Kutna Hora La cité de l’argent

SwatSh: 7,5/10

Kutna Hora est le petit dernier de Czech Games Edition, un éditeur qu’on suit depuis le début chez Vin d’jeu et qu’on aime beaucoup. On l’aime car il développe toujours de très bons jeux. Jugez plutôt: Les Ruines Perdues de Narak, Through the Ages (Vin d’jeu d’coup d’coeur 2016), Codenames, Tzolkin (Vin d’jeu d’l’année 2013), Dungeon Petz (Vin d’jeu d’coup d’coeur 2012) ou Galaxy Trucker ne sont là que pour vous en convaincre. Et ce n’est pas que pour leur travail de développement qu’on aime Czech Games Edition, on aime cet éditeur aussi car il veille à protéger notre planète en fabriquant ses jeux en Europe (made in République tchèque svp) et avec un nouveau matériel réalisé à base de déchets de bois.

Kutna Hora est un jeu de placement de tuiles et de production de ressources dont les valeurs vont fluctuer en fonction de l’offre et la demande. Les joueuses vont développer la ville en construisant des bâtiments qui vont produire différentes ressources ce qui va attirer de la population. Plus la production sera forte, plus les prix chuteront, plus la population grandira et donc la demande sera forte, plus les prix augmenteront.

Ressources

Le truc le plus génial de Kutna Hora est qu’il y a 6 ressources différentes à produire dans le jeu: la bière, le bois, les planches, le charbon, les parchemins et le jambon. Mais en fait, on n’en gère qu’une: l’argent! Quand on doit payer dans une ressource, on ne paie pas cette ressource mais on paie sa valeur. Si, par exemple, le bois vaut 4 sous et qu’on doit payer 3 bois, on payera 12 sous! Et même chose en sens inverse, quand on produit des ressources, on ne produit pas ces ressources mais on reçoit l’équivalent en sous. Cette nouvelle mécanique est assez géniale et simplifie la gestion de ressources à son essence même. Un peu comme dans la vraie vie en quelques sortes 🙂

Cela va donner des mécaniques assez intéressantes où le jeu va vous encourager à vous spécialiser dans l’une ou l’autre ressource mais où vous aurez plutôt intérêt à vous diversifier car plus vous produirez une ressource, moins elle vaudra… Cela va amener à des situations intéressantes de blocage où une joueuse va volontairement éviter de construire des bâtiments d’une certaine ressource pour la rendre chère aux autres ou construire des bâtiments d’une autre ressource pour diminuer la valeur de celle-ci ce qui affectera plus ses adversaires gros producteurs.

Cartes action

La mécanique de base de Kutna Hora est une mécanique de cartes action. Tous les joueurs ont le même set de 6 cartes action. Le jeu se joue en 6 maches et, à chaque manche, les joueurs vont jouer 5 de leurs 6 cartes action, chacun une à son tour. Chaque carte action propose 2 actions différentes parmi lesquelles il vous faudra en choisir une. Chaque action est présente sur 2 cartes sauf deux qui ne sont présentes que sur une seule carte action: la construction de la cathédrale et l’action joker qui peut remplacer n’importe quelle autre action. On ne pourra donc réaliser qu’au maximum 3 actions les mêmes à chaque manche … ce qui n’arrive de toutes façons quasi jamais 😉 En effet, ce jeu de cartes action limite légèrement les choix sans les gêner particulièrement. On arrive bien souvent à faire ce qu’on veut faire à tel point que je me pose la question de l’utilité de cette mécanique…

