Das Orakel von Delphi (+ vidéo)
SwatSh: 9/10
Das Orakel von Delphi est LA sortie de notre Stefan Feld adoré de cette année 2016. Il a choisi l’excellent éditeur Pegasus Spiele (Great Western Trail, Mombasa,…) pour le faire, et ce n’est pas la première fois puisqu’ils ont déjà collaboré ensemble avec le très bon Aquasphere, le léger Rialto, Strasbourg et le récent Jórvik.
Depuis déjà le sous-estimé Macao, Stefan est obsédé par les dés. A la plupart de ses nouvelles sorties depuis lors, il tente d’inventer de nouveaux mécanismes qui utilisent les dés, par définitions guidés par le hasard, à des fin de maîtrise et de minimisation du hasard, justement. Chacun de ses jeux est une pépite d’ingéniosité dans cet esprit.
Das Orakel Von Delphi se situe bien dans cette lignée et sublîme une nouvelle fois l’ingéniosité de son créateur.
Les dés action
A chaque tour, les joueurs vont demander à la Pythie ce que les dieux veulent leur transmettre. Pour cela, ils vont lancer leurs 3 dés qui leur indiqueront l’oracle des dieux pour ce tour-ci.
Alors que dans la plupart des jeux de dés, les dés indiquent la ou les actions possibles, dans Das Orakel Von Delphi, chaque dé peut être utilisé pour toutes les actions. MA-GNI-FI-QUE! Chaque face de dé, en effet, indique une couleur. Et chaque couleur indique où n’importe laquelle des 13 actions possibles peut être entreprise. Par exemple, avec un dé bleu, on peut:
– Déplacer son bateau vers une case bleue
– Charger sur son bateau une statue bleue ou une offrande bleue
– Décharger de son bateau une offrande dans un temple bleu ou une statue sur un socle bleu
– Découvrir un tombeau situé sur une case bleue
– Construire un tombeau sur une case bleue
– Attaquer un monstre bleu
– Prier le dieu bleu (Poseïdon)
– Se soigner des blessures bleues
Et la même chose pour les 5 autres couleurs. Pas mal non? En plus, chaque dé, de n’importe quelle couleur, permet de gagner une carte, qui indique un dé d’une couleur et peut être jouée comme un dé de cette couleur, ou de gagner 2 jetons faveur des dieux qui permettent de changer la couleur d’un dé. Grâce à ces jetons, vous allez décupler les possibilités qui s’offrent à vous en ayant la souplesse de pouvoir changer la couleur de vos dés. Du Feld pur jus je vous disais 🙂
Zeus et ses 12 travaux légendaires
J’allais oublier de vous parler du thème. Grave erreur car, pour une fois, le thème est assez bien présent dans un jeu de Feld. Zeus nous offre une place à côté de lui à condition de réussir ses 12 épreuves légendaires. Ces 12 épreuves correspondent à 12 objectifs. Les mêmes pour tous les joueurs. C’est celui qui les réussira en premier qui l’emportera. Ces 12 épreuves correspondent à 4 fois 3 types:
1) Tuer 3 monstres légendaires de certaines couleurs en l’honneur de Zeus
2) Livrer 3 offrandes de certaines couleurs aux temples en l’honneur de Zeus
3) Construire 3 statues en l’honneur de Zeus
4) Construire 3 tombeaux en l’honneur de Zeus
Chaque objectif, quand il est réussi, apporte un bénéfice. Et ce qui est super bien fait dans Das Orakel Von Delphi, c’est que ces bénéfices sont super équilibrés. Vous aurez intérêt à réussir certains objectifs avant vos adversaires mais cette course vous octroiera de petits bénéfices tandis que les objectifs les plus difficiles ou qui nécessitent moins d’empressement rapportent plus. Cet équilibre est merveilleux et on verra une joueuse s’orienter vers certains objectifs en premier et suivre un ordre bien précis tandis que d’autres suivront d’autres enchainements. Et chacune de ces stratégies est équilibrée par rapport aux autres et il est fréquent de finir dans un mouchoir de poche.
