2 gouttes à un nuage qui en comprend au moins une à sa couleur
- Faire pleuvoir une goutte de n’importe quelle joueuse à partir de 2 nuages. La goutte se dépose alors sur la tuile située juste en dessous et joue alors dans un système plus classique de majorité. Chaque tuile nécessite un certain nombre de gouttes pour permettre à la plante de s’y développer (généralement entre 2 et 4). En dessous, aucun décompte n’aura lieu. Si le nombre de gouttes nécessaires est atteint, et à condition qu’une récolte ait lieu, on attribue des points en fonction des majorités : la joueuse majoritaire gagne x points, la seconde y,… Ce décompte peut néanmoins être déconcertant car certaines tuiles vont donner plus de points au second qu’au premier. D’autres tuiles feront gagner des jetons récolte qui rapporteront gros à la joueuse en possédant le plus. Ceci est d’ailleurs un des points faibles du jeu tant les PVs gagnés par cette majorité sont trop élevés déséquilibrant trop le jeu à ce niveau-là.
- Déplacer un nuage sur une tuile adjacente. Cela peut être une action très puissante puisque si un nuage se déplace sur une tuile où un autre nuage est présent, les 2 nuages fusionnent et on y place toutes les gouttes des 2 nuages. Et si un nuage comprend 8 gouttes ou plus, il drache et le nuage déverse toutes ses gouttes sur la tuile du dessous.
Vote, action et seconde majorité
Mais Petrichor ne s’arrête pas là et vos choix d’actions auront 2 autres incidences : les votes météo 😀 En fonction de l’action choisie, vous allez pouvoir placer un de vos jetons sur un des 2 types de météo liés à l’action choisie. Il y a 4 types de météo : gel, soleil, pluie et vent et chaque action est liée à 2 types. A la fin d’une manche, on réalisera les 2 types de météo contenant le plus de jetons joueuses. De plus, à ces 2 types, 2 actions sont liées et seront réalisées par tous. Enfin, si vous possédez le plus de jetons sur une des 2 actions météo choisies, vous gagnez des PVs.
Choix et répercussions
Vos choix d’action auront donc de nombreuses répercussions :
- Le nombre de cartes que vous défaussez (si vous n’avez pas de carte représentant l’action voulue, vous devez en défausser 2)
- L’action que vous allez réaliser et ses conséquences sur les majorités
- Où vous allez pouvoir placer vos jetons météo & les majorités que vous voudrez remporter
- Les 2 actions météo qui seront réalisées par tous
Petrichor sans tricher
Vous l’aurez compris, pas mal de choix dans Petrichor et une multitude de conséquences qui les influenceront. Il n’empêche que le jeu est beaucoup plus tactique que stratégique surtout que chaque action est très puissante et le plateau bouge beaucoup entre les tours. Vous allez donc plus devoir vous adapter au mieux aux choix adverses que suivre une stratégie plus long terme. Evidemment, dans ce type de jeu, l’interaction est fort présente ce qui plaira aux amatrices du genre. Certaines majorités apportent un peu trop de PVs et rendent le jeu légèrement déséquilibré. Le thème original est magnifiquement rendu et contribue à l’envie d’y revenir surtout par temps pluvieux 😉
Nouvelles parties
J’augmente ma note à 8 après ces dernières parties. Le jeu garde ses défauts (un simple jeu de majorité dont certains effets peuvent être brutaux) mais son thème des pluies est exceptionnel. Non seulement il est original et assez unique, mais en plus, il est très bien rendu avec ces nuages qui se chargent de plus en plus d’eau, qui voyagent au gré des vents, qui peuvent devenir orageux pour finalement se déverser et faire pousser de jolies fleurs, plantes et arbres. J’adore ce thème et Petrichor le rend bien si tant et si bien que je rejouerai toujours avec plaisir tant c’est chouette de manipuler ces nuages de pluie 🙂
Tapimoket: 8/10
Ma foi, j’ai longtemps hésité sur ce jeu… Il faut avouer que tout y est perturbant.
Commençons par son thème, que j’aime beaucoup. Il s’agit comme pour Arboria et Photosynthesys d’y faire pousser des plantes. Un thème « frais » et bien mis en valeur avec un design épuré et de belles illustrations. La goutte d’eau sur la boite et les petits nuages ont réussi à m’intriguer aussitôt pour y jouer…
Mécaniquement, c’est également perturbant, avec un jeu qui mélange à la fois un système de majorité, de déplacements où les retournements de situation sont bien présents. Il suffit parfois d’un simple déplacement de nuage pour changer la donne sur ce que vous aviez prévu. Ceci pourra gêner les joueurs qui aiment les stratégies à long terme. Comme Pétrichor s’adresse, quand même, plus à un public joueur que familial, cela risque de perturber les puristes des stratégies archi-maîtrisables. Mais, personnellement, j’aime aussi ce côté chaotique qui, au final, donne du peps au thème. Car on ne commande pas toujours la nature et il faudra s’adapter aux changements de situation.
La combinaison de vote pour les saisons et l’interaction sur le plateau est également d’une mécanique intéressante que j’aime également beaucoup. Je retrouvais un peu des sensations de l’excellent Lancaster.
Globalement, Pétrichor me plait bien et c’est avec plaisir que j’y ai goûté, ou goutté.