Les actions

Vous allez essentiellement vous concentrer sur quelques actions dans Kutna Hora: la construction et le placement de bâtiments en payant le matériel nécessaire en sous, l’exploration de la mine et la production de ressources quand les sous viennent à manquer pour poursuivre ses actions. Le placement des bâtiments construits est important car un placement judicieux vous fera gagner des PVs bonus (en fonction des icones sur les bâtiments adjacents) qui peuvent s’avérer déterminants si vous y prêtez suffisamment d’attention. Il est à noter que l’action de construction de bâtiment doit être précédée par la réservation de l’emplacement, et la réservation du bâtiment, deux actions inintéressantes que j’ai trouvées superflues. A la place de construire des bâtiments, vous pourrez également explorer la mine de charbon qui se fait à l’aide d’une pioche aléatoire qui peut être bonne… ou moins bonne… La participation à la construction de cathédrale peut apporter des bonus très intéressants. Le tout est accompagné d’événements à chaque tour qu’on voit venir à l’avance pour s’y préparer et de 4 objectifs de fin de manche (les mêmes à chaque manche et à chaque partie) qu’on aurait préféré modulaires de partie en partie.

Kutna Hourra

Kutna Hora est un jeu agréable où il vous faudra maîtriser les fluctuations de marché pour en tirer le meilleur profit. Même si le jeu aurait pu être mieux épuré en évitant les actions inutiles comme la réservation d’emplacements ou la construction de bâtiment en 2 phases, moins hasardeux dans son exploration de la mine, plus varié et plus tendu au niveau du choix des cartes actions, Kutna Hora n’en reste pas moins très agréable grâce notamment à son interaction forte, son design élégant, l’importance de son timing, sa gestion innovante de 6 ressources en une et sa mécanique de fluctuation de marché originale.

Claire et la famille Meeple : 9/10

Voilà un jeu qui a su séduire la famille Meeple.

Premièrement, nous avons apprécié la qualité du matériel. Les couleurs noires et argentées donnent un charme certain aux plateaux. Le plateau joueur double-couche est bien pratique et l’iconographie est rapidement accessible. Les pions sont en Re-wood, une nouvelle matière composée de déchets de bois et d’un liant recyclé. De plus, ils sont fabriqués en Allemagne limitant ainsi la durée d’acheminement.

Deuxièmement, nous avons aimé être face à un jeu expert dans lequel les instructions sont simples et compréhensibles. On lit le livret des règles, lui-même très explicite puis on joue sans se faire de nœuds au cerveau. Il n’y a pas de petits points que l’on peut oublier. Pourtant nous sommes bien en présence d’un jeu exigeant car il faut faire des choix parfois compliqués. La boîte indique 30 minutes par joueur mais cela semble sous-estimé, en tout cas nous n’avons jamais réussi à descendre sous les 45 mn par participant. C’est quand même un titre qui demande de la réflexion !

Et enfin, nous avons adoré le système d’utilisation des ressources. La variation de leur coût est un élément qui pimente le jeu. Il faut réussir à comprendre et à influer sur l’offre et la demande afin de jouer sur le prix de vente et d’achat. Ce n’est vraiment pas simple à faire, d’autant plus que les actions des autres joueurs vont aussi modifier ces valeurs. Alors que ce jeu est compétitif, on trouve une action collaborative : la construction de la cathédrale Sainte Barbe. Lors des premières parties, on a eu tendance à négliger cette action. Pourtant elle apporte des bonus très intéressants. On la construit ensemble mais, en fonction de ses plans, on convoite certains avantages plus que d’autres. Il va donc falloir être malin pour ne pas se les faire voler par un adversaire. Par contre, cet aspect est moins intéressant dans les parties à deux car il est difficile d’avancer suffisamment pour avoir les bonus les plus puissants et la tension entre les adversaires est moindre.

L’évolution des conditions économiques des ressources au cours du jeu, en fait un titre qui m’a parfaitement convenue car je suis plus tacticienne que stratège. Kutna Hora demande de s’adapter à l’évolution de l’économie et d’être en mesure de revoir ses plans au besoin. A coups sûr, ce jeu sortira souvent de notre ludothèque car il est simple mais exigeant à la fois. Merci Iello de l’avoir localisé.