Unusual Suspects
SwatSh: 7,5 /10
Paolo Mori est un auteur touche-à-tout. Il a fait dans le lourd avec l’excellentissime Vasco Da Gama (un de nos coups de cœur 2010) et dans le moyen avec Libertalia et Dogs of War. Avec Augustus (qui lui a plutôt bien réussit), il réitère dans le familial avec Unusual Suspects.
Unusual Suspects est fortement inspiré du très chouette Casting à la différence près qu’il est collaboratif. Il possède aussi un chouia de Mysterium puisqu’un joueur est le témoin qui va tenter de faire découvrir le coupable (que lui seul connaît) aux autres joueurs.
On étale les cartes des 12 suspects sur la table. A noter que le jeu comprend un paquet de plus de 50 cartes suspects ce qui fera varier indéniablement vos parties et qui apportera pas mal de fun tant ces dessins sont drôles et les personnages typés. Ensuite, on tire une carte question et on la lit pour la poser au témoin. Les questions portent toujours sur un élément non physique (on n’est pas dans le Qui est-ce ? 😉 ). Par exemple (vous en verrez d’autres sur la photo de cette fiche) :
-A-t-il/elle un smartphone ?
-Fait-il/elle du yoga ?
-A-t-il/elle déjà fait de la prison ?
-Prend-il/elle les transports en commun
-…
A ces questions, le témoin ne peut répondre que par oui ou non. Les enquêteurs vont alors tenter d’écarter un maximum de suspects. Un peu comme dans Casting, on peut avoir le sentiment du « délit de sale gueule », puisque ce ne sera que juste sur base de leur tête et du peu de vêtements qu’on verra qu’on décidera si oui ou non il correspond à ce que le témoin veut nous faire trouver. Par exemple, à la question « A-t-il/elle un smartphone », si le témoin dit « oui », les enquêteurs vont éliminer tous les suspects qui n’ont pas l’air d’utiliser un smartphone. Pas facile ! Dès que la carte du coupable est écartée par les enquêteurs, tous les joueurs ont perdu. Ca arrive souvent. Il n’y a que si le coupable reste le seul en jeu à la fin que les enquêteurs gagnent. A chaque question, les enquêteurs doivent éliminer au moins un suspect, ce qui fait qu’après 11 questions maximum, il ne restera qu’un seul suspect en jeu qui sera alors le coupable.
Le piment supplémentaire est l’ajout d’une sorte de challenge interne. A chaque tour, on multiplie le nombre de suspects écartés durant ce tour par le numéro du tour ce qui correspond aux minutes dépensées pour trouver le suspect. Et il faut le trouver en un minimum de temps ! Donc, si on écarte 5 suspects lors du premier tour, ça nous aura pris 5 minutes. Si on écarte 5 suspects lors du 3ème tour, ça nous aura pris … combien ? … 15 minuuuuteeees ! Bravo, y’en a 5 qui suivent 😉 Bref, les joueurs ont intérêt à éliminer rapidement un maximum de suspects.
C’est bien, mais ça provoque fréquemment des erreurs et on a tendance à écarter trop vite un suspect sans suffisamment de discussions au préalable. C’est évidemment la partie la plus fun du jeu : décider ensemble si oui ou non on écarte tel ou tel autre suspect et pour quelles raisons. L’autre aspect sympa est la petite place faite à la mémoire. Quand il ne reste que peu de suspects encore en lice, et qu’on doit en éliminer un sur base d’une question qui ne les départage pas, c’est toujours mieux de se souvenir des autres questions ou l’un des suspects restants était plus en balance que les autres…
Unusual Suspects ne fait pas assez la place à la créativité. Les questions sont imposées et il est dommage que les joueurs ne puissent pas les inventer eux-mêmes. Ca rendrait peut être le jeu trop facile par contre… Unusual Suspects utilise des mécaniques déjà vues dans d’autres jeux (Unusual Suspects est assez Usual 😉 ) mais n’en est pas pour autant fun et sympa à jouer. Même si ça n’arrive pas souvent (il faut savoir mordre sur sa chique), les joueurs ne peuvent s’empêcher d’éclater de joie lorsqu’ils l’emportent. C’est souvent grâce à une bonne interprétation du témoin et surtout grâce à une bonne concertation, observation et négociation des enquêteurs.
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