Ce qui est d’ailleurs assez comique dans le jeu, c’est que quasi tout dans le jeu est multiple de 3: 3 dés, 6 faces, 12 travaux légendaires, 6 dieux, 6 couleurs, 3 travaux de chaque type,…
Les combats et l’interaction
Tout Feld qui se respecte présente toujours des petits défauts, à croire qu’il les cherche 😉 Dans Orakel Von Delphi, il a décidé qu’une action, l’action combat, se déroulerait au dé. Au dé, oui, mais au dé tout simple! En cours de jeu on va pouvoir augmenter la valeur de son bouclier de 0 à 5 maximum. Chaque monstre a une valeur de vie de 9 diminuée par la valeur de son bouclier. On va jeter un dé 10 et si le résultat est supérieur ou égal aux points de vie du monstre, on l’emporte. Si on perd, on peut relancer le dé et faire perdre un point de vie au prix d’un jeton faveur des dieux. Dans la pratique, les joueurs vont avoir peur de ce hasard incongru dans le jeu et vont se prémunir contre tout risque de défaite en augmentant la valeur de leur bouclier au maximum et en prévoyant suffisamment de jetons faveur des dieux. Une autre manière est de prier le dieu Arès qui va tuer, à votre place, le monstre convoité.
L’interaction est également très faible dans le jeu et, si ce n’est dans la course à certains objectifs, est même inexistante. Chacun joue trop dans son coin et on se demande à quoi sert le plateau central où nos pirogues vont se croiser de nombreuses fois sans jamais interagir. Dommage.
Mise-à-part l’interaction manquante et le hasard des combats, Das Orakel Von Delphi est une nouvelle grande réussite du Maestro Feld. Il a réussi à trouver une nouvelle façon d’utiliser les dés tout en minimisant le hasard et en offrant des choix vastes. La réflexion sera de mise pour chaque joueuse qui va lancer ses dés en fin de tour et aura alors le tour de tous ses adversaires pour optimiser son prochain tour avec les dés que l’oracle lui aura fournis. Malgré l’incertitude du résultat de l’oracle des dieux (= jets des dés 😉 ), la joueuse devra planifier ses actions à l’avance et se construire une stratégie en vue de réaliser chaque objectif dans un certain ordre. Les actions des autres joueuses mais aussi la configuration de la carte modulable seront les éléments essentiels à tenir compte pour une bonne planification et optimisation. Et quand Poséidon, Artémis, Arès, Apollon, Aphrodite ou Hermes vous parlent et vous aident à travers la Pythie qui vous lit leur Oracle, autant vous dire que vous vous sentez fort comme Ulysse et voyagerez le long de l’Olympe pour rejoindre Zeus au plus vite, ou du moins, avant vos concurrents!
Philrey: 7,5/10
Un Stefan Feld, on ne peut pas passer à côté. On sort donc la boîte de Das Orakel von Delphi.
On retrouve évidemment la patte du maître et une de ses composantes privilégiées: les dés. SwatSh vous explique très bien la mécanique de base et la vidéo de dégustation complète le tout.
Pour ma part, Das Orakel von Delphi est innovant de par l’utilisation possible des dés: le symbole/couleur oriente vos choix. Par contre, cette mécanique augmente la rélexion. En effet, votre dé rouge ne vous permet de vous déplacer que sur une case rouge, ou de combattre un monstre rouge, ou de marchander du rouge. A moins de modifier le dé (tout à fait possible car Feld offre toujours des moyens pour réduire le hasard des dés), vos choix seront dictés par les dés. Hasard il y donc même si il est fortement atténué par les faveurs (« monnaie » pour changer (entre autre) la valeur d’un dé en suivant la « roue » des Dieux).
Mais que doit-on faire? Et bien, remplir 12 objectifs. Le premier qui y parvient gagnera la partie. C’est la course à l’objectif. Les joueurs chercheront donc à optimaliser leurs déplacement et l’ordre dans lequel remplir ses objectif pour perdre le moins de temps possible. Réflexion vous disais-je.
Bref, c’est du Feld, on ne peut pas le nier. Perso, je pense qu’il a déjà fait mieux, nettement mieux. Je lui préfère de loin les Châteaux de Bourgogne, Bruges ou encore Amerigo: l’interaction entre les joueurs y est supérieur, ils sont nettement plus joli (ici, le design est nettement plus abstrait) et plus accessibles. Si vous aimez vous tordre les méninges, foncez, Das Orakel von Delphi est fait pour vous. Dans le cas contraire, c’est plus difficile à déterminer.
Tapimoket: 8,5/10
Belle surprise ce jeu… Non, Non, ne fuyez pas ! Un Stephan Feld n’est pas forcement synonyme de jeu hyper complexe, même si on lui doit des jeux costauds tels que Trajan ou Aquasphère. Il lui arrive aussi de faire plus léger (Voir même très léger) comme Bruges ou La Isla. L’oracle de Delphes prendrait plutôt place dans la catégorie familial « plus », c’est à dire un jeu pour ceux qui aiment de la réflexion sans basculer dans une usine à gaz.
Mais expliquons un peu… L’oracle de Delphes est avant tout une sorte de course, où les joueurs vont devoir accomplir 12 objectifs, plus exactement 4 groupes de 3 objectifs. Ceux-ci consistent à ériger des statues, à tuer des créatures, à construire des temples et faire du commerce en livrant des marchandises. Ces 12 travaux se déroulent à l’ère de la mythologie et sont réclamés, aux hommes, par Zeus en personne ! Celui-ci récompensera amplement le premier qui y arrivera. Pour les accomplir, tu avances ou hercules entre les îles avec un bateau pour transporter, explorer et bâtir.
Dans l’oracle de Delphes, chaque joueur risque d’en voir de toutes les couleurs pour y arriver… 6 couleurs précisément, puisque toute la mécanique du jeu s’appuie sur un lancer de 3 dés aux faces colorées et d’actions liées à ces couleurs. Ainsi, vous pouvez voyager, explorer, bâtir, charger et décharger du moment que l’action choisie correspond à la couleur de l’un de vos dés. Par exemple, pour voyager vers une case entourée de rouge, il faudra un dé rouge, pour charger une statue verte, il faut un dé vert, pour construire un temple sur une tuile bleue, il faut utiliser un dé bleu. Une fois une quête accomplie, vous obtiendrez alors un bonus qui pourra vous permettre quelques combinaisons à enchaîner.
Qui dit « dé », dit aléatoire ? Pas vraiment ! En effet, vous pouvez aussi changer les couleurs de votre dé en dépensant des jetons « faveurs » et, donc, maîtriser un peu les aléas à condition d’en avoir en réserve. Enfin, vous allez conclure votre tour en faisant monter de petits jetons représentants les dieux de la mythologie, plus précisément ceux des autres joueurs. Après avoir atteints les cieux, ceux-ci vous donneront un super bonus, puis seront remis au départ pour monter de nouveau. Cette fois, ce sera plus aléatoire, sauf si vous avez prévu de les monter un peu chacun.
Enfin, après un tour de table, les titans viendront combattre tous les joueurs en infligeant quelques cartes de blessures et pourront vous gêner en bloquant votre tour, si vous négligez les soins. Les cartes blessures, tirées au hasard, seront également liées à des couleurs. Un cumul de 6 cartes ou 3 de la même couleur et votre tour saute, vous obligeant uniquement à vous soigner. Il sera donc nécessaire de bien doser le temps entre retirer des blessures, avant de perdre un tour, et réaliser vos actions.
Tout cela peut paraître compliqué mais l’oracle de Delphes est, en réalité, un jeu fluide et combinatoire entre l’ordre des actions, l’utilisation de bonus et l’intérêt de changer des couleurs de dés. Certes, l’aléatoire est présent, même si on peut le maîtriser un peu au niveau des dés. Malgré tout, j’ai vraiment aimé ce jeu pour son côté combinaison qu’on utilise quasiment à chaque tour, en réalisant ses actions dans un ordre bien calculé et en faisant changer certaines couleurs pour y arriver. De plus, le jeu est vraiment original avec son système de « course aux objectifs ». Il est vraiment agréable, coloré, dans le thème, avec un matériel sympathique et à la portée des joueurs à la fois occasionnels ou experts. Bref, jouez y et Thésée vous ! 😉